
Communiqué de l’Association belgo-palestinienne (ABP)
Les Palestiniens de Gaza otages de l’obsession anti-migrants
Les Palestiniens ne bénéficieront visiblement pas du retour du cœur annoncé dans la gestion de la problématique des réfugiés. C’est ainsi qu’on apprenait, le mardi 18 décembre, que la Ministre Maggie De Block (Open VLD), nouvellement en charge de l’asile et de l’immigration, entendait réévaluer le dossier des ressortissants de la bande de Gaza.
Concrètement, ceux qui disposent déjà du statut de réfugié pourraient le perdre, et être contraints de quitter le pays.
Alors que les candidatures à l’asile des Gazaouis étaient généralement acceptées, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a décidé, le 5 décembre, de les examiner au cas par cas. Le 22 novembre, le prédécesseur de Mme De Block, Théo Francken (N-VA), avait motivé la limitation du nombre de demande à 60 par jour en mettant l’accent sur la hausse « anormale » du nombre de Palestiniens.
Il est pour le moins douteux de penser que, concomitamment à l’augmentation des arrivées, l’on assiste une amélioration de la situation sur place, comme le prétend le CGRA. De fait, l’enclave palestinienne fait face à une crise humanitaire majeure en raison du blocus imposé par Israël depuis 11 ans. Plusieurs rapports de l’ONU prédisent que le territoire serait inhabitable en 2020 si la situation actuelle perdurait. Les mobilisations essentiellement pacifiques contre le statu quo sont impitoyablement réprimées par l’occupant, comme l’ont notoirement illustré les massacres commis le 13 mai dernier lors de la « Marche du retour ». Les libertés et droits fondamentaux sont également menacés par la pratique autoritaire du pouvoir gazaoui.
Dans ces conditions, il apparait clairement que le durcissement annoncé se fonde avant tout sur la volonté politique de réduire le nombre de migrants, au mépris des besoins de protection de ces derniers. Poursuivant la ligne intransigeante de son prédécesseur, Maggie De Block se sert de l’asile comme d’un levier pour « assécher les flux migratoires ». Une approche qui conduit immanquablement à négliger les obligations internationales de la Belgique, avec des conséquences humaines désastreuses pour les premiers concernés.
Plutôt que de décourager les arrivées, le gouvernement belge serait bien inspiré d’agir réellement sur les causes de ces départs, à savoir le blocus imposé par Israël. Ce dernier jouit pourtant d’une impunité inégalée au regard de son mépris manifeste pour le droit, tout en restant un partenaire de premier plan de la Belgique et de l’Union européenne.
La protection des personnes originaires des zones de conflit ne saurait être mise à mal par de froids calculs électoralistes et des intérêts économiques et géostratégiques à courte vue. L’ABP appelle dès lors les autorités belges:
- À répondre à l’urgence humanitaire actuelle en rétablissant l’acceptation systématique des demandes d’asile en provenance de Gaza, tout en préservant le statut de réfugié de ceux qui en disposent déjà.
- À agir concrètement sur les causes de cet exil forcé, en luttant contre l’étouffement organisé de ce territoire par l’État d’Israël, ce qui nécessite d’exercer une pression maximale sur ce dernier, tant sur le plan commercial que diplomatique.
- À envisager, dans la perspective d’une levée du blocus, une stratégie de développement réellement au service des Gazaouis.