Conférence à Bruxelles sur l”antisémitisme” – Onze organisations juives dénoncent !

Onze organisations juives européennes ont publié un communiqué dans lequel elles expriment leur inquiétude vis-à-vis de l’organisation d’une conférence à Bruxelles, soutenue par le gouvernement israélien, qui vise à qualifier d’antisémites les critiques légitimes et les protestations contre les politiques israéliennes, y compris les actions menées par le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).

Communiqué

En tant qu’organisations juives européennes engagées dans la lutte contre l’antisémitisme, la xénophobie, l’islamophobie et toutes les autres formes de racisme, nous souhaitons exprimer notre profonde inquiétude face à la tenue d’une conférence à Bruxelles (les 6 et 7 novembre 2018) appuyée par le gouvernement israélien, qui cherche à rendre qualifiable « d’antisémites » les critiques légitimes à l’encontre des politiques israéliennes ainsi que l’opposition à ce régime. Nous appelons les institutions européennes, notamment la Commission européenne et l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (FRA) ainsi que les membres du Parlement européen à rejeter la démarche du gouvernement israélien qui, sous prétexte d’antisémitisme, cherche à faire cesser et à criminaliser les actions d’organisations de la société civile, y compris celles de diverses communautés juives en Europe. Cet appel s’inscrit dans notre volonté d’établir la paix et la justice en Israël /Palestine.

Cette conférence, coorganisée par la European Jewish Association et deux ministères israéliens, visera à persuader les partis politiques européens d’adopter les « lignes rouges », qui considèrent comme « fondamentalement antisémites » les appels légitimes aux pressions sur Israël et ce compris les actions menées par le mouvement BDS.

Nous rejetons leur démarche. L’antisémitisme constitue une menace modérée mais bel et bien existante et croissante pour les populations juives d’Europe – et du monde entier, comme le démontre tragiquement le drame qui a frappé Pittsburgh cette semaine. La volonté de mettre sur un pied d’égalité la réelle menace que représente l’antisémitisme et les critiques justifiées à l’encontre des politiques du gouvernement israélien représente un sérieux danger. Elle risque de dévoyer les efforts fournis dans la lutte contre l’antisémitisme en Europe pour les transformer en moyen de déroger aux principes démocratiques de liberté d’expression et de réunion, en plus de servir le gouvernement israélien dans son projet de faire taire la résistance civile non-violente contre l’occupation.  Ces volontés israéliennes ne représentent pas les communautés juives en Europe.  Le blocus de Gaza, la ségrégation raciale en Cisjordanie, les attaques meurtrières contre des civils et les confiscations de terres au profit des colonies juives – toutes ces politiques israéliennes ne peuvent être menées en notre nom. Nous rejetons les tentatives qui cherchent à associer l’opposition à ces agissements et l’antisémitisme.

Alors qu’Israël consolide ses relations avec des leaders, cercles et partis politiques européens et américains à tendances raciste, sexiste et xénophobe (certains étant historiquement ancrés dans l’antisémitisme), l’émergence du racisme anti-juif constitue un réel danger en Europe. Le but de la conférence organisée par le gouvernement israélien à Bruxelles n’est pas d’éliminer cette menace pourtant latente. Son but est davantage de se servir de l’antisémitisme pour entretenir l’occupation, l’oppression et la peur en Israël/Palestine. Nous nous opposons à leur dessein.

En tant qu’organisations engagées pour la justice sociale et l’égalité, nous avons, à plusieurs occasions, expliqué le problème que posent les accusations fallacieuses d’antisémitisme pour faire taire l’opposition aux agissements d’Israël. Plus de 40 organisations juives ont récemment publié une lettre ouverte dans laquelle elles font part de leur « inquiétude croissante face à la criminalisation des organisations qui soutiennent la cause palestinienne en générale et notamment le mouvement non-violent de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). » Et de continuer : « Cette criminalisation prend souvent la forme de fausses accusations d’antisémitisme qui assimilent le racisme anti-juif à l’opposition aux politiques d’occupation et d’apartheid menées par le gouvernement israélien. »

Le droit de défendre les droits de l’Homme, y compris ceux des Palestiniens, doit être protégé aujourd’hui plus que jamais. Les partis politiques européens ont la responsabilité de mettre fin à la complicité de leurs Etats respectifs dans les violations au droit international commises par Israël. Il est temps d’agir contre l’antisémitisme, la xénophobie, l’islamophobie et toutes les autres formes de racisme. Il est également temps d’agir contre les politiques d’occupation et de ségrégation raciale pratiquées par Israël. Ne vous alliez pas au gouvernement israélien pour nous empêcher d’agir en faveur de ces deux causes.

 

Signé par :

Een Andere Joodse Stem / Another Jewish Voice (Belgique)

Free Speech on Israel (Royaume-Uni)

UJFP – Union juive française pour la paix (France)

JFJFP – Jews for Justice for Palestinians (Royaume-Uni)

ECO-Rete – Ebrei Contro l’Occupazione (Italie)

Een Ander Joods Geluid/A Different Jewish Voice (Pays-Bas)

Judar för Israelisk Palestinsk Fred / Jews for Israeli-Palestinian Peace (Suède)

Jüdische Stimme für ein gerechten Frieden in Nahost / Jewish Voice for a Just Peace in the Near East (Allemagne)

Jøder for en retfærdig fred (Danemark)

Jewish Voice for Democracy and Justice in Israel/Palestine (Suisse)

EJJP – European Jews for a Just Peace (Réseau européen)

Jewish Voice for Labour (Royaume-Uni)

Jewish Socialist Group (Royaume-Uni)

UPJB (Belgique)

 

 

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