Suspension de la contribution belge à l’UNRWA : une mesure injuste, inefficace et indigne

Le 31 juillet, le Ministre belge de la Coopération Alexander De Croo annonçait la suspension de la contribution belge à l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, suite à des révélations sur des pratiques non éthiques de certains de ses dirigeants. En jeu : une contribution additionnelle de 5,35 millions d’euros aux 6.25 millions déjà versés à titre de contribution annuelle fixe.

S’il est parfaitement concevable que la coopération belge cherche à s’assurer de la bonne utilisation de ses fonds, nous condamnons fermement la méthode employée. Pour mémoire, l’institution en charge de fournir des services de base essentiels à 5 millions de réfugiés présents à Gaza, en Cisjordanie et dans les pays limitrophes, est confrontée à une crise sans précédent depuis un an. Le 31 août 2018, le Président Donald Trump annonçait en effet la fin de la participation des États-Unis à l’institution, avec pour objectif de remettre en cause le « droit au retour » des descendants des Palestiniens chassés de leurs terres lors de la création d’Israël. Ainsi amputée d’un tiers de son budget, l’UNRWA s’est trouvée gravement affectée dans ses missions d’assurer l’aide alimentaire d’urgence, les soins de santé primaires et l’éducation pour plus de 500 000 enfants dans 709 écoles.

Alors que tout retard ou réduction imprévus exposent l’organisation à de graves risques humanitaires, la décision de la coopération belge nous paraît incompréhensible. Elle l’est d’autant plus que la Belgique est isolée dans sa démarche : à l’exception des Pays-Bas et de la Suisse, la majorité des donateurs n’ont pas choisi la voie de la suspension de leur contribution, certains pays, comme la France, ayant même explicitement exclu de recourir à pareille mesure. Le calendrier choisi semble lui aussi particulièrement malvenu : la rentrée des classes se profile, et l’UNRWA organisait le 2 août une conférence des donateurs à Jérusalem destinée à pallier son manque criant de liquidités. Au surplus, le rapport interne sur lequel repose l’enquête en cours diligentée par l’ONU, en dépit de la gravité des faits reprochés, ne comporte pas d’accusation de détournements de fonds.

Le gouvernement belge avait montré l’exemple l’an dernier en débloquant l’ensemble de son financement trisannuel de 19 millions d’euros à l’annonce de la suspension des fonds des Etats-Unis. L’ABP lui demande aujourd’hui de poursuivre ses efforts, ce qui implique d’exclure tout retard ou restrictiondans les versements à l’UNRWA, et donc de libérer immédiatement les 5,35 millions d’euros gelés. Plus largement, il importe, comme le recommande la plateforme Moyen-Orient :

  • de combler, au niveau belge et européen, le manque à gagner généré par le retrait des États-Unis et d’exercer tous les moyens de pression susceptibles de les faire revenir sur leur décision ;
  • de travailler à l’émergence de mécanismes durables de financement de l’organisation à l’échelon international ;
  • de faire pression sur Israël et l’Égypte pour que soit mis fin au blocus criminel et illégal de la Bande de Gaza, dont 70% des 2.2 millions d’habitants dépendent de l’UNRWA.

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