Avec l’habileté tactique, les basses manœuvres et la démagogie qu’on lui connaît, Benyamin Netanyahou est parvenu à s’assurer un cinquième mandat à la tête de l’État d’Israël. Celui qui est en passe de battre le record de longévité pour un Premier ministre récolte ainsi les fruits de la haine qu’il aura semée durant toute sa carrière.
De fait, la force de Netanyahou repose en grande partie sur sa capacité à faire le vide autour de lui en entretenant l’idée selon laquelle il n’est de salut pour son pays que dans la négation des droits des Palestiniens. Sa posture intransigeante fait désormais consensus, y compris parmi ses opposants. Ainsi, son principal concurrent, l’ancien chef d’État-major Benny Gantz (qui dirigea notamment l’offensive meurtrière de Gaza en 2014) s’est bien gardé d’évoquer la création d’un État palestinien. Les partis de gauche sionistes encore un tant soit peu attachés aux paramètres internationaux de règlement du conflit sortent, quant à eux, laminés du scrutin, surpassés par les alliés d’extrême droite de Netanyahou.
Le menu concocté par son futur gouvernement semble tout aussi peu réjouissant que les précédents : poursuite des atteintes aux droits et libertés fondamentales, consolidation du caractère juif de l’Etat au détriment des minorités, maintien du blocus de Gaza et renforcement de l’entreprise coloniale. Les signaux envoyés dans la dernière ligne droite de la campagne augurent toutefois un saut qualitatif sans précédent dans l’annihilation de toute perspective d’un Etat Palestinien : l’annexion « légale » de la Cisjordanie. Galvanisé par la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan par le président étatsunien Donald Trump, Netanyahou a en effet annoncévouloir étendre la souveraineté israélienne sur l’ensemble des colonies. Un programme en conformité avec le projet de son propre parti, le Likoud, d’annexer la Zone C, qui compose 60% du territoire et isole les principales villes et localités palestiniennes en de dizaines d’enclaves. Le dauphin pressenti de Netanyahou, Israël Katz, a prévenu : « en cas d’annexion, pas un seul Palestinien ne recevrait la citoyenneté israélienne ».
Une telle mesure marquera le passage d’un régime discriminatoire systémique de fait à une situation d’apartheid de jure. Elle doit être mise en perspective avec la présentation prochaine du « deal du siècle » de l’administration étatsunienne, censée régler la question palestinienne en « rompant avec les vieux critères qui n’ont pas fonctionné », selon les mots du secrétaire d’État des Etats-Unis, Mike Pompeo, à savoir le respect du droit international.
Ce funeste projet ne fonctionnera qu’avec la passivité de la communauté internationale. Dès lors, l’Association belgo-palestinienne appelle la Belgique et l’Union européenne à rompre, elles aussi, avec « les vieux critères qui n’ont pas fonctionné ». Plus que jamais, il importe de troquer les condamnations verbales sans lendemain des provocations du gouvernement israélien pour une véritable stratégie de sanctions visant à lui faire payer le juste prix de sa politique d’asphyxie et de négations des droits du peuple palestinien.