Nord de la bande de Gaza : la nouvelle phase du génocide a commencé

Alors que l’attention internationale est focalisée sur le Liban et les risques de guerre régionale, le gouvernement israélien commence à instaurer un blocus complet du nord de la bande de Gaza en vue d’exterminer sa population par tous les moyens dont la famine. L’ABP s’insurge contre la passivité de la Belgique et de l’Union européenne (UE) face au franchissement de ce nouveau palier dans l’horreur infligée au peuple palestinien.

Le 6 octobre, l’armée israélienne a une fois de plus ordonné aux 400 000 habitants du nord de la bande de Gaza de fuir vers le sud et exigé l’évacuation des trois hôpitaux de la zone sous 24h, sans donner de motifs. Jabalia, Beit Lahiya et Beit Hanoun sont soumis à un blocus qui les isole du reste de Gaza City, tandis que les infrastructures médicales sont assiégées avec leur personnel et des centaines de patients. « Les forces d’occupation empêchent l’arrivée d’essence, d’ambulances, de véhicules de la défense civile. Des dizaines de corps gisent dans les rues, et nous ne pouvons même pas les transporter vers un hôpital. On tire à vue sur ceux qui tentent de rejoindre ces zones», témoigne le Dr Muneer AL-Bursh, directeur général du ministère palestinien de la Santé à Gaza. Pour parachever son objectif de nettoyage du nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne a bombardé la seule boulangerie qui fournissait encore du pain en détruisant toute la farine.

Cette nouvelle phase de l’agression israélienne laisse sérieusement craindre que les autorités israéliennes mettent en œuvre la stratégie connue sous le nom de « plan des généraux ». Celle-ci consiste à sommer les civils de quitter le nord du territoire et à traiter ceux qui resteraient comme des ennemis, voués à être exterminés au terme d’un siège total. Ce plan, accueilli favorablement tant par Benjamin Netanyahou que par l’opposition « modérée », a été publié le 4 septembre par des officiers à la retraite sous l’égide de l’ancien major général Giora Eiland. Ce dernier a appelé par le passé à mener la guerre en ayant recours à la famine et aux épidémies, ce qui constitue un crime contre l’humanité. « Israël n’a pas d’autre choix que de faire de Gaza un lieu où il sera temporairement ou définitivement impossible de vivre », avait-il notamment déclaré dans la presse israélienne.

Alors que 90% des Gazaouïs ont été déplacés et que les prétendues « zones humanitaires » ne sont pas épargnées par les bombardements, il est prévisible que de nombreux Palestiniens ne se plieront pas à l’injonction israélienne, pour peu qu’ils en aient la capacité. Le gouvernement israélien, qui en est parfaitement conscient, applique donc en pleine connaissance de cause un plan consistant à exterminer par une part substantielle de la population civile.

« La gravité des massacres d’Israël au Liban ne doit pas nous conduire à détourner le regard des Palestiniens de Gaza, qui font face à la menace directe de la mise en œuvre de ce qui constitue une opération génocidaire dans sa forme la plus explicite », déclare Pierre Galand, président de l’Association belgo-palestinienne (ABP). « Dans ce contexte, entretenir des relations économiques, militaires ou stratégiques avec Israël fait de nous ses complices ».

Au titre de ses obligations au regard du droit international, notamment de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, la Belgique et l’ensemble de la communauté internationale ont la responsabilité d’assurer la protection et la sauvegarde du peuple palestinien. Notre ministre des Affaires étrangères en exercice doit rappeler notre ambassadeur à Tel-Aviv, convoquer l’ambassadeure d’Israël pour condamner les massacres en cours et la volonté d’appliquer le “plan des généraux”. La Belgique, de concert avec l’Union européenne, doit oeuvrer à la mise en place de sanctions contre Israël et ses dirigeants, dont l’instauration d’un embargo militaire intégral et la suspension de l’accord d’Association UE-Israël.

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