Communiqué de l’Association belgo-palestinienne, du Mouvement des Jeunes socialistes, des jeunes FGTB, du Front antifasciste Liège 2.0* et de Namur Antifasciste*
« Ses textes se veulent originaux et percutants pour ne laisser aucun auditeur indifférent. Et ses combats valent la peine d’être écoutés et… soutenus ! ». C’est ce qu’on pouvait lire sur la page consacrée au rappeur franco-algérien Médine sur le site web des Solidarités, qui se tiendront à Namur du 25 au 27 août 2023. Cela, c’était avant que les organisateurs ne décident de retirer l’artiste de la programmation, à la suite d’une controverse montée de toutes pièces par des groupes et individus aux valeurs fort éloignées de celles véhiculées par le festival…
Depuis 20 ans, cet infatigable artisan de la convergence des luttes s’est engagé sur des terrains aussi divers que la défense des droits salariaux et syndicaux, des LGBTQIA+ – il a notamment soutenu le mariage pour tous – de la cause palestinienne ou encore la dénonciation des violences policières et de l’islamophobie. Doté d’un style provocateur et parfois clivant, celui qui se définit comme un « démineur » s’attache également à combattre la radicalisation, prenant fermement position contre le communautarisme et l’antisémitisme, qu’il qualifie tous deux de « cancers » dans ses textes. Ce profil dérange évidemment ceux qui ne supportent ni l’existence d’un mouvement social contre les inégalités, ni que les quartiers populaires fassent entendre leur voix. Médine est ainsi souvent pris pour cible par la droite et de l’extrême droite française, qui y voient la parfaite personnification du concept fumeux d’ « islamo-gauchisme ».
Durant le mois d’août 2023, ces polémiques ont pris une ampleur sans précédent en raison de la participation annoncée de Médine aux universités d’été d’Europe Écologie les Verts (EELV) et de La France Insoumise (LFI). Les appels à annuler sa présence se sont intensifiés suite à un échange sur X (ex-Twitter) entre Médine et l’essayiste Rachel Khan, le premier répliquant aux injures de la seconde par un jeu de mot la qualifiant de « rescapée », en référence à son passage éphémère sur la scène Hip Hop et sa proximité avec Marine Le Pen. Ayant pris conscience de la charge émotionnelle particulière du terme à l’égard d’une descendante de déportés, dont il ignorait jusqu’alors l’histoire familiale, Médine s’est excusé. Revendiquant de longue date un « droit à l’erreur », il a dans la foulée apporté plusieurs éclaircissements sur son passé tumultueux, exprimant notamment des regrets pour son compagnonnage avec l’entourage de l’humoriste antisémite Dieudonné, qu’il décrit comme une « impasse idéologique ».
Alors que les partis de gauche français ont maintenu la présence du rappeur à leurs universités d’été, cet acharnement médiatique et politique aura donc porté ses fruits en Belgique. Moins de 24h après que des cadres du MR et des Engagés ont exigé la déprogrammation de Médine, le festival s’est exécuté « avec une certaine consternation, mais dans un souci d’apaisement », prenant toutefois note des excuses de l’artiste et de son engagement tant social que politique. Épinglons, parmi ceux qui ont alimenté la polémique, le mouvement d’extrême droite Chez Nous ainsi que l’ancien directeur du centre d’étude du Front National belge Georges-Pierre Tonnelier, aujourd’hui membre du MR, condamné en première instance en 2008 pour… racisme et antisémitisme!
Nous sommes pleinement conscients des fortes pressions qui ont pesé ces derniers jours sur les organisateurs des Solidarités. Pour autant, nos associations déplorent le choix de faire taire un artiste engagé sur la seule base d’une campagne de dénigrement des plus rances. Ajoutons que cette décision contribue à propager en Belgique le climat délétère qui sévit en France contre les progressistes, les quartiers défavorisés et les communautés issues de l’immigration.
Nous maintenons notre participation au village associatif du festival et y exprimerons notre soutien à Médine.
Contact presse : 0032 479 23 29 22
* Non présents sur le site du Festival