Expulsion de masse à Masafer Yatta : l’UE et la Belgique doivent stopper le nettoyage ethnique !

Communiqué de presse du 6/5/2022 de l’ABP

Par une décision unanime, la Cour suprême israélienne vient de valider l’expulsion de 1200 Palestiniens répartis dans 8 villages de la région de Masafer Yatta, zone de 3000 hectares située au sud de Hébron-Al-Khalil en Cisjordanie occupée. Depuis 20 ans, ses habitants se battent pour le droit de préserver leur mode de vie rural séculaire et de demeurer sur leurs terres, Israël les décrétant terrain d’entraînement militaire (la « zone de tir 918 »), à l’instar de 18 % de la Cisjordanie. Tous les recours juridiques internes étant épuisés, plus rien ne s’oppose désormais à leur évacuation qui, si elle se confirmait, constituerait la plus grande expulsion de masse depuis le début de l’occupation de 1967. 608 habitants ont déjà été expulsés de la zone depuis 2011.

Les considérations militaires avancées par le gouvernement israélien et validées par la Cour suprême ne trompent personne : ces expulsions répondent avant tout à l’objectif poursuivi depuis toujours par le pouvoir colonial, à savoir accaparer un maximum de terres avec le moins de Palestiniens possible. Une recommandation de 1981 d’Ariel Sharon, futur Premier ministre israélien, alors président du comité ministériel des colonies, trahit l’objectif de nettoyage ethnique. Celle-ci enjoignait en effet à l’armée d’étendre la zone de tir à Masafer Yatta afin d’entraver « l’expansion des villageois arabes des collines et de garder cette zone entre nos mains ». Tout comme la colonisation de peuplement, le déplacement de population au sein d’un territoire occupé est interdit par les conventions de Genève. Mis en œuvre pour maintenir la suprématie d’un groupe sur un autre, il est également constitutif du crime d’apartheid, qualifié de crime contre l’humanité par le statut de Rome instituant la Cour pénale internationale.

La décision de la Cour suprême constitue un précédent majeur, qui fera jurisprudence pour d’autres expulsions à venir. Elle intervient symboliquement à la veille des 74 ans de la Nakba, qui commémore l’expulsion des 750 000 Palestiniens chassés de leurs terres lors de la création de l’État d’Israël, et montre à quel point les processus de dépossession des Palestiniens, passés et présents, sont identiques et répondent à la même logique. Significativement, la Haute cour précise dans son verdict que le droit international ne peut contredire le droit israélien – en contradiction avec une hiérarchie des normes mondialement admise – offrant ainsi une nouvelle manifestation du mépris d’Israël pour le droit international, qui l’ancre résolument dans la catégorie des États voyous.

Seule l’impunité garantie à Israël par l’inaction de la communauté internationale occidentale lui permet d’infliger de tels affronts aux normes les plus élémentaires du droit international humanitaire. « La Belgique doit dès lors sortir de l’inaction, condamner dans les termes les plus fermes cette décision inacceptable et se coordonner avec d’autres États pour sanctionner Israël, si elle était mise en œuvre », déclare Pierre Galand, président de l’ABP « Il convient en outre de traduire dans des actes notre condamnation pour l’heure essentiellement verbale de l’occupation, et donc interdire tout commerce avec les colonies situées en territoire occupé palestinien, ce qui contribue jusque-là à encourager le pouvoir israélien à persévérer dans son mépris du droit international et son déni du droit des Palestiniens.»

Crédit photo : Twitter de Basel Adra.


Avec d’autres associations l’ABP organisera un événement public pour commémorer la Nakba, le processus d’expulsion des Palestiniens qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, le dimanche 15 mai à partir de 15h devant la place de la Bourse. Au programme : concerts, prises de paroles, animations…

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