
Le gouvernement fédéral belge se penchait ce mercredi 19 mai sur le dossier israélo-palestinien. L’Association belgo-palestinienne déplore une occasion manquée de contribuer à ce qu’Israël rende enfin des comptes, dans un contexte pourtant particulièrement critique pour les Palestiniens.
Alors que les citoyens à travers le monde manifestent massivement leur solidarité avec les Palestiniens, témoignant de la persistance de leur soutien à une cause que beaucoup pensaient enterrée, Il en va tout autrement de leurs dirigeants. Entre postures équidistantes confortant la loi du plus fort et appui inconditionnel à Israël, c’est globalement un blanc-seing qui est octroyé à ce dernier pour régler par le sang la crise actuelle, au mépris des conventions humanitaires.
En Belgique, la pression de la société civile (ce dont attestent les nombreux rassemblements de soutien aux Palestiniens dans le pays) et l’état des rapports de forces gouvernementaux laissaient espérer une position plus ferme. En effet, certains partis de la majorité fédérale ne craignent plus d’affirmer qu’Israël pratique le crime d’apartheid, à la suite des ONG israélienne B’tselem, américaine Human Rights Watch, de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et, chez nous, du CNCD-11.11.11. Face aux provocations israéliennes à Jérusalem-Est, puis aux bombardements indiscriminés de zones civiles à Gaza, plusieurs présidents de partis se sont également prononcés pour des sanctions contre Israël.
Le comité ministériel restreint de ce mercredi, consacré aux dispositions de l’accord de gouvernement sur ce dossier, n’a malheureusement pas été à la hauteur des enjeux. S’il affirme vouloir travailler avec un groupe d’États à la mise en place de « contre-mesures » contre Israël jusqu’à ce qu’il se conforme à ses obligations au regard du droit international, il évite soigneusement de parler de sanctions. S’engager sur cette voie, avec d’autres États si possible, au niveau national si nécessaire, aurait pu permettre une rupture avec l’approche classique européenne consistant, au mieux, à se contenter de condamner verbalement les violations des droits humains par Israël. Pour l’Association belgo-palestinienne, le gouvernement belge rate encore une fois une occasion de signifier à Israël que l’impunité n’est plus de mise. Ce rendez-vous manqué avec l’Histoire est d’autant plus regrettable vu l’urgence humanitaire actuelle. Selon les termes du ministre israélien des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi lui-même, la liberté d’action (entendez : de s’affranchir du droit de la guerre) de l’armée israélienne dépend en effet de sa légitimation sur la scène internationale.
L’engagement du gouvernement à accélérer le processus de différenciation des produits des colonies laisse également sur sa faim. La simple application du droit international, qui impose aux États de ne pas reconnaître une situation qui découle d’une occupation, devrait en effet conduire à une interdiction totale des produits des colonies. Il est par ailleurs regrettable que le gouvernement ne reconnaisse pas la réalité de l’apartheid israélien, ignorant ainsi le consensus grandissant en la matière parmi les organisations de défense des droits humains.
Au-delà des mesures humanitaires d’urgence, à savoir un cessez-le-feu immédiat, la mise en place d’un corridor humanitaire et l’attribution d’une aide d’urgence à Gaza, il convient de s’attaquer aux racines de l’actuelle flambée de violence. « Sans agir pour mettre fin au statut de citoyen de seconde zone des Palestiniens d’Israël, aux provocations israéliennes à Jérusalem-Est, au blocus de Gaza et à la colonisation et ses conséquences en Cisjordanie, aucune paix durable ne sera possible », rappelle Pierre Galand, président de l’Association belgo-palestinienne.