L’Association belgo-palestinienne condamne de la manière la plus ferme l’organisation de missions économiques sous l’égide de hub.brussels et de l’AWEX en Israël, et appelle à leur suspension tant que cet Etat violera ses obligations internationales.
Du 8 au 11 décembre 2019, hub.brussels et l’AWEX, les agences régionales respectivement chargées de promouvoir les exportations de Bruxelles et de la Wallonie, organiseront une mission économique centrée sur « l’innovation technologique » en Israël. Alors que ses défenseurs entendent faire goûter les entreprises belges aux « charmes » de la « start-up Nation », l’Association belgo-palestinienne (ABP) voit en cette initiative une prime à l’impunité dont bénéficie le pays dans la mise en œuvre de sa politique coloniale d’écrasement du peuple palestinien.
Vendredi 15 novembre, alors qu’Israël venait de provoquer un nouveau bain de sang à Gaza, le gouvernement bruxellois, confronté aux interpellations d’Ecolo et du PS depuis les bancs de sa majorité et du PTB depuis l’opposition, a tenté de se justifier. Pour le ministre des Relations extérieures Sven Gatz, cette mission ne poserait aucun problème puisque ses objectifs seraient « purement économiques ». En outre, en rencontrant le Centre Peres pour la paix ainsi que des acteurs palestiniens des nouvelles technologies, celle-ci respecterait les prérequis énoncés dans la résolution du Parlement bruxellois votée en mai 2018 suite aux massacres de la marche du retour. Pour rappel, cette dernière conditionne notamment l’organisation de telles missions « à une programmation équilibrée impliquant la rencontre d’acteurs et militants israéliens et palestiniens engagés en faveur du respect des droits humains ».
L’argument de l’équilibre entre partie israélienne et palestinienne pourrait, en d’autres circonstances, prêter à sourire. La rencontre planifiée à Ramallah apparaît en effet clairement comme un alibi, puisqu’elle ne figure sur la programmation que comme activité optionnelle, les participants pouvant s’ils le souhaitent « poursuivre leurs contacts à Tel-Aviv ».
Se prévaloir de la supposée caution pacifiste du Centre Peres pour la Paix n’est guère plus convaincant. Officiellement créée par l’ancien dirigeant israélien pour « bâtir une infrastructure de paix et de réconciliation », l’ONG cherche davantage à normaliser l’image d’Israël à travers ses projets phares que se confronter aux situations d’injustice découlant de la politique de colonisation. Elle est si peu subversive pour le pouvoir en place qu’elle est citée en exemple par l’officine israélienne de droite NGO Monitor, passée maîtresse dans l’art de discréditer, souvent de façon mensongère, les organisations israéliennes et palestiniennes de droits humains.
Enfin, il est particulièrement cynique de la part du gouvernement bruxellois de prétendre au caractère « purement économique » de ce type de missions, quand on connaît les inévitables conséquences politiques de celles-ci. « Dans un contexte où le gouvernement de Benjamin Netanyahou maintient Gaza sous un blocus inhumain, consolide l’occupation et le régime d’apartheid, et où l’impunité dont il bénéficie est telle qu’il envisage prochainement d’annexer illégalement des pans entiers de la Cisjordanie, promouvoir le commerce avec Israël ne peut que contribuer à valider sa stratégie », juge Pierre Galand, président de l’ABP. « La défense de la prospérité de nos entreprises ne peut se faire au mépris des droits humains », ajoute-t-il.
Malheureusement, force est de constater que ces missions sont cohérentes avec la politique générale de hub.brussels et de l’AWEX, qui promeuvent sans vergogne les investissements dans des secteurs israéliens potentiellement – voire manifestement – impliqués dans la perpétuation de l’occupation. Cette approche, outre qu’elle est douteuse éthiquement, est contraire aux obligations faites aux Etats de faire respecter le droit international humanitaire, lequel enjoint notamment de ne pas contribuer au maintien de la situation illégale découlant de la politique de colonisation.
Pour ces raisons, l’ABP demande d’urgence aux gouvernements régionaux d’annuler cette mission. Regrettant que les nouveaux accords de majorité ne contiennent aucun engagement précis en la matière, nous appelons les nouveaux exécutifs à prendre des mesures pour que les initiatives de promotion du commerce avec Israël ne se reproduisent plus tant que ce dernier continuera à mépriser les droits fondamentaux des Palestiniens.
« Les partis qui ont affiché leur soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien lors de la campagne pour les élections du 26 mai doivent tout faire pour s’entendre afin d’éviter pareille forfaiture », conclut Pierre Galand.