
Le prétendu « plan de paix » du président états-unien consacre la politique du fait accompli, la permanence de l’apartheid et scelle la disparition de la Palestine.
Maintes fois reportée, la publication du « deal du siècle » est devenue une réalité ce mardi 28 janvier. Sans surprise, il ne comporte pas le moindre élément qui justifie le qualificatif de « plan de paix », le président états-unien Donald Trump s’étant aligné depuis le début de son mandat sur l’agenda nationaliste israélien. La lecture de ses principales dispositions soulève incrédulité et effroi : annexion des colonies israéliennes et de la vallée du Jourdain; maintien d’une Jérusalem « indivisible » sous souveraineté israélienne et droit strictement conditionné, pour les Palestiniens, de proclamer un Etat sur un territoire enclavé, morcelé et économiquement non viable, qui n’est pas sans évoquer les bantoustans du régime ségrégationniste sud-africain. La question centrale des quelque 5 millions de réfugiés palestiniens passe quant à elle à la trappe.
Ce véritable précis de capitulation à destination des Palestiniens, qui n’ont d’ailleurs jamais été consultés, ne vise aucunement à recueillir leur approbation. « Il s’agit de leur imposer des conditions inacceptables afin de permettre à Israël de continuer à nier leurs droits reconnus et inaliénables et à consolider son système d’apartheid», juge Pierre Galand, président de l’Association belgo-palestinienne. « Ce texte bafoue par ailleurs toutes les résolutions des Nations-Unies qui fondent les droits du peuple Palestinien ».
Les conséquences pratiques de la publication de ce plan ne se sont pas fait attendre. L’ambassadeur états-unien en Israël David Friedman a ainsi assuré au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou son droit d’annexer sans délai la vallée du Jourdain et l’ensemble des colonies. Message reçu cinq sur cinq par celui-ci, qui a annoncé vouloir inscrire cette question à l’ordre du jour du Conseil des ministres du dimanche 2 février.
La réalisation de cette feuille de route insensée dépendra de la réaction de la communauté internationale. À cet égard, on ne peut que déplorer la mollesse des chancelleries européennes qui, tout en rappelant l’importance du droit international et des négociations bilatérales, se sont dites prêtes à étudier ce plan, dont la nature outrancière appelle pourtant à un rejet catégorique. Les réactions positives de plusieurs Etats de la Ligue arabe ou de la diplomatie britannique sont quant à elles consternantes. « Il importe dès lors que la Belgique, qui assurera en février la présidence tournante du Conseil de Sécurité, pèse de tout son poids pour isoler les États-Unis dans leur volonté d’imposer un nouveau consensus international dans lequel le droit ferait place à la loi du plus fort », estime Pierre Galand.
Cette fuite en avant du duo Trump-Netanyahou appelle à revoir radicalement l’approche dominante de la question israélo-palestinienne. En dernière instance, ces développements ne sont que la conséquence de décennies d’impunité à l’égard de Tel-Aviv, qui ont permis aux franges les plus extrémistes de faire prévaloir leurs vues.
Les institutions attachées aux droits humains et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes doivent désormais envisager sérieusement la mise en place de sanctions contre Israël. « Seule une pression extérieure vigoureuse est susceptible de faire payer à Israël le véritable coût de son mépris répété pour le droit international, et le forcer à changer d’attitude », ajoute Pierre Galand. L’UE dispose d’ores et déjà d’instruments pour ce faire, dont la suspension de l’Accord d’association avec Israël et la fin de toute collaboration technique et scientifique. La Belgique doit elle aussi se saisir des leviers disponibles, en interdisant les produits des colonies, voire en cessant toute relation commerciale avec Israël.
Pour Pierre Galand, citoyens et acteurs de la société civile ont également un rôle central à jouer, notamment en soutenant la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS). « Cette campagne dirigée contre Israël tant qu’il ne respectera pas les droits des Palestiniens reste un instrument incontournable pour contribuer à l’instauration d’une paix juste au Proche-Orient».