Communiqué de presse de l’Association belgo-palestinienne
La constitution, ce 29 décembre en Israël, d’un gouvernement ouvertement illibéral, raciste et anti-minorités a suscité dans le pays et à l’étranger un vent d’effroi, bien au-delà des rangs des défenseurs des droits des Palestiniens. C’est toutefois contre ces derniers que le programme de cette coalition constituée – une fois encore – des franges les plus extrêmes du suprémacisme juif fait planer les menaces les plus concrètes : légalisation de dizaines de colonies en Cisjordanie ; renforcement de l’usage létal de la force par l’armée; libération des discours et pratiques racistes contre les Palestiniens citoyens d’Israël ; fin du « contrôle palestinien de la terre »… Les Palestiniens seront en outre placés sous l’autorité directe de l’extrême droite messianique sioniste religieuse la plus violente, que de nombreux observateurs qualifient de fasciste. Leurs figures de proue, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, obtiennent en effet respectivement la direction des forces de police et celle de l’administration civile dans le territoire occupé. Ces fanatiques pur jus ont fait campagne sur la déportation des « Arabes déloyaux », à savoir ceux qui refusent le statut au rabais qui leur est imposé. Ils prévoient également d’appliquer la peine de mort aux « terroristes », proposition particulièrement glaçante quand on sait la tendance d’Israël à qualifier ainsi les défenseurs pacifiques des droits des Palestiniens, telles les six ONG interdites en 2021.
Alors que le précédent Premier ministre Lapid avançait masqué, Netanyahou, son successeur, affiche quant à lui clairement ses intentions. « Le peuple juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les parties de la Terre d’Israël. Le gouvernement encouragera et développera l’expansion de la présence juive dans toutes les parties de la Terre d’Israël – en Galilée, dans le Néguev, dans le Golan et en Judée et Samarie (dénomination israélienne de la Cisjordanie occupée) », précise la première ligne directrice de l’accord de coalition. Israël assume ainsi ouvertement son objectif de coloniser et d’annexer le territoire occupé et d’en dénier à sa population palestinienne ses droits internationalement reconnus. Le refus de distinguer Israël du territoire qu’il occupe montre également, si besoin en était, qu’il y a désormais une réalité d’un État du Jourdain à la Méditerranée dans lequel prévaut un régime d’apartheid.
Ce mépris ostensible d’Israël pour le droit international et ses obligations envers les Palestiniens est la conséquence logique de décennies d’impunité. Pourquoi en effet mettre un terme à la persécution et à la dépossession du peuple palestinien puisqu’elles n’entraînent pratiquement aucun coût politique ou diplomatique? Le fait que l’agenda criminel de ce gouvernement soit assumé et connu ne semble malheureusement rien changer à la mansuétude occidentale habituelle à l’égard d’Israël. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n’a ainsi pas eu un seul mot sur la feuille de route de la coalition de Netanyahou dans le message de félicitations qu’elle lui a adressé. Alors que le vote de l’AG de l’ONU ce 30 décembre qui devait entériner la demande d’avis à la Cour internationale de justice sur la légalité de l’occupation aurait permis d’envoyer un signal clair de réprobation à Israël, seuls sept États membres de l’UE, dont la Belgique, se sont prononcés favorablement dessus.
Plus que jamais, un changement de paradigme s’impose. « L’heure n’est donc plus aux protestations sans lendemain, mais aux actes forts susceptibles de mettre fin à l’impunité dont Israël bénéficie depuis trop longtemps. » déclare Pierre Galand, président de l’ABP. L’ampleur de la fuite en avant raciste et annexionniste annoncée invite à interdire au plus vite les produits des colonies israéliennes et à suspendre l’accord d’association UE-Israël au titre de son article 2 sur le respect des droits de l’Homme. L’ABP appelle dès lors la Belgique à plaider en ce sens auprès de ses partenaires européens.
Un boycott diplomatique doit également être mis en place contre ce gouvernement, tant en raison de son programme que de la présence en son sein de promoteurs de haine et de violence racistes.
« Les jours sombres qui s’annoncent pour les Palestiniens rendent la solidarité internationale plus indispensable que jamais, avec comme fer de lance le soutien à la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS). » conclut Pierre Galand.
Légende photo : Itamar Ben Gvir, Benjamin Netanyahou et Bezalel Smotrich.