
Pour la première fois, un accord de gouvernement belge aborde de front la défense des droits des Palestiniens. L’Association belgo-palestinienne (ABP) s’en félicite, et se mobilisera pour amplifier les ambitions du nouvel exécutif en la matière.
Depuis la campagne pour les élections de mai 2019 jusqu’au récent processus de formation gouvernementale, la société civile belge solidaire avec la Palestine s’est ardemment mobilisée pour faire entendre sa voix auprès des décideurs politiques. Ces efforts ont payé : l’accord de gouvernement rendu public ce mercredi mentionne explicitement la nécessité de contribuer à une paix juste au Proche-Orient.
Le prochain exécutif, précise l’accord, effectuera notamment “de nouveaux pas dans le sens d’une politique de différenciation bilatérale et multilatérale à l’égard des colonies israéliennes”. Il s’agit d’une étape essentielle (mais non suffisante) à une éventuelle interdiction des biens produits dans ces entités illégales, dont l’existence représente le premier frein au développement du Territoire palestinien occupé (TPO). Il s’engage en outre à mettre en œuvre des contre-mesures au cas où Israël s’avançait sur la voie de l’annexion du TPO, au niveau de l’Union européenne si possible, avec un nombre plus restreint d’États membres si nécessaire. Cette approche permet d’envisager une réponse crédible aux violations israéliennes du droit international et des droits humains, dans un contexte où il est désormais presque impossible d’obtenir un consensus européen sur cette question. Le texte ouvre également la porte à une reconnaissance de l’État de Palestine.
L’ABP se réjouit du signal de solidarité ainsi envoyé au peuple palestinien. Celui-ci est d’autant plus le bienvenu dans le contexte international actuel, où un nombre croissant de pays sacrifient la défense des droits des Palestiniens sur l’autel de partenariats prometteurs avec Israël.
Nous rappelons toutefois que le respect du droit international, que le nouveau gouvernement place au cœur de sa politique étrangère, impose de ne pas reconnaître une situation découlant d’une violation de ce dernier, et justifierait à lui seul d’interdire purement et simplement toute relation économique ou commerciale avec les colonies israéliennes.
Par ailleurs, la lutte nécessaire contre l’annexion de jure de parties du territoire occupé ne doit pas conduire à détourner le regard de la poursuite inexorable de l’annexion de facto que représente la poursuite de la colonisation et son lot d’expulsions, de répressions et de négation des droits de la population locale.
L’ABP veillera à rappeler le gouvernement De Croo à ses engagements, et s’emploiera à promouvoir des mesures supplémentaires, parmi lesquelles des sanctions unilatérales, amplement justifiées par la situation dramatique qui prévaut sur le terrain.
Lien vers la lettre du 25 septembre envoyée aux négociateurs francophones de la nouvelle majorité