Bulletin 63, mars 2015
Cinq mois après la fin des combats de l’opération Bordure protectrice lancée par Israël contre la bande de Gaza, la quasi-totalité des fonds promis par les donateurs de la communauté internationale pour reconstruire les habitations détruites n’a toujours pas été versée. Directeur de l’Agence des Nations Unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), Robert Turner a indiqué mardi qu’il avait été contraint de suspendre le versement à des dizaines de milliers de Palestiniens sans abri des fonds destinés aux réparations des quelque 100 000 immeubles endommagés ou détruits par les frappes israéliennes.
Près de 66 000 familles sinistrées recevaient jusque-là l’aide de l’UNRWA. Elle leur avait permis de réparer leur habitation ou de louer un logement provisoire. Mais 12 000 autres Palestiniens déplacés sont toujours hébergés dans des écoles ou des locaux de l’ONU et plusieurs milliers sont retournés vivre dans les immeubles bombardés en utilisant des bâches en plastique pour se protéger du froid et de la pluie. (…)
Dans un territoire ravagé par 4 opérations militaires en six ans, où l’activité économique est pratiquement réduite à néant par le blocus israélien – et les mesures sécuritaires égyptiennes – et où 45% de la population active sont au chômage, les économies de la plupart des familles sont taries depuis longtemps. Et l’aide des agences de l’ONU est vitale.
Sur les 635 millions d’euros requis pour cette mission, 120 millions seulement ont été versés. Alors que des crédits sont encore disponibles pour financer la reconstruction des bâtiments totalement détruits, l’UNRWA a déjà dépensé tout le budget affecté au financement des réparations ou au paiement des loyers des Palestiniens provisoirement relogés. « A ce jour, 68 millions d’euros ont été distribués pour payer les réparations et les loyers des logements provisoires, a indiqué Robert Turner. C’est un résultat remarquable. C’est aussi très nettement insuffisant. Nous ne devons pas perdre de vue que ce sont plusieurs milliers de familles qui continuent à affronter l’hiver dans des abris précaires. Ces gens dorment dans les décombres, des enfants sont morts d’hypothermie. Sur les 5, 4 milliards de dollars promis lors de la conférence des donateurs, en octobre, au Caire, pratiquement rien n’est arrivé à Gaza. C’est lamentable et inacceptable ». Apprenant l’arrêt de l’aide versée par l’UNRWA, plusieurs centaines de Palestiniens se sont réunis pour manifester leur colère, mercredi devant les locaux des Nations Unies à Gaza, avant d’être dispersés par la police du Hamas.
En vue de la conférence des donateurs, l’ONU avait préparé un plan d’urgence de 15 pages intitulé « Réponse stratégique aux hostilités à Gaza » qui préconisait de donner la priorité à la reconstruction des logements et des locaux de l’UNRWA détruits ou endommagés par les bombardements. Il se prononçait aussi pour une amélioration rapide des conditions médicales et sanitaires, notamment pour une remise en état du réseau de distribution d’eau potable. L’Autorité palestinienne, de son côté, avait présenté un document de 75 pages, évaluant à 4 milliards de dollars le montant de l’aide attendue. La majeure partie de cette somme devait être affectée à la reconstruction ou construction de logements. La remise en état de l’unique centrale thermique du territoire était également prévue. Faute de carburant, elle ne fournit actuellement que 6 heures d’électricité par jour.
par René Backmann
Lire la suite : Reconstruction de Gaza : l’argent promis n’est pas arrivé sur Mediapart, 30 janvier 2015.
LA CRISE A GAZA CONTINUE
- 17 000 Palestiniens sur la liste d’attente pour sortir de Gaza, dont des malades
- 100 000 Palestiniens environ toujours déplacés
- Plus de 300 000 Palestiniens sans ou avec accès réduit à l’approvisionnement en eau et aux services d’assainissement de l’eau
- 95% de l’eau du robinet impropre à la consommation humaine
- 1 800 000 personnes souffrent de coupures d’électricité allant jusqu’à 18 heures par jour.