
Tania Hary / Haaretz
Les gouvernements israéliens successifs continuent de prétendre que s’ils frappent Gaza plus fort, même en commettant des crimes de guerre, ils obtiendront ce qu’ils veulent. Et ce gouvernement ne fait pas exception.
L’expression selon laquelle si vous n’avez qu’un marteau, tout commence à ressembler à un clou s’applique à la relation d’Israël avec Gaza avec une précision tragique. Les gouvernements israéliens successifs continuent de prétendre que s’ils frappent Gaza plus fort, ils obtiendront ce qu’ils veulent.
Le discours du ministre des affaires étrangères Yair Lapid à l’université Reichman de Herzliya dimanche dernier a révélé que le gouvernement actuel ne fait pas exception.
Israël, qui prétend souvent avoir “quitté Gaza” lors du désengagement de 2005, a en fait appliqué un bouclage strict du territoire et a mené quatre campagnes militaires majeures ainsi que des centaines de raids plus mineurs sur la bande de Gaza, sans parler des sorties aériennes et des sorties de drones quasi nocturnes et des attaques contre les pêcheurs et les agriculteurs palestiniens.
Le calme règne parfois dans les villages, villes et kibboutzim israéliens qui jouxtent Gaza, lorsque des roquettes illégales ne sont pas lancées, mais il ne règne jamais à Gaza où la pression sur les civils est une caractéristique constante de la vie quotidienne.
Lapid a annoncé la politique de son gouvernement à l’égard de Gaza comme s’il ne s’agissait pas d’un simple rabâchage des idées ratées des gouvernements précédents.
Il a déclaré : “Il est temps de faire en sorte que les habitants de Gaza fassent pression sur le Hamas parce qu’ils comprennent ce qu’ils manquent en raison du terrorisme et comprennent combien ils ont à gagner si ce terrorisme cesse… Nous présenterons un plan pour améliorer la vie à Gaza si le Hamas cesse de se comporter comme une organisation terroriste radicale.”
L’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a appelé “le calme pour le calme”, tandis que l’actuel Premier ministre Naftali Bennett l’appelle “le rétrécissement du conflit”.
La prémisse est la même : les civils palestiniens paieront le prix des actions de leurs dirigeants de facto ou des militants, sur lesquels ils n’ont aucun contrôle. En d’autres termes, la punition collective, un crime de guerre, et la perspective de son aggravation continuent d’être la politique officielle du gouvernement israélien.
Pour être clair, le Hamas et d’autres militants commettent également des crimes de guerre lorsqu’ils tirent des roquettes sans discernement sur des centres de population civile en Israël. Là aussi, les mêmes règles et principes s’appliquent – les actions qui visent les civils sont interdites.
Résoudre réellement le conflit, plutôt que de simplement le “réduire”, impliquerait de supprimer les griefs qui le perpétuent : mettre fin aux violations des droits de l’Homme, reconnaître les torts du passé, obliger à rendre des comptes et entamer un processus de réconciliation.
Une perspective vraiment nouvelle de la part de ce gouvernement impliquerait de reconnaître que deux millions de civils, dont la moitié sont des enfants, vivent dans la bande de Gaza et qu’ils ont les mêmes droits et les mêmes rêves que les humains partout dans le monde – être libre, être en sécurité et subvenir aux besoins des générations futures.
Une nouvelle approche impliquerait qu’Israël assume la responsabilité de son contrôle sur Gaza et cesse de l’utiliser pour exercer une pression sur les civils, en sapant l’économie fragile de Gaza et son infrastructure civile, en séparant les familles et en empêchant les organisations locales et internationales, engagées dans l’aide et le travail humanitaire, d’apporter leur aide.
Vous ne pouvez pas distraire les gens de leur asservissement avec quelques heures supplémentaires d’électricité, plus de nourriture, ou même plus d’emplois. Bien que ces choses soient essentielles pour Gaza, elles ne sont pas suffisantes. Les humains lutteront toujours pour la liberté et la justice.
En outre, l’amélioration de la situation humanitaire et le respect des droits de l’Homme fondamentaux relèvent de la responsabilité d’Israël, et non de “carottes” qu’il devrait être autorisé à agiter, contre le très gros bâton de la poursuite du blocus, des persécutions et des tirs militaires.
Si Lapid et son gouvernement veulent être crédités d’avoir fait les choses différemment et d’une manière qui donnera finalement des résultats pour tous les habitants de la région, il devrait poser le marteau et amener le gouvernement à reconnaître ses obligations envers les Palestiniens, en particulier les civils de Gaza qui souffrent depuis longtemps.
Traduction : AFPS