Les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens

Les colonies israéliennes implantées dans le Territoire palestinien occupé constituent sans aucun doute le principal obstacle à la paix entre Palestiniens et Israéliens.  Elles sont illégales aux yeux du droit international et leur expansion ininterrompue rend chaque jour plus improbable la réalisation de la « solution à deux États », c’est-à-dire la coexistence pacifique d’un État israélien et d’un État palestinien vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité.

La colonisation :  une politique de l’état d’Israël

Qu’est-ce qu’une colonie israélienne? C’est un village ou une petite ville, parfois même juste quelques maisons qui sont construites sur des terres confisquées aux Palestiniens ou aux Syriens dans les territoires illégalement occupés par Israël depuis 1967, à savoir : la partie Est de Jérusalem, la Cisjordanie et la bande de Gaza en Palestine, le Golan en Syrie. Seules les colonies présentes dans la bande de Gaza ont été détruites par les Israéliens, avant leur retrait unilatéral de cette zone en août 2005.

Les colonies sont habitées exclusivement par des juifs israéliens. Le plus ancien groupe de colons, environ 5% du total, a été installé dans les années 70 par le parti travailliste. Il existe essentiellement deux catégories de colons : les colons idéologiques et les colons « économiques », ces derniers s’installant dans les colonies pour bénéficier des avantages financiers octroyés par le gouvernement israélien.. En mars 2002, le nombre de colons était estimé à 430.000 personnes vivant dans 190 colonies, réparties géographiquement comme suit :

Nombre de colonies

Nombre de colons

Cisjordanie

130

207.000

Bande de Gaza

16

6.500

Jérusalem

11

200.000

Plateau du Golan (Syrie)

33

17.000

Total

190

430.500

A titre de comparaison, la population de la bande de Gaza est de 1,1 million de personnes, la population de la Cisjordanie de 1,6 million.

colonie-de-gilo, 2006
Colonie de Gilo, 2006

Les colonies sont un obstacle à la paix

Entre la signature des Accords d’Oslo en 1993 et 1999, date à laquelle lesdits accords prévoyaient la création de l’État palestinien indépendant, le nombre de colons en Cisjordanie et à Gaza a plus que doublé.

De même, entre 1997 et 2000, le nombre de chantiers de construction de colonies a doublé, en vertu d’une politique soutenue par tous les gouvernements israéliens, de droite comme de gauche. Ces colonies sont fortement subsidiées par le gouvernement israélien, et ceux qui s’y installent bénéficient de nombreux avantages fiscaux, signe parmi d’autres que la colonisation constitue une volonté politique profonde dans le chef d’Israël. Bien sûr, d’autres raisons ont présidé, sinon concouru à l’échec du plan de paix initié à Oslo. Il n’en reste pas moins que le seul fait que les Israéliens aient accéléré la construction des colonies tout en répétant qu’ils étaient pour la création d’un État palestinien indépendant et viable  est la cause principale de cet échec.

Une confiscation systématique des terres et des ressources en eau

En  40 années d’occupation, tout un arsenal de règlements et d’ordonnances a facilité la confiscation systématique des terres palestiniennes ; ce processus a largement entravé le développement normal de la société palestinienne.

C’est ainsi que la construction des colonies, des réseaux d’adduction d’eau, des routes de contournement, des câbles électriques nécessaires à leur alimentation ont entraîné la confiscation de toujours plus de terres palestiniennes et la destruction de plus de  6.000 maisons palestiniennes, entre 1967 et 2000. Et cela sans compter les milliers de maisons palestiniennes qui furent détruites dans Jérusalem et la démolition, aussi, de nombreuses autres constructions à vocation artisanale ou agricole.

La présence des colonies entraîne une série d’autres nuisances, plus dramatiques encore. De fait, les colonies limitent l’accès des Palestiniens à leurs ressources naturelles, comme l’eau ou les terres agricoles : de nombreuses colonies en Cisjordanie sont implantées de façon à contrôler l’accès aux principales nappes aquifères. En particulier, 80% des ressources en eau des Territoires palestiniens sont captés par les colonies israéliennes et détournées vers Israël. Un colon juif consomme six fois plus d’eau que la ration à laquelle à droit un Palestinien[1]. B’Tselem, le Centre israélien de défense des droits de l’Homme dans les Territoires occupés, concluait son rapport à ce sujet dans les termes suivants : « En tenant compte du principe de l’utilisation équitable et raisonnable et au vu de la répartition actuelle de l’eau entre Israël et les Palestiniens, on peut conclure que cette répartition viole les droits des Palestiniens et enfreint le droit international sur l’eau. »

Un territoire morcelé et enclavé

Officiellement dans le but d’assurer la sécurité des colons, les colonies ont été reliées entre elles par un réseau de routes qui leur sont réservées – de fait, les Palestiniens n’ont pas le droit de les emprunter. Ce réseau de routes et les colonies qu’elles relient divisent aujourd’hui la Cisjordanie en plus de 200 îlots non reliés entre eux. Un tel état de fait empêche toute viabilité économique du Territoire palestinien occupé.  Si on y ajoute les centaines de barrages et de check-points imposés par Israël, on comprend mieux que les colonies sont la clé de voûte de la politique israélienne d’occupation du territoire palestinien.

Les colonies sont un ferment de violence

Une frange radicale des colons, protégée par l’armée israélienne, se livre à des exactions telles que le saccage des récoltes, la destruction des terres agricoles, de puits et d’oliviers. Des faits plus graves font état de ratonnades contre des paysans pouvant aller jusqu’au meurtre (34 Palestiniens tués entre 2000 et 2004).

L’impact des colonies et des infrastructures qui les entourent est catastrophique : outre la confrontation quotidienne entre les deux populations, il en résulte un sentiment d’injustice profond et légitime chez les Palestiniens. Le climat d’insécurité permanent qui en découle justifie en retour l’omniprésence de l’armée israélienne dans le Territoire occupé.

Les colonies dans Jérusalem-Est : judaïser Jérusalem

La volonté israélienne de judaïser la partie Est de Jérusalem[2] s’est traduite par la construction d’une douzaine de colonies  à cet endroit. Ce sont aujourd’hui  près de 250.000 Israéliens qui sont installés dans Jérusalem-Est. Certaines de ces colonies comptent jusqu’à 30.000 résidents (Gilo), d’autres ont été conçues pour loger jusqu’à 90.000 résidents (Pisgat Zeev ou Neve Yaakov .

La construction de ces colonies, la politique de bouclages du Territoire palestinien occupé imposée par Israël et, plus récemment, la construction du Mur de séparation (le « Mur de l’apartheid » comme l’appellent les Palestiniens[3]), contribuent à chasser de Jérusalem ses habitants de souche arabe et à asseoir une majorité juive dans cette ville qu’Israël appelle sa « capitale éternelle et indivisible ».

Les colonies sont toutes illégales  au regard du droit international

S’il est vrai que le gouvernement israélien tente de  démanteler les colonies illégales, il faut préciser que cela concerne les colonies illégales au regard du seul droit israélien. Or, en regard du droit international, toutes les colonies sont illégales. En effet, de par leur seule existence, les colonies violent notamment la  IVe Convention de Genève qui stipule que « la puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert de sa propre population civile vers les territoires qu’elle occupe« . Les colonies sont également condamnées par la résolution 465 du Conseil de sécurité des Nations unies; enfin, elles sont qualifiées de crime de guerre par les statuts de la Cour pénale internationale et sont en contravention avec le droit humanitaire international.

Pour en savoir plus :

les-colonies Format PDF

Hébron, Septembre 2006
Hébron, Septembre 2006

[1] Voir fiche « Eau »

[2] voir fiche « Jérusalem-Est »

[3] voir fiche « Le mur »

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