Plusieurs fonds de pension occidentaux et des gestionnaires financiers détiennent des parts dans deux banques israéliennes : Hapoalim et Leumi. Les deux banques exercent leurs activités dans les colonies et offrent des prêts pour financer des activités illégales de construction dans les territoires palestinien et syrien occupés.
La Banque Hapoalim, la plus grande banque d’Israël, a été créée en 1921 par le syndicat israélien Histadrout et l’Organisation Sioniste Mondiale. Elle a été nationalisée en 1983, mais privatisée de nouveau en 1996. Fondée en 1902 et initialement nommée Banque Anglo-Palestine, la Banque Leumi est la deuxième banque d’Israël. Les deux banques ont des succursales dans les colonies de Pisgat Ze’ev et de Gilo, situées dans le territoire occupé de Cisjordanie. La banque Hapoalim a aussi des branches dans la colonie de Ramot à Jérusalem-Est occupée ainsi que sur le plateau du Golan occupé. De son côté, la banque Leumi entretient des succursales dans les colonies de Ma’ale Adumim, Oranit, Kiryat Arba, le tout en Cisjordanie occupée, et Katzrin sur le plateau du Golan.
Les colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé (OPT) et le plateau syrien du Golan violent la quatrième Convention de Genève, qui interdit à la puissance occupante de déporter ou transférer une partie de sa population civile dans le territoire qu’elle occupe. Par conséquent, les branches locales des deux banques dans ces colonies sont également illégales.
Les banques Hapoalim et Leumi sont impliquées dans d’autres violations du droit international en fournissant des prêts hypothécaires aux colons pour l’achat de biens dans les colonies. Le 12 juillet 2009, le journal israélien Makor Rishon a signalé que la banque Hapoalim proposait des crédits hypothécaires à travers le pays, y compris [sic] en Cisjordanie occupée. Le journal a également révélé que la branche de Jérusalem de la banque Leumi offrait sans aucun problème des prêts hypothécaires pour l’achat de maisons dans les colonies israéliennes. En effet, la volonté de la Banque Leumi d’aider les colons pour l’achat de propriétés est également ouvertement affiché sur un panneau dans la colonie de Zufin. Zufin a été construite sur des terres confisquées au village palestinien de Jayyous, en Cisjordanie.
Pour le projet Zufin View, des parcelles pour la construction privée sont en vente avec des offres spéciales pour les prêts hypothécaires de la Banque Leumi, comme annoncé sur les panneaux publicitaires. En prêtant de l’argent pour l’achat de maisons dans des colonies illégales, les banques Hapoalim et Leumi facilitent le transfert de la population civile d’Israël dans le territoire occupé, en violation du droit international.
des services pour les particuliers et les entreprises
Les deux banques offrent aussi des crédits pour des projets de construction de colonies. Investissements et Digal Holdings, une société immobilière et de construction israélienne, développe une communauté fermée dans la colonie de Nof Zion à Jérusalem-Est occupée. La banque Leumi a accordé un crédit à Digal pour la construction à Nof Zion de 287 logements, d’une synagogue et d’un centre commercial. Les recherches menées par Who profits from the occupation? a révélé que la banque Hapoalim est également impliquée dans la construction de colonies, deux projets à Ma’ale Adumim et l’autre à Har Homa. La construction de colonies est une violation du droit international.
La banque Hapoalim soutient également le développement des entreprises israéliennes dans les zones industrielles situées en Cisjordanie. Souvent construites sur des terres palestiniennes expropriées, ces zones industrielles sont contraires au droit international. Les emplois offerts par les entreprises dans ces zones industrielles servent à inciter les civils israéliens à vivre dans les colonies. Toutefois, les déchets produits dans les zones industrielles polluent les terres agricoles palestiniennes à proximité, menaçant l’environnement et la santé publique en Cisjordanie. Au cours des deux dernières années, la banque Hapoalim a accordé des prêts à cinq entreprises israéliennes (Meubles Doron, Ronopolidan, Ram produits de qualité, Ewyg technologies de pointe et Tzarfati Services de métaux et de véhicules) opérant dans les zones industrielles de Barkan et de Mishor Adumim en Cisjordanie.
le tramway de Jérusalem et les entreprises françaises
Les deux banques ont aussi prêté de l’argent au consortium City Pass. City Pass est titulaire du contrat avec l’État d’Israël pour la construction d’un projet tram qui reliera Jérusalem à plusieurs colonies de peuplement illégales. L’accord de financement pour le consortium City Pass avec les deux banques inclut les prêts à court terme totalisant 420 millions de dollars et des prêts à long terme d’une valeur de 100 millions de dollars. Parce qu’elles contribuent de manière substantielle à l’occupation israélienne de la Cisjordanie, deux compagnies françaises impliquées dans le projet de tram, Alstom et Connex (filiale de Veolia Transport), ont fait l’objet de pressions pour retirer leur participation.
Aussi bien la banque Hapoalim que la banque Leumi ont des relations avec les institutions financières et les gestionnaires de fonds des pays européens et américains. Par exemple, deux grands fonds de pension néerlandais, ABP et PGGM / PFZW, et le fonds de pension d’État du gouvernement norvégien détiennent un nombre important d’actions dans les deux banques israéliennes. En outre, William Blair & Company, une société mondiale d’investissement basée à Chicago, a une alliance stratégique avec Poalim Capital Markets, une filiale de la banque Hapoalim. Selon des rapports dans le quotidien israélien Globes affaires, la banque Hapoalim a étendu ses opérations en dehors d’Israël, par exemple à travers sa filiale turque Bankpozitif Credi Ve Kalkinma Bankasi.
Comme les entreprises impliquées dans le projet de tram de Jérusalem et dans l’exploitation dans les zones industrielles israéliennes construites sur des terres occupées, les investisseurs européens et américains des banques Hapoalim et Leumi devraient s’attendre à une surveillance accrue et à des pressions de la part des militants internationaux des droits de l’Homme afin qu’elles désinvestissent de ces banques.
Adri Nieuwhof est consultant et défenseur des droits de l’Homme, en Suisse.
The Electronic Intifada, 27 Octobre 2009
traduction : Julien Masri