Il y a un an, suite à des pressions étrangères et locales, l’entreprise suédoise Club Soda a décidé d’appliquer le droit du travail israélien dans son usine et Kav LaOved a publié un article indiquant que les travailleurs palestiniens de Club Soda ont été rémunérés à des taux égaux à ceux de leurs collègues israéliens. Les travailleurs palestiniens, qui sont payés au salaire minimum, ont reçu des fiches de salaire et ont été traités «humainement» par les contremaîtres. Ils ont également effectué des heures supplémentaires, souvent plus de dix heures chaque jour. Ils ont dit que leur objectif était de progresser au travail et qu’ils voulaient continuer à travailler à Club Soda.
Le 16 avril, les rêves d’environ 140 Palestiniens employés par le sous-traitant Pearl Sol pour Club Soda ont finalement été brisés. Ils ont été renvoyés et n’ont pas perçu leurs salaires du mois de mars.
Vendredi soir dernier, un représentant de la compagnie a téléphoné aux travailleurs et leur a dit : «Ne venez pas travailler dimanche ». Ils n’en ont pas cru leurs oreilles. La société de main-d’œuvre Pearl Sol qui les emploie les a convaincus d’aller au travail le dimanche suivant (18 avril 2010) pour obtenir leur salaire. Mais les travailleurs qui ont cru la société de main-d’œuvre ont été refoulés par les gardes à une barrière dans la zone industrielle. Quinze d’entre eux ont été choisis pour continuer à travailler à l’usine de l’entreprise.
vite embauchés, vite renvoyés
Il y a deux ans, Salim (un pseudonyme), travailleur palestinien d’une vingtaine d’années, a été embauché par l’usine Club Soda dans la zone industrielle de Mishor Adumim. Il a été parmi les premiers Palestiniens à être employé à l’usine. La plupart de ses collègues de travail étaient israéliens. Pour survivre dans son lieu de travail, il a travaillé dur, pendant de longues heures et, à l’époque, il percevait un salaire de misère d’environ 1.700 shekels par mois de travail, au cours de duquel il travaillait dix heures par jour, vingt jours par mois (moins de la moitié du salaire minimum).
Salim, qui, comme les autres travailleurs, a été renvoyé sans un sou en poche, a décrit son absence de confiance envers l’usine Club Soda, et a raconté : « J’ai travaillé pendant presque deux ans, et de temps en temps, il y avait un problème : les travailleurs s’en allaient, et de nouveaux arrivaient. Nous travaillions dur pour rester à l’usine, mais nous avions un sentiment d’insécurité. Il y avait des rumeurs selon lesquelles ils embaucheraient des travailleurs pour remplacer ceux qui ont été renvoyés ». Salim a ajouté : « Je ne sais pas pourquoi ils m’ont viré. N’ai-je pas travaillé dur pour l’usine ? Tout ce que je voulais, c’était d’obtenir mon salaire ».
En mars 2010, Club Soda voulait embaucher les travailleurs Sol Pearl en tant que travailleurs réguliers. Sol Pearl Ltd a refusé, et son directeur a exigé que les travailleurs paient 6000 shekels pour leur désengagement envers Sol Pearl. Les travailleurs ont contacté Kav LaOved, qui a envoyé une lettre à Club Soda, concernant les revendications des travailleurs contre Pearl Sol, qui a a nié ces allégations. La lettre de leur avocat déclarait que « Bien sûr, l’affirmation selon laquelle mon client demande 6000 shekels pour libérer les travailleurs est totalement fausse. Pour mieux illustrer la position de mon client, demandez s’il vous plaît à vos clients de ne pas signer un quelconque document qui leur serait demandé de signer, et ce pour vous prouver que mon client opère en conformité avec la loi ». Sol Pearl n’a pas répondu à la lettre de Kav LaOved concernant son incapacité à payer les salaires des travailleurs pour mars.
Derniers développements
Samedi, les travailleurs en pleine confusion se sont rendus aux bureaux de la Fédération générale palestinienne des syndicats de Jéricho. Ils étaient aigris, racontant qu’ils s’étaient souvent réunis avec le gestionnaire de la société de main-d’oeuvre, un résident palestinien de Jérusalem, et avec son avocat, qui a nié que la compagnie ait reçu de l’argent pour les salaires des travailleurs. D’autre part, la société a fourni les documents attestant d’un virement bancaire du salaire des travailleurs. La réponse de Club Soda à la lettre que Kav LaOved avait envoyée a souligné que l’argent avait bien été transféré à Sol Pearl Ltd, conformément à leur accord mutuel.
L’intervention de Kav LaOved a conduit au versement de leurs salaires du mois de mars aux travailleurs le 22 avril. Soda Club a promis qu’ils vont progressivement réembaucher les travailleurs licenciés qui avaient été employés par l’intermédiaire de Sol Pearl. Kav LaOved suivra de près les suites de l’affaire et aidera les travailleurs à prendre des dispositions juridiques, si leur sort n’est pas réglé.
Pas seulement des Palestiniens
les Palestiniens ne sont pas les seuls travailleurs dont les droits sont violés à Soda Club. En Décembre 2009, 11 réfugiés soudanais s’étaient plaints auprès de Kav LaOved de licenciement sans paiement des prestations sociales et sans un préavis raisonnable. Ces travailleurs étaient aussi employés par Sol Pearl, qui déduisait 1.000 shekels de leurs salaires pour de supposés paiements à l’avance qui n’avaient jamais été payés et qui a omis de prendre les dispositions légalement requises pour leur assurance médicale. Les tentatives de Kav LaOved pour obtenir que Club Soda paie aux travailleurs leur dû n’ont pas réussi, malgré les premiers signes de bonne volonté de Club Soda.
Salwa Alenat, Kav LaOved