Un jeune Palestinien, Ahmad Salem Sliman Dib, 19 ans, est décédé le 28 avril 2010 après que les forces d’occupation israéliennes lui ont tiré dessus, dans la matinée, près de la frontière avec la bande de Gaza, alors qu’il participait à une manifestation.
Le film, tourné lors de la manifestation par Muhammad Sabah, chercheur de terrain pour B’Tselem dans la bande de Gaza, montre un groupe de militants palestiniens et internationaux marcher cortège depuis le quartier al-Shaja’iya dans l’est de la bande de Gaza à la frontière avec Israël.
Les jeunes, qui n’étaient pas armés, se sont retrouvés à une distance de quelques dizaines de mètres de la frontière, en face un poste militaire israélien. Les images montrent un soldat prendre quatre près du poste militaire. Certains des manifestants ont jeté des pierres en direction du poste. Un seul coup de feu se fait entendre. Le jeune blessé a été évacué pour recevoir des soins médicaux à l’hôpital Shifaa dans la ville de Gaza, et est mort de ses blessures un peu plus tard ce jour-là. Un tir précédent, qui a eu lieu environ dix minutes plus tôt et n’a touché personne, n’a pas été filmé.
Les images contredisent la déclaration du porte-parole de Tsahal selon laquelle « l’armée a agi dans le but d’éloigner les manifestants et a tiré dans le but de les éloigner. La zone de la clôture de la frontière est une zone de combat et la présence d’éléments terroristes met en danger les habitants d’Israël et les forces de sécurité opérant dans la région. »
L’utilisation de tir à balles réelles pour « tenir à distance » est illégale. Les images montrent clairement que les manifestants ne représentaient aucune menace pour les résidents d’Israël ou pour les forces armées. B’Tselem a recensé de nombreux événements où les forces armées israéliennes ont utilisé des moyens meurtriers contre les lanceurs de pierres et des manifestants non armés en Cisjordanie. Depuis mai 2008, au moins huit Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité lors de manifestations. Certains d’entre eux ont été abattus à balles réelles, tandis que d’autres ont été tués par des balles en métal recouvert de caoutchouc ou par des bonbonnes de gaz qui avaient été tirées directement sur eux.
En outre, B’Tselem a recueilli des témoignages au cours des années récentes indiquant que les forces de sécurité ont déclaré de vastes terrains près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza comme « zones mortes», dans lesquelles la réglementation d’engagement permet de tirer sur quiconque y pénètre, même si la personne ne présente pas de danger vital. Certaines de ces zones interdites aux Palestiniens sont des zones agricoles qui représentent une source de subsistance pour de nombreux habitants de Gaza. L’actuelle vague de manifestations fait partie d’un mouvement populaire contre les « zones mortes ». Dans le passé, les responsables ont nié que ces zones avaient été fermées aux Palestiniens, mais aujourd’hui, cette procédure est devenue la politique officielle et l’armée a même distribué des tracts sur la question partout dans la bande de Gaza.
source : B’Tselem
traduction : Julien Masri