
Décembre 2009, ‘Issa Missak :
Je vis avec ma sœur dans le quartier de Tel al-Hawa à Gaza. Depuis 15 ans, j’ai un magasin de vêtements dans le centre-ville.
Je suis chrétien, et à fête de Noël et de Pâques je pars avec des gens de la communauté chrétienne de la ville à l’église de la Nativité, à Bethléem, pour prier et prendre part aux festivités. L’église à Gaza organise notre voyage à travers le bureau de liaison civile palestinienne, qui demande aux responsables israéliens de nous délivrer les permis nécessaires. Nous passons par le barrage d’Erez jusqu’à Bethléem, prier, visiter les lieux saints, participer à des cérémonies, un séjour de quelques jours pour rendre visite aux parents et amis, avant de retourner à Gaza. Ça m’apaise et me rend heureux. Le voyage permet de diminuer le stress et la routine épuisante du quotidien. C’est comme un voyage dans une atmosphère calme et saine.
Il y a deux ans, lors d’une de mes visites à Bethléem j’ai rencontré, grâce à des amis, une jeune chrétienne de la ville. Je me suis assis et je lui ai parlé quelquefois avant de constater que nous avions beaucoup en commun et que nous étions compatibles dans beaucoup de domaines. J’ai senti qu’elle allait être ma compagne de vie pour toujours. Elle a conquis mon cœur et je suis tombé amoureux d’elle, ce qui fut pour moi un sentiment agréable.
Le 28 décembre 2008, alors que j’étais à Bethléem pour Noël, nous nous sommes fiancés et nous avons décidé de nous marier en avril 2009.
Alors que le jour du mariage approchait, j’ai présenté au bureau de liaison palestinien à Gaza une demande de permis pour moi et ma sœur Hanadi. Elle seulement a reçu un permis. Le mien a été rejeté et je ne pouvais pas me rendre à Bethléem pour achever les préparatifs du mariage. J’ai envoyé une demande pour permettre à ma fiancée de venir me retrouver dans la bande de Gaza, de sorte que nous puissions nous marier ici. Elle et sa mère ont reçu un permis pour passer en Israël, mais pas à Gaza. Malgré le refus, ils sont allés à Erez, au point de passage, mais elles n’ont pas été autorisées à entrer à Gaza. En octobre 2009, ma fiancée et sa famille ont de nouveau présenté une demande pour entrer à Gaza afin que nous puissions organiser la cérémonie de mariage ici.
J’ai commandé tout le nécessaire pour la cérémonie, des invitations aux vêtements. Mes amis et mes parents attendaient de prendre part à notre mariage, mais Israël a refusé leur demande. Même l’intervention de l’Eglise n’a pas suffi. En raison du blocus de Gaza, personne ne reçoit de permis. Il est impossible de sortir ou d’entrer.
La situation me laisse un sentiment de tension et d’anticipation. Je crains qu’ils ne laissent pas ma fiancée entrer dans Gaza et ni moi aller à Bethléem, et je ne sais pas si nous pourrons nous marier. La communauté chrétienne de Gaza est très petite et il n’y a presque pas de jeunes femmes. Je n’ai pas beaucoup de chances de me marier ici.
Tout ce que nous voulons faire, c’est nous marier, vivre une vie tranquille et élever des enfants.
‘Issa Admon Diran Missak, 37 ans, vit dans la ville de Gaza et est propriétaire d’un magasin de vêtements. Il a donné son témoignage à Mohammed Sabah le 11 novembre 2009 à la boutique du témoin.
article original sur le site de B’Tselem, traduction Julien Masri