Sharaf, un adolescent acrobate en prison

Encore une fois, un mineur palestinien est victime de l’occupant. Voici la lettre diffusée par l’école du cirque palestinien, un appel à l’action solidaire. Aidons à la libération de Sharaf !

Chers Amis,

Malheureusement, une fois encore, nous avons à annoncer, et à dénoncer, l’arrestation arbitraire d’un de nos étudiants. Jeudi dernier, 4 mars 2010, Nayef Ali Sharaf Alswetat (17 ans) a été arrêté par l’armée israélienne dans un autobus avec un ami et un maître d’école, tandis qu’il se dirigeait vers Djénine.

Sharaf lors d'une représentation
Sharaf lors d'une représentation

Il était environ 14h00 lorsque l’autobus, où Sharaf se trouvait alors qu’il allait vers le point de contrôle de Zatara, dans la région de Naplouse, a dû interrompre sa course. Quatre soldats israéliens ont arrêté les voitures précédant l’autobus. Les documents des passagers n’ont pas été inspectés et les voitures étaient autorisées à passer. Puis vint le tour de l’autobus, qui a été arrêté ; les soldats ont rassemblé toutes les cartes d’identité des passagers pour une inspection. On y a remarqué les papiers de Sharaf, et il a reçu l’ordre de quitter le bus. Sharaf n’avait pas d’autre choix que d’obéir.

Les soldats ont ordonné au conducteur de partir comme s’ils avaient l’intention de détenir Sharaf. Le conducteur à répondu qu’il était en charge de Sharaf, qui est mineur, et devait contacter sa famille avant toute chose. La résistance du conducteur a rencontré la réaction violente d’un soldat, qui a tenté de frapper le conducteur et l’a menacé. Les autres passagers du bus ont été aussi choqués à la vue de ce qui se passait. Le conducteur n’avait pas d’autre choix que d’obéir. Il démarra lentement pour essayer de voir autant qu’il le pourrait de ce qui se passait pour Sharaf, qui a dû être abandonné avec les soldats. Ils les ont vus le fouiller. Alors que l’image de Sharaf devenait de plus en plus petite et que le bus quittait la zone, l’angoisse du conducteur augmentait.

Plus tard, dans la soirée, la famille a réussi à recueillir certaines informations non officielles concernant le parcours de Sharaf et il est apparu qu’il avait été transféré au centre de détention et d’interrogatoire de Huwara, près de Naplouse. Pourtant, même si elle sait où se trouve Sharaf, sa famille n’est pas autorisée à lui rendre visite ni à lui parler au téléphone. Sharaf pourrait être empêché de parler à sa famille et à un avocat pendant 90 jours au maximum, à la discrétion d’un juge militaire. Il pourrait rester en détention sans rien savoir des charges retenues contre lui jusqu’à 188 jours. On pourrait le garder jusqu’à 8 jours avant de le déférer devant un juge ; en attendant, il sera interrogé et probablement soumis à des pratiques cruelles. Nous avons eu un témoignage de première main de ces pratiques, d’un autre élève de notre école qui a été arrêté en août dernier et finalement libéré après trois semaines, des pratiques telles que l’isolement, des techniques d’interrogatoire abusives, des séances d’interrogatoires prolongées, la privation de nourriture et de sommeil.

Sharaf (à gauche) été 2009
Sharaf (à gauche) été 2009

Aujourd’hui, notre entraînement hebdomadaire avec des étudiants venant de toute la Cisjordanie a été profondément triste à cause de l’arrestation de Sharaf. Son enthousiasme irrépressible pour les acrobaties, son caractère généreux et désintéressé nous ont beaucoup manqué. La salle de formation est inhabituellement calme et triste.

Alors que nous sommes confiants dans son caractère mûr et fort qui va l’aider à faire face aux difficiles conditions de détention, nous sommes également très soucieux de son bien-être et de l’impact que ce terrible événement pourrait avoir sur son avenir. Sharaf se préparait inlassablement à ses examens finaux pour être admis à l’université l’année prochaine et, maintenant, il n’a pas d’autre choix que d’attendre ce qu’un juge militaire israélien décidera pour son avenir.

Nous, les Palestiniens de l’école de cirque et sa famille voulons avoir le choix, c’est pourquoi nous encourageons les actions visant à exhorter les autorités militaires israéliennes à libérer Sharaf, y compris à travers le lobbying auprès des membres du parlement israélien, des missions diplomatiques accrédités en Israël, les agents de l’ONU, les décideurs politiques étrangers et les médias.

Nous vous tiendrons informés de toute évolution de la situation de Sharaf.

Le Palestinian Circus School

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