En régime capitaliste mondialisé, les barrières, qu’elles soient territoriales ou éthiques, résistent rarement à l’appât du gain. Depuis la guerre de conquête de 1967 et l’occupation totale du territoire palestinien, l’établissement de colonies par Israël a conduit de nombreuses sociétés transnationales à y développer leurs activités. Ce faisant, celles-ci contribuent à la viabilité de ces entités illégales au regard du droit international et à légitimer leur existence, elles concourent ainsi à les pérenniser et donc à accompagner le processus de dépossession du peuple palestinien, quand elles ne collaborent pas directement au maintien du système d’apartheid.
Cette complicité peut prendre plusieurs visages, et revêtir des formes directes et indirectes.
Bien qu’il incombe juridiquement aux États de veiller à ce que les entreprises dont ils accueillent le siège sur leur territoire ne contribuent pas aux violations du droit international, ils rechignent à prendre les mesures qui s’imposent.
Quelques lueurs d’espoir viennent néanmoins éclaircir ce sombre tableau. Le concept de responsabilité des entreprises dans les violations des droits humains, y compris celles commises de manière structurelle dans le cadre de l’occupation, progresse dans les cercles décisionnels. Fondé cette année, le projet « Don’t Buy Into Occupation » cherche à épingler les multinationales impliquées dans les colonies afin de les pousser à s’en désinvestir. La pression citoyenne peut parfois, quant à elle, conduire certaines entreprises à renoncer d’elles-mêmes au commerce avec les colonies comme l’a fait cet été Ben&Jerry’s, à la grande fureur d’Israël et de ses soutiens habituels.