Naftali Bennett, un informaticien de 37 ans qui a pris ce mois-ci ses fonctions de directeur du YESHA, la fédération des colons israéliens, affirme clairement qu’il n’y aura pas de retrait de « Judée et Samarie », appellation biblique de la Cisjordanie utilisée par les colons qui s’acharnent à nier le fait palestinien. De même, il évoque la perspective d’y tripler le nombre de colons pour qu’il atteigne le million dans le territoire palestinien occupé depuis 1967 : « C’est tout à fait viable d’envisager un million de Juifs vivant en Judée-Samarie ».

Ces colons idéologiques n’acceptent même pas le moratoire illimité dans le temps et partiel dans ses effets (les colonies de Jérusalem-est occupée étant exclues de l’accord) acceptés par Netanyahu. Selon Bennett, « ce serait une grosse erreur de prolonger ce gel. Les Juifs peuvent construire à New York, Moscou et Paris, mais pourquoi ne pourrions-nous pas construire sur notre propre terre? Tout ça c’est dingue ! »
Bennett est un proche collaborateur de Netanyahu jusqu’à l’accession de ce dernier à la tête du gouvernement il y a un an. Il est le premier directeur du YESHA qui ne vit pas lui-même dans une colonie.
Il confie que le message qu’il veut faire passer à l’opinion israélienne est qu’il n’y a pas lieu de faire la distinction entre l’Israël d’avant la guerre de 1967 et les territoires conquis lors de ce conflit, terres sur lesquelles il assure que les Juifs disposent d’un droit biblique. « Je ne vois aucune différence entre la Judée et la Samarie et le reste du pays », affirme-t-il.
Pour Bennett Israël ne peut pas se permettre de se retirer de Cisjordanie ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, car cela permettrait « aux islamistes palestiniens » de tirer des roquettes sur Tel Aviv, comme ils le font de Gaza depuis qu’Israël a redéployé ses forces autour de la bande de Gaza en 2005.
Benyamin Nétanyahou, porte-parole des colons idéologiques

Benyamin Nétanyahou se situe en toute logique sur la même ligne. S’exprimant devant près de 8.000 personnes réunies par le Comité des affaires publiques américano-israéliennes (AIPAC), principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis, le chef du gouvernement israélien a déclaré que les Juifs construisaient à Jérusalem depuis plus de 3.000 ans et qu’Israël continuerait à le faire : « Jérusalem n’est pas une colonie de peuplement. C’est notre capitale », a lancé Benyamin Nétanyahou sous les applaudissements du public.
Selon lui, les colonies israéliennes de Jérusalem-Est sont une partie « inextricable » de la ville sainte et resteront territoire israélien, quel que soit l’accord de paix qui sera négocié. « Donc, construire dans ces quartiers n’empêche en aucune manière la possibilité de la solution de deux États » séparés. On reste songeur : les colonies de Jérusalem-Est divisent la Cisjordanie en deux blocs, séparent les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie et empêchent tout développement futur de ces quartiers. Quel est donc l’État palestinien selon Benyamin Nétanyahou, sinon un archipel d’enclaves isolées les unes des autres et privées de leur centre ?
Ni les Palestiniens ni la communauté internationale ne reconnaissent l’annexion de Jérusalem-Est par Israël, ville occupée en 1967. Environ 250.000 Palestiniens et 180.000 Israéliens vivent à Jérusalem-Est. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est pour être la capitale de leur futur État.
Julien Masri