Le sort tragique des réfugiés

Edito Bulletin 64, juin 2015

Depuis 1948, le sort de la majorité des Palestiniens est d’être réfugiés ou prisonniers dans des geôles israéliennes.

Gaza est le plus grand des camps de réfugiés palestiniens. L’enclave est sous blocus depuis 2007, après avoir été bouclée sporadiquement dès 1991, ce qui empêchait les entrées et sorties de Palestiniens. Gaza est ainsi devenue une prison à ciel ouvert sous la menace permanente d’une offensive de l’armée israélienne, comme ce fut le cas il y aura un an en ce mois de juillet.

Malgré la mobilisation et la condamnation unanime de tous les défenseurs des droits humains, les Nations Unies font montre d’une faiblesse et d’une réserve coupables. Les populations de Gaza attendent – avec le sentiment d’avoir été dupés – l’arrivée de l’aide promise à la suite de l’opération bordure protectrice  ainsi que celle des experts onusiens chargés d’enquêter sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis voici près d’un an.

Entretemps, des dizaines de milliers de Palestiniens, dont des milliers d’enfants, ont été pris au piège dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie où ils vivaient sous la protection de l’UNWRA. Depuis deux ans, ils y étaient enfermés du fait de la guerre civile en Syrie. La plupart d’entre eux ont réussi à fuir sans assistance ni lieu alternatif de refuge. Au début avril, restaient néanmoins encore piégés quelque 18 000 Palestiniens, dont de nombreux enfants, sans eau, sans nourriture ni aide médicale. Des dizaines d’entre eux sont morts de faim.

La situation est critique à de nombreux égards car les réfugiés sont pris en tenaille entre l’armée syrienne et les différents groupes militaires qui tentent de s’imposer dans cette région proche de la capitale syrienne.

Ce qui arrive à Yarmouk, après les multiples massacres commis depuis 1948 sur des réfugiés palestiniens, doit nous mobiliser. Le risque est trop grave de voir se reproduire le même scénario que celui de Gaza en 2014 et celui de Yarmouk en ce début de 2015 dans les autres grands camps de réfugiés palestiniens de la région.

En effet, s’il s’agit très clairement d’un désastre humanitaire dans les deux cas, c’est aussi un désastre politique. Chacun, un tant soit peu au fait de la question palestinienne, peut comprendre que la question des réfugiés palestiniens est au cœur du problème et donc de la solution et de la reconnaissance de la Palestine.

Le processus de paix qui n’existe plus, pour autant qu’il ait un jour réellement existé, ne pourra servir aux Palestiniens que s’il met en avant quatre conditions préalables pour le règlement de la question israélo-palestinienne :

1.- Le retrait immédiat des troupes d’occupation et des colons israéliens ;

2.- Le droit au retour pour tous les réfugiés ;

3.- La libération de tous les prisonniers politiques ;

4.- L’indemnisation des victimes palestiniennes de l’occupation ainsi que pour les destructions et spoliations des biens matériels et immatériels palestiniens.

Certes, cela demandera un réel courage politique, celui qui manque cruellement aujourd’hui aux gouvernants, tant aux Etats-Unis qu’en Europe ainsi qu’aux responsables onusiens. Confrontés à des dirigeants israéliens élus sur la base de leurs exactions armées contre les Palestiniens et sur la peur irrationnelle entretenue vis-à-vis de leurs voisins, les responsables européens, américains et l’ONU accepteront-ils plus longtemps sans réagir les brutalités, les crimes et le racisme permanent à l’égard des Palestiniens victimes des guerres multiples qui sévissent dans la région ?

Entretemps, que reste-t-il aux Palestiniens du rêve et de l’ambition de construire un Etat de Palestine dans leur pays, dans les frontières de 1967 ? Toutes les tentatives du terrorisme d’Etat israélien visant à briser toute résistance palestinienne ne sont pas parvenues à la réduire. Elle survit, créative et multiforme ; tous ceux qui ont décidé d’aller en Palestine lors des missions civiles ont pu s’en rendre compte : la résistance est politique, militaire, sociale, économique et culturelle.

A leurs côtés, avec les Israéliens contre la guerre et anticolonialistes, nous devons plus que jamais soutenir les initiatives de l’ABP car elles sont l’expression la plus noble de notre solidarité indéfectible avec un peuple exemplaire de courage et de détermination pour le triomphe de sa juste cause.

Pierre Galand

Président

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