Trois jours de conférence à Bil’in : leçon de résistance

Les intervenants de la conférence “De Bil’in à Gaza” ont tenu à rappeler que la souffrance du peuple gazaoui était également la souffrance des Palestiniens en Cisjordanie, qu’il fallait s’unir pour affronter l’occupation et en finir avec les massacres et l’oppression.

militants de Bil'in - photo : Hamde Abu Rahme
militants de Bil'in - photo : Hamde Abu Rahme

Du mercredi 21 au vendredi 23 avril a eu lieu la cinquième conférence annuelle sur la Résistance Populaire Palestinienne à Bil’in, qui donne l’occasion de rencontrer et d’échanger sur la situation palestinienne [1].

Durant trois jours, conférences, ateliers et discussions se sont succédées sous une tente dressée à l’entrée du village de Bil’in, situé près de la ville palestinienne de Ramallah. Au programme du premier jour, des discours de différents officiels venant d’Europe et de Palestine, dont Salam Fayyad, Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Ensuite, de nombreuses conférences se sont déroulées sous la tente dressée pour l’occasion alors que les journalistes, internationaux, Palestiniens et Israéliens intéressés par la conférence se relayaient auprès du service d’inscription.

Parmi ces conférences, ont été abordés les sujets de Gaza, de Jérusalem, du boycott d’Israël, de la promotion de la culture de résistance, des actions internationales et bien d’autres, touchant tous à un bilan de la situation du peuple palestinien, de l’occupation israélienne et des solutions possibles pour libérer la Palestine.

Les intervenants de la conférence “De Bil’in à Gaza” ont tenu à rappeler que la souffrance du peuple Gazaoui était également la souffrance des Palestiniens en Cisjordanie, qu’il fallait s’unir pour affronter l’occupation et en finir avec les massacres et l’oppression. En effet, depuis l’opération lancée par l’armée Israélienne en décembre 2008, la souffrance et l’isolation frappent encore les habitants de la Bande de Gaza. Cette conférence, tenue par vidéo avec des intervenants en direct de Gaza, a permis à plusieurs Gazaouis de s’exprimer sur leur situation réelle. Parmi eux, une femme a particulièrement retenu l’attention du public en racontant comment sa maison et celle de sa fille ont été démolies, que son beau-fils est depuis trois ans en prison et qu’elle souffre du coeur après tant de malheurs. Le message adressé au public de l’évènement était de ne pas oublier Gaza, que ce sont des Palestiniens et qu’ils ont autant besoin d’aide que les Cisjordaniens.

Quant au cas de Jérusalem, l’Archevêque Dr. Atallah Hanna du Patriarcat Grec Orthodoxe de Jérusalem, intervenant sur le sujet, a rappelé que les gens veulent vivre avec dignité sur leurs terres, comme les habitants du quartier de Jérusalem Est Sheikh Jarrah qui souffrent beaucoup mais continuent le combat pour garder leurs maisons hors des mains des colons Israéliens. Il en a profité pour lancer un appel à l’Autorité Palestinienne, dont “c’est le devoir de trouver des programmes à long terme pour soutenir les Palestiniens de Jérusalem”. Aujourd’hui, 88 maisons sont menacées de destruction à Sheikh Jarrah. “Nous ne partirons pas tant que nous aurons des enfants, des emplois et des maisons à Jérusalem” semble être le mot d’ordre de la résistance populaire des Palestiniens de Jérusalem.

Les intervenants ont également mis l’accent sur le fait que les Israéliens empêchent d’aller prier librement à Jérusalem, et pas seulement les Palestiniens mais également des croyants venus de partout dans le monde, une déclaration qui rappelle la situation des musulmans chaque année le dernier jour du Ramadan et plus récemment l’arrestation de plusieurs Catholiques de Bethléem qui ont tenté de traverser le checkpoint de Gilo afin d’aller prier à Jérusalem.

Une initiative intéressante a été tentée pour cette cinquième conférence de la Résistance Populaire à Bil’in, qui est celle d’accueillir des activistes internationaux afin de venir parler de leur vision de la résistance palestinienne. Deux interventions ont été particulièrement marquantes. La première est celle d’une jeune activiste israélienne, Sahar Vardi, de la plateforme israélienne contre l’occupation, a raconté son parcours, de jeune sioniste à la militante convaincue du droit des Palestiniens à vivre libres. C’est à Bil’in qu’elle était venue la première fois en Cisjordanie, afin de constater quelle était la réalité de l’occupation, une expérience qui l’a marquée profondément. Mercredi, elle a tenu à marquer son soutien à la lutte non-violente palestinienne et a donné un message d’espoir aux Palestiniens : “Si vous subissez autant d’ordres militaires et de répression ces derniers temps [2](…), c’est que la résistance marche !”.

La deuxième intervention marquante était celle d’un Barcelonais, David Bondia, qui a dénoncé l’hypocrisie de l’Union européenne qui reste silencieuse devant tant de répression, tout en déclarant son soutien au peuple palestinien. “On doit crier contre le crime du silence, car c’est important de parler de paix, mais pas à n’importe quel prix ! On doit exiger des réparations à Israël pour ses crimes contre l’Humanité et ses violations des Droits de l’Homme”, a-t-il clamé haut et fort à la conférence.

Jeudi, ce sont des ateliers et des visites de terrain qui ont animé la journée des internationaux, Israéliens et Palestiniens venus se réunir pour renforcer la résistance non-violente, et vendredi ils ont pu participer à la manifestation hebdomadaire de Bil’in contre le Mur et les colonies, qui perdure malgré les interdits, les arrestations de plus en plus nombreuses et la répression de plus en plus violente.

Cette année, la manifestation du vendredi 23 avril était à l’honneur de Bassem Abu Rahma, tué à l’âge de 31 ans le 17 avril 2009 lors d’une manifestation à Bil’in.

Ecrit par Monique Poupon
23/04/2010source PNN


Plusieurs témoignages et interventions en anglais français et arabe pendant la première journée de la Conférence. Parmi eux deux universitaires, Sa’ed Abu Hijlah, de l’ Université Al-Najah (Naplouse) et Mazin Qumsiyeh, des Universités de Bethléem et Birzeit appellent (en anglais) à la solidarité contre l’occupation et à participer à la campagne BDS :

[1] voir an anglais la déclaration de clôture

[2] nda : Bil’in est une zone militaire fermée

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