Avant la création d’Israël, il y avait en Palestine près de 807 villes et villages. Entre 1947 et 1949, 479 d’entre eux furent occupés par les sionistes et près de 417 furent détruits ou transformés en champs de broussailles, en parcs naturels ou en kibboutzim. Or la vie d’un Palestinien se passait généralement au village qui était sa principale unité sociale et économique : il travaillait, construisait, se mariait dans son village.
Cette primordialité de l’appartenance à un village était si forte que même dans les camps de réfugiés, les gens se regroupaient par clan et par village. La mémoire palestinienne qui était transmise de père en fils était d’abord la mémoire du village natal dont on connaissait les moindres détails : le nombre de figuiers, l’emplacement de l’église ou de la mosquée et du puits, etc.1 Aussi, le camp a-t-il préservé les valeurs et les traditions villageoises : bref, la mémoire de village.
Mais le camp de réfugiés a joué un rôle plus important encore : en concentrant tant de mémoires morcelées dans un même espace confiné, vivant les mêmes difficultés, soumis aux mêmes pressions et éprouvant les mêmes besoins, le camp va fusionner les mémoires villageoises en une sorte de mémoire collective : une véritable conscience de l’identité palestinienne.
Le camp va dès lors cristalliser l’identité nationale palestinienne, au grand étonnement d’ailleurs des sionistes qui, jusqu’à aujourd’hui, vont continuer de “reprocher” aux Palestiniens de ne pas se dissoudre dans le corps social arabe et aux Etats arabes d’avoir utilisé « les réfugiés » comme arme de combat.
Cette sortie de l’invisibilité, à travers la fusion des mémoires villageoises et le lien avec le pays natal, est d’abord l’œuvre des réfugiés eux-mêmes. L’OLP, créée en 1964, sur le tard, devient le « lieu » où se retrouvent tous les « territoires sociaux » des composantes fragmentées de la société palestinienne2 Mais on peut dire que jusqu’à la guerre de 1967, tant pour Israël que pour le monde extérieur, surtout les Etats-Unis et l’Europe, les Palestiniens ne constituent pas une nation mais un groupe de réfugiés 3
Après la défaite arabe de 1967, le Palestinien resurgit sur la scène du Moyen-Orient dans la figure du « résistant » (Fidayï). Déjà, le 1er janvier 1965, la Résistance palestinienne déclenchait la première opération militaire contre l’armée israélienne d’occupation. Mais l’après-guerre de 1967 marque un tournant majeur dans la mesure où les Palestiniens accèdent à la visibilité. Expulsés de la géographie de Palestine, pour la moitié d’entre eux, incrustés au sol, pour l’autre moitié (Palestiniens d’Israël et Palestiniens sous occupation israélienne en Cisjordanie et Gaza), les Palestiniens ne peuvent plus être rejetés hors de l’histoire.
Ils sont désormais au cœur de l’histoire du Moyen-Orient. C’est sûrement le nœud du drame israélien puisque les Palestiniens font partie du paysage que les sionistes voudraient coloniser, et ils sont des acteurs historiques : par la résistance militaire (bataille de Karameh 1968), par la résistance pacifique (première Intifada 1987-93), par l’initiative politique (discours de Arafat à l’Assemblée générale des Nations Unies en 1974, proclamation de l’Etat palestinien en 1988, les négociations secrètes à Oslo 1993) et surtout par la mobilisation culturelle (depuis les premiers centres de recherche à Beyrouth avant 67 jusqu’au développement des universités à l’intérieur des Territoires occupés et la mobilisation des mouvements associatifs, etc.).
Ce n’est pas étonnant, dès lors, que toute la stratégie israélienne après 1967 se soit concentrée sur l’impératif d’expulser les Palestiniens hors de l’histoire :
- Politiquement, en discutant d’un vague projet d’autonomie pour eux avec Sadate : Camp David 1979 ;
- Militairement, en forçant l’OLP à l’exil : Beyrouth 1982 ;
- Diplomatiquement, en refusant une délégation palestinienne autonome à la conférence de Madrid en 1991 et en disqualifiant l’Autorité palestinienne et sa direction depuis 2000 jusqu’à 2003.
De Yigal Allon jusqu’à Sharon, cette stratégie est restée invariable en dépit de l’intermède d’Yitshak Rabin. Pour rappel, Yigal Allon n’avait de cesse de répéter « Les Palestiniens ont déjà un foyer national en Transjordanie ». L’OLP est un « ramassis de bandes terroristes en désaccord entre elles »4
Quant à Begin, son obsession était l’OLP, qu’il qualifiait lui aussi de « terroriste » « Bien sûr, si l’OLP cessait d’être l’OLP, nous pourrions cesser de la considérer comme telle. Ou si le tigre se transformait en cheval, nous pourrions l’enfourcher»5. Begin oubliait naturellement qu’il était lui-même, avant la création de l’Etat d’Israël, le chef de ce que les Britanniques qualifiaient de « bande terroriste ».
Il s’agit, dans cette vision israélienne, de refouler les Palestiniens hors de leur espace (ils ont déjà un Etat en Jordanie) et de discréditer leur organisation représentative, l’OLP : une « bande de terroristes ».
Mais avec Begin, le discours sécuritaire se fait sous des atours mystiques : « Les Israéliens ont le droit de s’installer sur tout le territoire d’Eretz-Israël (la Palestine). Ce qui a été pris injustement (par les Arabes) ne crée pas un droit. Telle est la loi internationale : cette terre nous a été promise (dans la Bible) et nous avons droit sur elle6.
Shamir ne disait pas autre chose à l’ouverture de la conférence de Madrid en 1991 et Sharon ne dit pas autre chose en 2003. Pour celui-ci « la guerre d’indépendance » de 1948 n’est pas terminée. Dans ses mémoires publiées en 1990, il rappelait qu’il ne pourrait exister deux Etats car les Palestiniens ont déjà un Etat en Jordanie7.
C’est clair : en Israël-Palestine, nous nous trouvons face à deux peuples singuliers à beaucoup d’égards par les noms qu’ils portent (Israël-Palestine), par la « mémoire longue » qu’ils convoquent, par le territoire qu’ils se disputent (berceau de religions), par les passions transnationales qu’ils suscitent, par les interférences extérieures qui s’exercent sur eux. Ceci nous éclaire sur la focalisation des médias sur le conflit israélo-palestinien et sa centralité symbolique.
Dans le conflit qui s’envenime depuis un siècle, nul doute que le peuple palestinien a été le vaincu de la géopolitique. Il a perdu 78% de son territoire et doit « marchander » les 22% restants. Deux tiers de sa population (4,7 millions aujourd’hui) a été déracinée et transformée en réfugiés. Et ce peuple continue à subir les assauts d’un Israël toujours en expansion dont les pratiques frisent la discrimination la plus éhontée, et qui, pourtant, se referme sur ses propres peurs, au point de devenir « autiste » face à l’Autre : le Palestinien.
Que les directions palestiniennes, anciennes et actuelles, n’aient pas été à la hauteur des défis, accumulant les erreurs et les errements, voilà qui ne souffre aucun doute. C’est désolant d’avoir une des causes les plus nobles et les avocats les moins futés, incapables de convaincre leur peuple et les opinions internationales, incapables de parler à leurs adversaires et de transformer une cause juste en une évidence.
Telle est brièvement décrite la raison principale de l’impasse : l’expansion continue d’Israël et l’incapacité des Palestiniens à l’endiguer. Mais comment peut-on s’extraire de cette impasse ?
Par un travail sur la mémoire
J’ai déjà rappelé que nous sommes en effet face à deux peuples qui ont un passé qui ne passe pas : un passé toujours présent. Parce que les identités palestinienne et juive constituent une accumulation d’expériences qui plongent leurs racines dans le fond de l’histoire, et de traumatismes anciens et plus récents, de blessures toujours béantes, on se trouve face à deux communautés enfermées sur leur propre malheur. Le témoignage mémoriel, la Shoah pour les uns, la Nakba pour les Palestiniens, est si fort que les deux communautés semblent vissées à leur passé au point d’hypothéquer leur avenir. En ce sens, le futur est pris en otage par le passé, parce que les mémoires dans les deux cas fonctionnent comme les gardiennes de la problématique du rapport représentatif du présent au passé, pour paraphraser le philosophe Paul Ricœur8.
Certes, la mémoire se nourrit de l’exigence existentielle de toute communauté pour qui la convocation du passé est un élément essentiel de la construction de son être collectif. Mais il y a toujours le risque – comme nous l’avons vu dans le rapport du sionisme et d’Israël aux Palestiniens – que le besoin de légitimation de construction de l’identité ne conduise à une réécriture du passé qui déforme ou occulte les apports du savoir historique contrôlé 9. Le rôle des historiens est justement le repérage de ces impostures. C’est ce que font les quelques « nouveaux » historiens israéliens afin de corriger, voire de démentir, la mémoire collective israélienne qui se referme sur ses propres représentations et sur ses propres souffrances au point de se rendre sourde et aveugle aux souffrances de l’autre communauté, à savoir la communauté palestinienne. Or, l’interrogation de Paul Ricœur est essentielle : « Que serait la mémoire heureuse qui ne serait pas aussi une mémoire équitable ? »10.
Dans le cas d’Israël en particulier, une mémoire « équitable » est essentielle pour faciliter la réconciliation et préparer l’avenir. Car nous nous trouvons, d’un côté, face à une forte mémoire légitime et compréhensible de la Shoah avec une hypertrophie d’instruments de mémoire : musées, monuments, bibliothèques et archives, etc. Et de l’autre côté, à une sous-mémoire de la Nakba, c’est-à-dire une minimisation et une occultation de la souffrance palestinienne. En d’autres termes, on a l’impression que le récit historique sur la Shoah s’est construit à partir de la mémoire, mais que l’histoire officielle israélienne du sionisme réel en Palestine s’est construite contre la mémoire palestinienne.
Comme si l’identité israélienne, pour se construire, avait besoin d’une non-identité autre. C’est ici que la notion de fidélité à la mémoire entre en collusion avec la vérité de l’histoire. On comprend dès lors l’irritation de Paul Ricoeur, contre les détournements du devoir de mémoire trop volontiers convoqué pour court-circuiter le travail de l’histoire, ce qui conduit Pierre Nora à faire cette réflexion magnifique : « la contamination commémorative est allée jusqu’à faire fleurir une histoire hypercommémorative et proliférer une race d’historiens improvisés qui se mettent héroïquement au service d’une mémoire purement militante »11. Il suffit de lire à cet égard le livre des mémoires de Begin, Shamir, Peres, Rabin, et Sharon, pour ne citer que ceux-là, pour se rendre compte de la distance entre le fait historique avéré et l’événement réel remémoré.
Il a fallu une grande distance temporelle entre l’historien israélien et son objet, pour qu’une nouvelle histoire soit entamée. S’est-on demandé pourquoi il a fallu attendre les années 80 pour que surgissent les « nouveaux historiens israéliens » ? Fallait-il attendre qu’Israël soit sûr de sa force et enfin hors de toute menace existentielle ? Ou qu’Israël ouvre ses archives ? Ou que l’importance de la matrice mémorielle diminue ? Ou que des historiens, eux-mêmes, se sentent mal à l’aise avec une histoire qui n’était qu’un simple habillage de la mémoire ? Ou qu’à l’approche d’une solution qui se profilerait à l’horizon, apparaisse le souci de réaliser un « travail sur la mémoire », même s’il faut pour cela aller ‘contre’ la mémoire.
Cette évolution, positive mais limitée, de la recherche historique prouve à l’évidence ce qu’on peut appeler la « pluralité des mémoires » en Israël-Palestine. La mémoire israélienne sur les événements qui ont précédé et suivi la création d’Israël est entrée en collusion avec la mémoire palestinienne. Il y a donc une « complicité intrinsèque des mémoires » qui ne pourrait s’estomper que par le travail de l’histoire et par le souci des uns et des autres de se libérer de la hantise du passé pour faire de la place au futur. Mais comment les Palestiniens, victimes de la géopolitique, et dont le malheur s’étale toujours dans les camps de l’exil et dans leurs espaces occupés et meurtris, peuvent-ils oublier un passé qui est toujours présent dans des événements dont la puissance traumatique ne relève pas du souvenir mais du vécu quotidien ? Par le rétablissement de la vérité historique, par la reconnaissance des souffrances qui leur ont été infligées et une volonté réelle de la part des « vainqueurs » de réparer les torts causés et enfin par la mise sur pied d’une Commission de Vérité-Réconciliation (sur le modèle sud-africain).
Aujourd’hui, une telle commission est difficilement envisageable dans le contexte israélo-palestinien actuel: le conflit est en cours, plus virulent que jamais. Les esprits ne sont pas assez rassérénés pour accepter le verdict des vrais historiens. Et les cœurs ne sont pas assez apaisés pour s’engager sur la voie de la réconciliation. Le modèle sud-africain convient parfaitement au « jour d’après » dans un contexte post-conflictuel. Mais Palestiniens et Israéliens se retrouveront tôt ou tard autour de la table des négociations. La Communauté internationale réclame une « solution » car le maintien de cet abcès de fixation dans une zone aussi sismique non seulement ne se justifie plus mais devient de plus en plus dangereux pour la stabilité de la région et du monde. Une solution sera peut-être trouvée, reflétant le rapport de forces réel ou tel qu’il est perçu des principaux protagonistes. Des signatures pourraient être apposées au bas de documents officiels, signés par des responsables israéliens et palestiniens et contresignés par des parrains et témoins extérieurs.
Tout ceci est du domaine du possible. Mais une chose demeure : pour faire le deuil du passé et fonder la réconciliation sur des bases solides comme en Afrique du Sud, il faut une commission « Vérité et Réconciliation » pour aider au travail du souvenir (la mémoire) et à son dépassement (le pardon).
Rappelons d’abord ce qu’a été la Commission « Vérité et Réconciliation » en Afrique du Sud (1996-1998)12. La Commission sud-africaine « Vérité et Réconciliation » a commencé ses travaux en 1996, après d’intenses négociations entre les ennemis d’hier : le parti national (NP) et le Congrès National Africain (ANP). Il s’agissait de faire la lumière sur la « mémoire de l’apartheid » à partir des récits d’expériences vécues par ses acteurs et ses victimes. Les audiences qui ont duré jusque 1998, permettaient à travers les souvenirs racontés, d’assister, voire de participer « à l’instar d’une messe, au mystère du surgissement de l’absent »13.
Le rapport de la Commission14 déposé le 29 octobre 1998 devait refermer « le livre du passé sur la vérité enfin révélée à tous : restitution de la voix des victimes, invalidation de l’excuse morale « Je ne le savais pas »15. Et tout cela pour aider au pardon, mais sans jamais oublier.
La Commission cherchait-elle à s’instituer comme une Cour de Justice, en fonctionnant comme « un confessionnal » ? C’est une question qui a toujours intrigué des spécialistes qui ont écarté l’idée d’une Cour de Justice tout en affirmant que la réconciliation en Afrique du Sud devait passer par la nécessité impérieuse de faire entendre la vérité à propos de l’apartheid pour guérir les effets des traumatismes qu’il a causés, et surtout pour clore une page sombre de l’histoire et inventer une nouvelle modalité d’un « vivre-ensemble » dans un pays habitué au « vivre-séparé ».
La leçon qu’Israéliens et Palestiniens peuvent puiser dans cette expérience magistrale de réconciliation sud-africaine, c’est qu’il sera vain de chercher à fermer le passé avant de l’avoir ouvert à tous, car la bataille du futur se livre sur le terrain du passé. C’est le sens de la réflexion de l’archevêque Tutu dans la préface du rapport : « Il est dans l’intérêt du futur de venir à bout, comme il faut, du passé »16.
La faille de la négociation israélo-palestinienne est que celle-ci se fonde essentiellement sur un rapport de force, fait table rase de la période déterminante du début du sionisme à la guerre de 1967 en passant par la création d’Israël en 1948. Le fait que les négociations portent sur les effets de la guerre de 1967 (occupation et colonisation) permet aux Israéliens de faire avaliser par les Palestiniens la dilatation illégale du territoire d’Israël de 1948 à 1967, et de faire croire que le passé est « révolu », et donc, ne doit pas « polluer » la négociation.
Plus que les questions épineuses et sensibles du partage de souveraineté à Jérusalem ou de l’illégalité des colonies juives dans les territoires palestiniens, c’est le refus des Israéliens de reconnaître leur pleine responsabilité dans la tragédie des réfugiés palestiniens, avec tout ce que cette reconnaissance implique, qui a fait capoter les négociations de Camp David en juillet 2000.
Pour les Palestiniens, cette reconnaissance est primordiale non seulement pour sa valeur thérapeutique (effet de guérison), mais pour sa valeur restauratrice (redressement des torts subis), et libératrice (libération de l’histoire des filets de la mémoire sélective et instrumentale).
C’est après cette reconnaissance et non avant qu’un dirigeant palestinien pourra déclarer « clos » le conflit et s’adresser aux Israéliens dans ces termes : « Ce que mon peuple a souffert du fait du sionisme et de l’établissement d’Israël sur notre terre, nous ne l’oublierons jamais, mais nous vous pardonnons et je vous invite à bâtir avec nous un avenir solidaire ». Reconnaissance des torts causés, réconciliation, réparation, pardon, telle est donc la nouvelle utopie, la seule capable de nous extraire de la plus terrible des impasses : celle de l’injustice.
Professeur Bichara KHADER,
UCL
- CIRPES : Palestine : mémoire et territoires, Cahiers d’Etudes stratégiques, n°14, Paris, 1989.
- Elias Sanbar : « l’Intifadah en Palestine », in CIRPES p.cit. p.86
- Pour la perception européenne du problème palestinien, voir Bichara Khader : L’Europe et la Palestine : des croisades à nos jours, L’Harmattan, Paris, 1999, pp.339-354.
- Allocution au Comité central du parti travailliste, le 9 nov. 1972 in Yigal Allon : Israël : la lutte pour l’espoir, Paris, Stock, 1977, p.257 et 204.
- Déclaration de Begin in Davar, 12 déc. 1978.
- Ibid
- Ariel Sharon : Mémoires, Stock, Paris, p.660
- Paul Ricoeur : La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli, Paris, Le Seuil, 2000.
- Cf. Roger Chartier : « le passé au présent » in Le Débat, n°122, nov-déc. 2002, p.5.
- Paul Ricoeur : p. cit. p.650.
- Pierre Nora : « Pour une histoire au second degré », Le Débat, n°122, nov-déc. 2002, p.30
- Plus de détails in Bogumil Jewiewicki : « De la vérité de mémoire à la réconciliation », in Le Débat, n°122, nov-déc. 2002, p.63-77.
- Ibid., p.64
- Truth and Reconciliation Commission of South Africa Report, Le Cap, 1998, 5 volumes
- Bogumil Jewiewicki, art. Cit. p.64
- Cité par Bogumil Jewiewicki : » ibid, p.68.