Les dattes palestiniennes sur les étals de Belgique ?

Parmi les projets soutenus par le PARC, on trouve, à quelques kilomètres de Jéricho, une palmeraie, un entrepôt et une usine de conditionnement des dattes. « Cette année, la production palestinienne de dattes atteindra les 8000 t, c’est une très bonne année » affirme Mohamed, qui nous fait visiter les lieux. Dans l’usine, un petit groupe d’ouvriers s’active : il faut répondre à une commande européenne.

mise en boîte
mise en boîte

Les dattes brunes sont placées, les unes à côté des autres, dans des petites boîtes cartonnées beiges. Derrière les ouvriers, la chaîne de traitement des dattes est flambant neuve : les fruits passent sur un tapis roulant où elles sont lavées avant d’être séchées par de puissants ventilateurs. Des ouvriers retirent les fruits abîmés et ceux impropres à la consommation. Les premiers serviront à confectionner la pâte de dattes qui est utilisée entre autres pour la confection de pâtisseries, les seconds seront jetés. Ensuite, la machine reprend le contrôle des opérations, chaque fruit est pesé et photographié afin d’être classé selon son calibre. Chaque fruit tombera automatiquement dans un container suivant sa taille et son poids.

Sous le soleil de novembre, nous sortons en direction des entrepôts, une dizaine de mètres plus loin. Une rampe s’enfonce dans le sol, jusqu’à la porte d’un hangar souterrain. Les réfrigérateurs où arrivent les récoltes des agriculteurs palestiniens se trouvent sous le niveau du sol. Sur le couloir qui forme un angle droit s’ouvrent une demi-douzaine de portes. Chacune est équipée à l’arrière d’un système qui projette un mur d’air froid qui empêche la poussière d’entrer dans les salles froides. À l’intérieur, des tonnes de dattes attendent soient leur traitement, soit leur exportation. Au-dessus, le bâtiment s’élève au-dessus du sol : le PARC forme des ingénieurs agricoles. Il y a des salles de cours, une cuisine, un petit dortoir.

un tronc avec les plants-filles
un tronc avec les plants-filles

À l’Est, la plus grande parcelle est occupée par une palmeraie. Celle-ci s’étend largement au-delà d’un fossé de près de 2 m de profondeur. C’est un reste des fossés construits avant la guerre de 1967. Après l’occupation de la Cisjordanie, l’armée israélienne avait interdit aux Palestiniens de dépasser cette tranchée. Lorsque les premiers dattiers ont été plantés de ce côté-ci, l’armée a essayé d’intimider les agriculteurs qui ont pourtant persévéré. Car l’histoire de ces palmeraies n’est pas un long fleuve tranquille. Au départ, la variété Mejdoul n’existait que dans les colonies israéliennes de la vallée du Jourdain. Ce palmier se reproduit par rejets, les plants-filles commencent à pousser à la base du tronc de l’arbre-mère. Les dattes produites par les agriculteurs palestiniens se vendaient moins bien que les gros fruits sombres de leurs concurrents des colonies israéliennes. Ils ont alors commencé par acheter quelques plants aux colons. Rapidement, les agriculteurs palestiniens ont pu constituer un bel ensemble de palmeraies qu’il est possible de visiter aujourd’hui.

le sel qui imprègne les sols
le sel qui imprègne les sols

Si les agriculteurs ont dû se procurer les palmiers, ils doivent aussi se battre pour conserver leurs terres. Dans la région de Jéricho, la salinisation des sols est importante, d’autant que la qualité de l’eau fournie par la compagnie israélienne Mekovot laisse à désirer, étant parfois presque saumâtre. Les auréoles blanchâtres sur le sol et les buissons d’une plante qui affectionne le sel attestent du danger qui menace les palmeraies palestiniennes de la vallée du Jourdain.

Après s’être battus pour se réapproprier leur terre, pour planter des dattiers, pour faire croître une palmeraie avec une eau presque saumâtre, les producteurs palestiniens de dattes doivent encore se battre de l’autre côté de la Méditerranée, pour vendre leur production sur les étals de Bruxelles où l’on trouve encore trop systématiquement les dattes produites par les colonies israéliennes dans la vallée du Jourdain occupée. Aujourd’hui, la Palestine propose ses produits, les agriculteurs n’ont besoin que d’une chose : de la publicité !

Il est possible de contacter les producteurs via le site du commerce équitable palestinien.

Le Département du Commerce Equitable du Palestinian Agricultural Relief Committees (PARC)

Directeur du Département du Commerce Equitabl
Saleem Abu Ghazaleh
E-mail: Saleem@pal-arc.org

Adresse Palestine, Ramallah, Al Ma’ahed Str, PARC Building
P.O Box: 25128 Shu’fat, Jerusalem
Téléphone + 972 2 2963840
Fax +972 2 2963850
à consommer sans modération !
à consommer sans modération !
Julien Masri

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