Bulletin 58, novembre 2013
Le blocus israélien
On dit qu’il a commencé après l’élection du Hamas et a été renforcé après la prise de pouvoir du Hamas (2007) quand Israël a déclaré Gaza « entité ennemie ». En fait, il existe depuis les accords d’Oslo. C’est le COGAT (organisme militaire) qui décide des biens qui peuvent entrer et en calcule la quantité. Les matériaux de construction, le gaz, les produits nécessaires à l’assainissement des eaux mais aussi certains aliments sont/ont été interdits. Actuellement, sur les 4 points de passage des marchandises, trois ont été fermés et seul Kerem Shalom fonctionne encore mais il est sous-équipé. Le passage des personnes est restreint aux marchands, aux malades avec accompagnant et aux employés des organisations internationales. Même pour ces catégories, les refus de permis sont nombreux.
Résultats : chômage : 34,5% ; dépendance à l’aide humanitaire : 80% de la population ; insécurité alimentaire : 57% (OCHA).
Les terres cultivables sont à 35% inaccessibles (zone de 300 à 500 m le long de la frontière avec Israël) ; les pêcheurs ne peuvent dépasser les 3 milles marins (contre les 20 milles prévus dans les accords d’Oslo) sous peine d’être l’objet de tirs, de voir leur bateau arraisonné et confisqué ou d’être emprisonnés : le nombre d’incidents a doublé depuis 2012.
L’eau de l’aquifère est à 90% impropre à la consommation, ce qui oblige la population qui le peut à acheter de l’eau potable. D’ici 2020, Gaza n’aura plus d’eau potable (ONU).
Ce sont 90 millions de litres d’eaux usées non traitées qui sont rejetés dans la mer, faute d’avoir pu être traitées (produits de traitement interdits).
Vu les restrictions en fourniture d’électricité imposées par Israël et le manque de carburant pour la centrale électrique de Gaza (qui couvre 30% des besoins de Gaza à plein régime), les coupures d’électricité sont quotidiennes.
Au niveau santé, 27 des 128 médicaments essentiels sont en rupture de stock et 16 d’entre eux sont en nombre limité.
Les exportations sont quasi inexistantes.
L’Egypte : destruction des tunnels et passage de Rafah
Les tunnels ont constitué depuis le blocus une sorte de poumon pour la bande de Gaza, notamment pour le carburant, le gaz ménager et les matériaux de construction mais aussi pour l’approvisionnement en nourriture et autres biens de consommation. Sous Moubarak, le passage de Rafah était difficile et lors de l’opération « Plomb durci » (2008/2009), l’Egypte n’a pas ouvert ses frontières. Après la destruction partielle de la frontière à Rafah (2009), Moubarak a fait construire un mur de fer enfoncé jusqu’à 20 m de profondeur et l’armée a inondé des tunnels. Néanmoins, bon nombre d’entre eux ont continué à fonctionner. Avec le gouvernement de Morsi, la population a espéré une ouverture. En réalité, il y eut peu de progrès. Depuis le renversement de Morsi, l’armée égyptienne aurait détruit 80% des tunnels et a entrepris de créer un no man’s land le long de la frontière.
Pour le PAM (programme alimentaire mondial), cette situation menace la sécurité alimentaire des habitants et, selon OCHA, la fermeture des tunnels provoque d’importantes pénuries et une hausse considérable des prix, notamment pour les matériaux de construction et les combustibles.
Par ailleurs, des navires militaires égyptiens tirent sur les pêcheurs et des avions survolent le sud de la bande de Gaza.
Enfin, le nombre de voyageurs autorisés à passer a chuté dramatiquement, notamment parce que le terminal est régulièrement fermé sous prétexte de violences dans le Sinaï dont l’armée accuse le Hamas d’être l’instigateur.
L’Europe et les USA sont complices
En 2006, l’Europe et les USA ont non seulement refusé le résultat des élections mais ils ont refusé de traiter avec le Hamas qu’ils ont mis sur la liste des organisations terroristes. Cette politique a renforcé le blocus imposé par Israël à Gaza.
Aujourd’hui, pris entre deux feux, ce sont 1 701 437 personnes qui sont donc soumises à une punition collective et à une vie indigne.
UNE SEULE SOLUTION : LA LEVEE IMMEDIATE DU BLOCUS DE GAZA.
Marianne Blume