Bulletin 58, novembre 2013
Les impacts dévastateurs du blocus israélien actuel sont très visibles dans la vie quotidienne des habitants du territoire. Les conversations quotidiennes entre les gens ici à Gaza traitent des pénuries en énergie, de la fermeture du point frontalier de Rafah, de la disponibilité ou non des produits alimentaires sur les marchés de Gaza.
par Ayman Qwaider
Le blocus a encore poussé plus loin ses effets en attaquant le tissu social de la communauté et l’état psychologique des individus. En guise d’exemple, l’essentiel des discussions, les soirées en famille, vont consister à parler des coupures d’électricité qui ont atteint la durée sans précédent de 12 heures par jour. Ma mère tentait de se réjouir du fait que l’autre jour, comme l’électricité n’avait pas été coupée au moment prévu, elle ait pu terminer ce qui restait de travaux domestiques.
Pour apprendre leurs leçons, mes frères et soeurs doivent gérer leur temps selon les moments de fourniture en électricité. Quand celle-ci est coupée, ils font leurs devoirs à la lueur de bougies. Ma mère prépare les repas et s’occupe de ses enfants à la lumière des mêmes bougies. C’est cela, la vie quotidienne à Gaza et ce, depuis 7 ans…
Les soirées dans Gaza sont incroyablement bruyantes car les Palestiniens utilisent des générateurs pour remédier aux pénuries en énergie électrique. L’utilisation de générateurs est non seulement dommageable pour l’environnement à cause des émanations toxiques qui s’en échappent, mais aussi parce que cela perturbe gravement la tranquillité psychologique des habitants. Je vis pour ma part dans un quartier très peuplé de la ville de Gaza. De la fenêtre, on ne peut voir que des murs de parpaings, à cause du taux de concentration des habitations. Un voisinage si dense rétrécit votre horizon et votre espoir et cela a un impact dévastateur sur votre vie. Chaque nuit, les gens commencent à compter les minutes et les heures, jusqu’à ce que les générateurs s’arrêtent et qu’ils puissent enfin dormir.
En ce qui me concerne, les coupures d’électricité à Gaza ont toujours eu un impact psychologique extrêmement négatif sur moi. Sans électricité, j’ai le sentiment d’être coupé du reste de ce qui est ma communauté humaine hors les frontières de Gaza. Ces 8 derniers mois, j’ai dû faire l’acquisition de deux chargeurs et de batteries, simplement pour conserver ce lien si vital avec mes amis à l’étranger.
La catastrophe humanitaire qui se produit aujourd’hui à Gaza est une honte pour l’humanité et pour tous ceux qui restent les témoins silencieux de cette politique de punition collective, qui s’attaque à l’espérance et à l’humanité d’une population de 1,6 million de personnes dont les 50 pour cent ont moins de 18 ans. Ce blocus inhumain doit cesser immédiatement et il n’est pas question d’arguties politiques mais simplement de la vie quotidienne des gens.
Transmis par l’auteur – Publié sur Info-Palestine.net, 16 octobre 2013 – Traduction : Info-Palestine.net.