Vers où Israël ?

Webdoc de Camille Clavel pour le Courrier International, 2012

Lien : http://courriermedias.courrierinternational.com/webdocs/voi/home.html

Juste avant la demande annoncée de reconnaissance de l’Etat de Palestine devant les Nations Unies, Camille Clavel part à la découverte de la société israélienne et de sa façon de percevoir et de traiter ses voisins palestiniens. Son constat n’est pas brillant : la société juive israélienne semble se développer au détriment de ses voisins arabes, qu’ils soient citoyens israéliens ou qu’ils résident en Territoire occupé. Dans une série de 7 épisodes d’une quinzaine de minutes chacun, Camille Clavel aborde différents thèmes qui touchent aux perceptions partagées dans la société israélienne telle, par exemple, la mémoire israélienne qui cultive le souvenir de la Shoah mais rejette violemment celui de la Nakba.

Les témoins interviewés sont de qualité : Shlomo Sand, Meir Margalit, Gadi Algazi, Sahar Vardi,… autant de figures progressistes israéliennes pour lesquelles le développement de leur pays ne va pas sans celui d’une Palestine libre et indépendante. L’auteur ne néglige pas non plus les points de vue opposés, dans le but de rendre compte pleinement de la réalité décrite.

Un reproche qui pourrait être adressé au reportage, c’est d’être principalement alimenté de points de vue juifs israéliens, bien que ce choix puisse se justifier puisque le sujet principal en est la dérive morale de l’Etat d’Israël et de sa société.

Episodes

1.       Shoah versus Nakba : A travers toutes leurs différences, Camille Clavel compare néanmoins deux récits structurants les sociétés israélienne et palestinienne, respectivement la Shoah et la Nakba. Il interroge des historiens israéliens sur l’importance de la Nakba dans la mémoire israélienne.

2.     Un conflit de mémoires : « Il n’y a pas de place pour deux récits. Et il y a deux récits. Nous avons notre histoire juste, et ils ont leurs mensonges ». Cette phrase prononcée par le MK de droite Ariel Dot traduit bien la lutte entre les mémoires qui se joue en Israël. La mémoire palestinienne ne s’accordant pas du tout à celle largement véhiculée en Israël. Camille Clavel croise les récits et met à jour  les incohérences des mythes fondateurs sionistes.

3.      La colonisation de Jérusalem-Est : Guidé par les explications de Meir Margalit du Meretz, c’est à Jérusalem-Est que la caméra de Camille Clavel se ballade, découvrant l’ampleur du phénomène de colonisation juive de ce qui est prédestiné à devenir la capitale de la future Palestine.

4.     La Nakba continue : le webdoc se penche sur les conditions dans lesquelles vit la communauté arabe, palestinienne, en Israël. Gadi Algazi explique la politique constante de l’establishment israélien considérant cette communauté comme un ennemi interne, alors qu’ils ont le statut de citoyens israéliens. Selon lui, lorsqu’on parle de la Nakba, on ne parle pas que de 48, mais aussi de se qui se passe encore aujourd’hui à Jaffa, Ramle, Jérusalem, El Arakib où des maisons sont détruites, où des villages ne sont pas reconnus.

5.      Les mécaniques de la peur : La victimisation et l’entretien de la peur sont deux composantes de l’état d’esprit qui règne au sein de la population israélienne. Le sentiment que le cycle sans fin des persécutions n’a pu cesser que parce que les Juifs ont pu obtenir leur Etat. Mais comme le souligne Sahar Vardi, étudiante en histoire, ce sont les Palestiniens qui sont les victimes de l’occupation israélienne. Meir Margalit explique comment le processus de socialisation des juifs israéliens intègre la démonisation des Arabes. Prenant en compte ce contexte de discrimination, Gadi Algazi continue à croire à une réelle coexistence entre les deux peuples.

6.      Une société séparée : Juifs et Arabes sont séparés dans la société israélienne. Les systèmes éducatifs sont séparés ce qui entrainent des divisions tenaces pour la suite. La société juive se développe en ignorant les Arabes, comme dans les anciennes colonies.

7.      Etat juif, Etat israélien : quel avenir ? : Que représente aujourd’hui le sionisme, la nationalisme juif ? Quel défi pour la coexistence entre Juifs et Arabes ? L’Etat juif et démocratique est un oxymore : il pourra être soit Juif soit démocratique.

N.J.O.

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