Pas d’Eurovision dans le pays de l’apartheid !

Bulletin N°79


Lauréate l’an dernier de la célèbre compétition musicale, Tel Aviv accueillera cette année son édition 2019. Au grand dam des défenseurs des droits humains, qui y voient la consécration du blanc-seing donné à Israël pour poursuivre sa politique de domination des Palestiniens.   

L’Eurovision est un show musical suivi  par plus de 200 millions de téléspectateurs dans le monde, ce qui en fait le premier événement télévisuel après le Superbowl aux États-Unis. S’il permet à des artistes méconnus d’émerger, il représente aussi, voire surtout, une splendide vitrine publicitaire pour le pays hôte.

Après la victoire l’an passé de la chanteuse israélienne Netta, c’est à Tel Aviv que l’édition 2019 est programmée. L’organisation d’un tel événement dans un pays qui viole chaque jour le droit international représente une véritable gifle administrée au peuple palestinien.

Les crimes d’Israël

Énumérer les violations israéliennes du droit international sortirait du cadre de cet article. De nombreuses juridictions internationales condamnent depuis 70 ans occupation, colonisation, arrestations arbitraires et annexion feutrée.  Pour ne citer qu’un exemple, la récente promulgation de la loi de l’État-nation du peuple juif, affirmant le caractère religieux du pays, a relégué les Palestiniens vivant dans les frontières israéliennes au rang de citoyens de seconde zone. À cet égard, le silence, voire le déni de la gravité du fait, des chancelleries européennes participent de l’embourbement de la question.

ArtWashing  et PinkWashing

Un événement culturel d’une telle envergure est une opportunité à ne pas rater de présenter  une image quelque peu édulcorée  de la situation dans la région. C’est ce qu’on pourrait appeler l’ « ArtWashing », soit le fait d’utiliser la culture et l’art comme outil de propagande positive et blanchir de la sorte les crimes de guerre qui se perpètrent au même moment à quelques kilomètres de là.

En organisant l’Eurovision, Israël veut s’afficher comme une nation dynamique, ouverte au monde et aux différentes cultures. Les images du show, et avant cela de sa préparation, dissimuleront et travestiront une réalité politique et sociale bien moins plaisante. Dès lors, se produire en Israël dans des événements culturels internationaux comme l’Eurovision revient à nier la gravité de la situation des Palestiniens, lesquels considèrent le boycott international d’Israël comme un outil essentiel dans leur lutte pour leur liberté.

La victoire de Netta et l’organisation de cette édition en Israël sont aussi une formidable possibilité pour Israël d’affirmer sa prétendue proximité avec la communauté LGBT du monde entier. Égérie de la communauté, Netta sert un volet spécifique de la propagande israélienne, le PinkWashing, l’idée selon laquelle la promotion des droits de la communauté LGBT en Israël est représentative d’une ouverture d’esprit et d’un respect des minorités. L’Eurovision, très suivie par les milieux LGBT à travers le monde, s’inscrit pleinement dans ce faux-semblant d’ouverture.

 Enfermés, les Palestiniens ne sont pas invités au show

Par ailleurs, s’il fallait le rappeler, des centaines de milliers de Palestiniens n’iront pas écouter ces artistes du monde entier qui se produiront à Tel Aviv. Pour 2 millions d’entre eux qui vivent à Gaza, le blocus à quelques dizaines de kilomètres de Tel Aviv les maintiendra dans une prison à ciel ouvert, comme c’est le cas depuis 12 ans. En Cisjordanie, les huit mètres de béton du « mur d’annexion » empêcheront les Palestiniens de se rendre à Tel Aviv pour y acclamer les artistes. Les 300 000 résidents palestiniens de Jérusalem, laquelle était pressentie pour organiser l’événement avant que la pression internationale contraigne les autorités israéliennes à se rabattre sur Tel Aviv, pourront en théorie s’y rendre. Il n’est toutefois pas certain qu’ils auront le cœur à la fête, alors que la politique de nettoyage ethnique dont ils font l’objet s’accentue et s’accélère.

La campagne internationale

Lancée en septembre 2018, une campagne d’envergure internationale vise à faire annuler l’événement pour marquer sa solidarité avec le peuple palestinien.  De nombreux artistes renommés ont rejoint l’appel, dont Roger Waters et Peter Gabriel. En Europe, une pétition est adressée à l’Union européenne de radio -rélévision (UER), organisateur de l’événement, pour l’exhorter à ne pas cautionner la politique israélienne en organisant son événement au «  pays de Netta ».  La finale de l’Eurovision est prévue  le 26 mai (avec deux demi-finales organisées les 16 et 18 mai). D’ici là,  de nombreuses actions seront organisées afin de dissuader les citoyens de cautionner le show en Israël, et de les enjoindre à boycotter l’événement.

Rejoignez la campagne « pas d’Eurovision pour l’apartheid » ? è+ Encart avec l’affiche de campagne.

http://www.boycott-apartheid-eurovision.be/

 

 

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