Les petits David palestiniens aux prises avec le Goliath israélien

Il ne se passe pas un mois sans qu’un jeune Palestinien désarmé, frêle ado en T-shirt, soit arrêté, battu ou abattu par de vigoureux soldats armés jusqu’aux dents, tels des RoboCop et cela, en flagrante contravention avec le droit international.

Ces « exploits » de la valeureuse armée israélienne provoquent quantité de dénonciations, admonestations, avertissements et remontrances… Et c’est tout. Rien n’est fait concrètement par les diverses instances étatiques ou celles des Nations Unies et de l’Union européenne afin de faire cesser ce scandale qui dure depuis des années. Pire, le gouvernement israélien profite de la pandémie pour multiplier ces arrestations d’enfants, les mettant en danger de mort par le Covid-19 à cause de la promiscuité et du manque d’hygiène dans ses prisons.

Quelques chiffres révèlent cette politique de terreur menée par Israël : à la fin de mars 2020, 194 enfants étaient détenus dans ses prisons et ses centres de détention , soit une augmentation de 6% depuis janvier et le début de la pandémie, selon l’IPS (Israel Prison Service) . D’après ces , 28% de ces enfants ont été jugés. Plus de 60% d’entre eux (soit 117 sur 194) sont en détention préventive. En fait, ils subissent une double peine : une détention illégale mais aussi la menace d’attraper la maladie qui décime les communautés les plus vulnérables, dont font partie les prisonniers. De plus, Israël interdit pratiquement toutes les visites aux personnes détenues. Cela signifie que les enfants ne peuvent voir leurs familles, ni leurs avocats, ce qui contribue à leur souffrance psychologique et les prive de tout appui ou conseil juridiques.

En mars, on comptait 164 jeunes détenus âgés de 16 à 17 ans, 30 de 14 à 15 ans ; 2 sont en détention administrative. Tous sont des garçons. Ils vivent dans des conditions de promiscuité, de manque d’hygiène et de soins et donc de moyens de désinfection, ce qui les rend extrêmement vulnérables à l’épidémie.

De nombreux appels à la libération

L’association Defense for Children International – Palestine (DCIP) et le groupe de défense des droits des prisonniers Addameer ont appelé en mars à la libération immédiate de ces enfants. En avril, c’était au tour de l’UNICEF d’appeler à un moratoire sur l’arrestation et la détention de mineurs d’âge et à la libération immédiate des enfants détenus par Israël. Pendant ce temps, l’OMS, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits humains et d’autres experts des droits humains des Nations Unies lançaient des appels pressants pour que les gouvernements, partout dans le monde, libèrent un maximum de prisonniers : «Maintenant, plus que jamais, les gouvernements devraient relâcher chaque personne détenue sans base juridique suffisante, y compris les prisonniers politiques et d’autres qui sont détenus seulement pour avoir exprimé des opinions critiques ou dissidentes », a déclaré Michelle Bachelet, l’actuelle Haute-Commissaire pour les droits humains aux Nations Unies.

Ces appels ont, comme toujours, été superbement ignorés par Israël qui a emprisonné 18 enfants de plus en avril, selon les chiffres d’Addameer. Toujours selon cette association, il y avait, en mai 2020, environ 4700 Palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 400 en détention administrative, c’est-à-dire sans inculpation ni procès.

L’épidémie se répand

Beaucoup sont placés en quarantaine lors de leur arrestation. On sait que fin mars, Israël a relâché un prisonnier palestinien de la prison militaire d’Ofer. Le lendemain, il a été testé positif au nouveau coronavirus. Nour al-Deen Sarsour se trouvait dans la section 14 de la prison avec des dizaines d’autres détenus qui, très probablement, ont été exposés à l’infection. Or, les forces d’occupation israéliennes emprisonnent les enfants palestiniens dans la section voisine, la 13.

Le 19 mars, 573 Israéliens étaient testés positifs au virus COVID-19, selon Ha’aretz. Quatre prisonniers palestiniens détenus à la prison de Meggido , située en Israël, au nord-ouest de la cité de Jénine en Cisjordanie occupée, ont été mis en isolement après avoir été en contact avec un agent israélien positif au COVID-19, explique le journal. La prison de Megiddo est l’un des établissements carcéraux d’Israël où sont détenus les enfants palestiniens « prisonniers placés en régime de sécurité ».

Une enquête de DCIP avait déjà montré que les enfants palestiniens détenus dans la prison Damon d’Israël l’étaient dans de mauvaises conditions, en particulier dans de petites cellules sans accès à des équipements sanitaires propres et privés. « Nous savons que la meilleure façon d’empêcher l’expansion du COVID-19 est d’éviter que les personnes soient en proximité étroite les unes des autres », a dit Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation à DCIP. « Il n’y aucun moyen que les autorités des prisons israéliennes puissent assurer la santé et le bien-être des enfants palestiniens détenus tant qu’ils continuent à se trouver dans un milieu carcéral. »

L’emprisonnement comme système

Israël, grande puissance militaire, semble avoir très peur des enfants car il s’agit du seul pays au monde à détenir et à poursuivre automatiquement et systématiquement les enfants déférés devant des tribunaux militaires où ils ne bénéficient d’aucun des droits et des protections leur assurant un procès équitable. Ainsi, Israël détient et poursuit chaque année entre 500 et 700 enfants palestiniens devant les tribunaux militaires . Près de trois enfants palestiniens sur quatre, détenus par les forces israéliennes, subissent une forme ou une autre de violence physique, affirme-dénonce DCIP.

Rappelons que depuis 1967, Israël a mis en place deux systèmes judiciaires séparés. En Cisjordanie occupée, les colons israéliens bénéficient du système judiciaire civil et pénal, alors que les Palestiniens sont sous juridiction militaire. Pourtant, Israël a ratifié en 1991 la Convention des droits de l’enfant des Nations Unies (CDE) , ce qui l’oblige en principe à mettre en œuvre la totalité des droits et des protections incluses dans le traité, dont la primauté des intérêts de l’enfant dans toutes les décisions les concernant. De plus, la CDE exige que les enfants ne puissent être détenus que comme une mesure de dernier recours. Elle contraint les Etats à garantir et à protéger leur droit à la vie, à la survie et au développement, ainsi que leur droit à la santé.

Libérer les enfants

Le 19 mars, Michael Lynk, Rapporteur spécial des Nations Unies pour la situation des droits humains dans le Territoire palestinien occupé , a rappelé ceci : « Le devoir légal, ancré dans l’article 56 de la Quatrième Convention de Genève, exige qu’Israël, la puissance occupante, garantisse que tous les moyens préventifs nécessaires disponibles soient utilisés pour ‘combattre l’expansion des maladies contagieuses et des épidémies’ ». Peu de réactions et surtout quasi pas de pressions des Etats européens sur le gouvernement israélien . Cependant, malgré le soutien inconditionnel du président étatsunien à Israël, des députés américains ont, dans les dernières années , introduit des lois pour s’opposer à de tels mauvais traitements. Ainsi, la députée Betty McCollum a présenté la HR 2407, une loi qui modifie une disposition de la loi sur l’aide étrangère pour interdire le financement de la détention militaire des enfants dans tous les pays, y compris en Israël. La même loi établit également un fonds de 19 millions de dollars par an pour une ONG de surveillance des violations des droits de l’homme liées à la détention militaire d’enfants par Israël.

Quant à l’Europe, elle, elle soigne ses malades et oublie son devoir de faire respecter les droits des plus vulnérables : les enfants emprisonnés.

Sources :

https://www.dci-palestine.org/palestinian_children_detained_by_israel_increases_amid_covid_19_pandemic

https://agencemediapalestine.fr/blog/2020/03/23/avec-la-pandemie-de-covid-19-israel-doit-liberer-tous-les-enfants-palestiniens-detenus/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=sorganiser_pour_les_droits_des_palestiniens_en_ces_temps_de_covid_19&utm_term=2020-03-23

https://electronicintifada.net/blogs/tamara-nassar/palestinian-released-israeli-jail-has-coronavirus

légende:

Ce 20 avril 2020, un artiste palestinien peignait sur un mur de Gaza son soutien aux prisonniers détenus en Israël durant la pandémie de Covid-19. Photo © Mahmoud Ajjour APA images.

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