Par Michel Brouyaux
Ce livre est né d’une indignation.
Professeur au Collège de France, Didier Fassin s’élève contre « l’abandon des valeurs que l’Occident revendique comme fondatrices », à travers le consentement, par les pouvoirs publics et médiatiques, à l’anéantissement de Gaza, avec son corollaire : la répression implacable de toute expression d’empathie pour son peuple. La censure et l’autocensure de toute prise de position contre la guerre a eu pour effet de laisser le champ libre à la déshumanisation des Palestiniens, considérés comme « des combattants impitoyables ou des victimes impersonnelles ». L’évocation des décennies qui ont précédé le 7 octobre est immédiatement considérée comme suspecte et visant à justifier le terrorisme. Même Greta Thunberg en a fait les frais.
L’opération militaire, qui a permis de délivrer en juin quatre Israéliens détenus, fut qualifiée de succès, le coût humain exorbitant pour les Palestiniens (274 morts, dont 64 enfants et 57 femmes) fut délibérément ignoré.
Aux États-Unis, les journalistes ont reçu pour instruction de proscrire les mots Palestiniens et génocide.
En France, le gouvernement français n’envisage même pas d’enquêter sur les exactions, filmées et revendiquées, commises par certains des quatre mille Français engagés dans l’armée d’Israël.
Oui, il s’agit bien d’une défaite morale, dont l’Occident risque de ne pas se relever.
Une étrange défaite, Sur le consentement à l’écrasement de Gaza, Didier Fassin ; Éditions La Découverte, 124 pages, septembre 2024