Le droit à la résistance est-il absolu ?

« Condamnez-vous les tirs de roquettes du Hamas sur des civils? » Comme à l’accoutumée, les défenseurs des droits des Palestiniens ont été sommés de se positionner sur le ciblage par les groupes armés palestiniens de zones civiles israéliennes durant la « guerre des 11 jours ». L’injonction peut laisser perplexe au regard du déséquilibre du nombre de victimes de part et d’autre de la frontière hermétique de l’enclave (260 morts à Gaza contre 13 en Israël), qui ne laisse aucun doute sur le principal responsable des crimes de guerre commis dans ce conflit. Elle ne doit pas pour autant être esquivée, moyennant un rappel de quelques faits.

Par Gregory Mauzé

  1. La chronologie réelle des événements

Le récit médiatique dominant est souvent trompeur quand il s’agit de tenter de départager les torts lorsque surviennent des violences ouvertes entre Israël et des groupes palestiniens armés. «Depuis quinze ans, comme chacun sait, les Israéliens « ripostent » ou « répliquent » aux agressions dont ils sont l’objet. Car l’histoire qu’ils racontent ne démarre jamais une seconde avant l’enlèvement d’un de leurs soldats ou un tir de roquettes qui les vise. » relevait ainsi avec ironie Serge Halimi dans l’éditorial du Monde diplomatique de juin 2021. Or, tant la colonisation que le blocus de Gaza sont, au regard du droit international, considérés comme une invasion, et donc comme un acte de guerre. Ce sont dès lors bien les tirs palestiniens qui sont une riposte aux agressions israéliennes, et non l’inverse.

  1. L’existence d’un droit à la résistance

Le droit international reconnaît un droit à la résistance aux peuples colonisés. La légalité des guerres de libération nationale est sanctionnée par plusieurs résolutions de l’ONU. La résolution 3236 de l’AG de l’ONU de 1974 reconnaît spécifiquement aux Palestiniens « le droit de recouvrer ses droits par tous les moyens conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies », en ce compris la force.

  1. Le respect du droit international humanitaire

Ce droit à la résistance est néanmoins circonscrit à l’obligation de respecter le droit international humanitaire. Celui-ci proscrit le ciblage de civils ou les tirs ne faisant pas de distinction entre combattants et non-combattants. Le fait que le chef du Hamas à Gaza ait récemment justifié ces tirs par l’absence d’armes de précision en la possession du groupe n’en rend pas moins cette pratique illégale et condamnable.

  1. C’est toujours l’oppresseur qui dicte aux opprimés la forme de leur lutte

Enfin, il convient de rappeler que c’est bien Israël qui, en entretenant le désespoir par un blocus inhumain imposé à Gaza depuis 2007 et en ayant toujours refusé toute concession quant à un allègement des multiples dispositifs d’oppression infligés au peuple palestinien tant qu’il n’y est pas acculé, qui pousse les autorités locales à recourir à ce type de méthodes. Comme l’expliquait Nelson Mandela : « c’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. »

En d’autres termes : les clés du respect du droit de la guerre en Israël/Palestine sont en dernière instance entre les mains de l’occupant, pas de l’occupé.

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