
La dernière brillante initiative de M. Trump et de son administration consacre de facto l’éviction des Palestiniens en même temps que celle du droit international et de l’ONU, celle-ci censée pourtant être la garante des règles de la coexistence entre les Etats et le lieu de résolution des conflits.
M.Netanyahou et les dirigeants israéliens, quant à eux, Leur plan d’accaparement et d’annexion des territoires palestiniens ne vient-il pas de recevoir la consécration de son puissant allié américain et cela, sans réactions notables de la part des chancelleries arabes, européennes ou russes ?
Les carottes seraient-elles cuites pour les Palestiniens? Et ce, d’autant que leurs dirigeants s’enlisent dans leurs luttes intestines et que ceux, comme Marwan Barghouti, qui auraient pu restaurer l’unité de l’OLP, croupissent dans les prisons israéliennes.
Les prises de position des leaders palestiniens ou de la Ligue arabe, elle aussi affaiblie et divisée par les conflits internes qui sont autant de souffrances pour les peuples arabes, ont-elles encore un poids quelconque sur la scène internationale ?
La résistance palestinienne et le mouvement de solidarité internationale, dont la légitimité et l’action reposent sur l’ensemble du corpus du droit international, celui qui résulte de la Charte et des nombreuses résolutions de l’AG des Nations Unies, et des avis et arrêts des grandes cours telle la Cour Internationale de Justice, doivent-ils se considérer comme irrémédiablement défaits ?
Si tel était le cas, pourquoi les résistants confrontés à la montée des fascismes en Europe et à l’écrasante supériorité de la machine de terreur nazie, pourquoi les mouvements d’émancipation coloniale confrontés aux forces armées des puissances européennes ont-ils, eux, poursuivi la lutte ?
Ce qui les a déterminés, c’est avant tout le refus d’une situation d’oppression fasciste ou coloniale, l’affirmation de leur dignité face à la force brutale. Durant ces heures les plus sombres pour notre humanité, il y eut le camp majoritaire de ceux qui imposèrent leurs lois scélérates par la contrainte, ceux qui les subirent et ceux qui s’y opposèrent au péril de leur vie. Ces derniers luttèrent souvent avec des moyens dérisoires mais avec au fond d’eux-mêmes la détermination, le génie et le courage de ceux qui sont dans le droit fil du droit et de la justice, ce qui permit à l’histoire de sortir anoblie d’un rapport de force apparemment perdu d’avance.
Aujourd’hui, plus que jamais, des Palestiniens s’organisent et se battent pour défendre leurs droits, celui de leur autodétermination, celui du droit à vivre libres dans le respect de leur identité nationale. Aujourd’hui, notre solidarité, les campagnes BDS, l’exigence de condamner Israël pour crime d’apartheid, notre combat pour convaincre les Etats européens de reconnaitre l’Etat de Palestine dans les frontières de 1967, contribuent à soutenir les aspirations du peuple palestinien. Ces engagements participent de la défense des règles de droit qui fondent la coexistence entre les peuples et celles qui ont fait progresser l’humanité vers ce qui semble tragiquement manquer aujourd’hui : la paix par le désarmement et la coopération internationale pour un développement juste et durable.
Pierre Galand
Président de l’ABP