Par Simon Franssen
Alors que je regardais paisiblement Barcelone- Bayern Munich – en lieu et place de rédiger les News BDS comme je l’avais promis aux permanents de l’ABP – je faisais néanmoins mon travail militant en dénigrant haut et fort ce qui d’après moi, gangrenait le football. Débarrassé de toute forme de remords, je parvenais à faire un lien inattendu entre l’objet de ma procrastination et l’article attendu pour le trimestriel. Le club catalan ne devait-il pas jouer un match de gala en Israël ? Deux autres clubs européens n’étaient-ils pas également attendus en terre d’apartheid ? Évitant le hors-sujet, j’ouvrais un second onglet et me plongeais dans les méandres de la Toile pour trouver des réponses !
Israël
En août 2021, un match était effectivement prévu entre l’équipe espagnole et … le Beitar Jerusalem . Connu pour le racisme assumé de ses supporters, le Beitar n’affrontera finalement pas le géant européen. En effet, une des conditions imposées par le FC Barcelone était que le match n’ait pas lieu à Jérusalem ; intolérable pour Moshe Hogeg, le propriétaire du club, qui décida d’annuler la rencontre amicale. Dommage, le “Teddy Stadium” ne résonnera pas de cris de singes lorsqu’un joueur noir du FC Barcelone touchera la balle. Le refus du Beitar de jouer le match ailleurs que dans Jérusalem occupée prouve l’instrumentalisation du sport à des fins politiques. Heureusement, cette fois-ci, le blanchiment de la politique israélienne par le sport ne passe pas. Cependant, un long et fastidieux travail de sensibilisation reste à faire : le 1er août dernier, Lille et le Paris Saint-Germain se sont en effet affrontés à Tel-Aviv dans le cadre du “Trophée des champions”.
France
Passée complètement inaperçue, une polémique aurait dû secouer bien plus que cela le Festival de Cannes 2021. La présentation du film “ Let There Be Morning” du réalisateur israélien Eran Kolirin a été boycottée par l’équipe de tournage du film. Ce drame, inspiré du roman éponyme de l’écrivain palestinien citoyen d’Israël Sayed Kashua, relate le quotidien de la population palestinienne d’Israël. Bien qu’ayant apporté par leur participation leur soutien au réalisateur, les acteurs palestiniens ont cependant refusé de fouler le tapis rouge du Festival. La raison en est simple : le film a été présenté à Cannes sous l’étiquette “film israélien”. Dans une lettre envoyée à la direction du festival, les acteurs demandent “aux institutions artistiques du monde entier d’amplifier les voix des artistes palestiniens, de s’opposer à l’État colonial israélien et de soutenir la résistance du peuple palestinien, son droit à l’existence et à la créativité.” Bien que soutenu par le Fonds du film israélien pour la réalisation de son film, Eran Kolirin a confirmé soutenir les acteurs protestant contre leur invisibilisation culturelle.
Danemark
Retour au football, pour terminer, en tentant de répondre à une question que tout le monde se pose: Pourquoi Israël joue-t-il dans les qualifications européennes ? A nouveau, les méandres d’Internet ont la réponse. C’est depuis 1992 qu’Israël a été intégré dans les compétitions européennes ; c’est cette année-là que le champion d’Israël (le Maccabi Tel Aviv en l’occurrence) a pour la première fois participé à la Ligue des Champions. Avant cela, l’équipe nationale israélienne participait aux compétitions asiatiques jusqu’à son exclusion de la Confédération asiatique de football en 1974. Petite parenthèse : la CAF justifiera l’exclusion de la fédération israélienne en prenant pour exemple l’expulsion, en 1958, de l’Afrique du Sud de la Confédération africaine de football. Durant 20 ans, l’équipe nationale israélienne jouera là où elle est acceptée. Par exemple, en 1990, Israël jouera les qualifications pour la Coupe du monde dans la zone Océanie (et pour la petite histoire, passera tout prêt d’une qualification). Et donc, en 1994, Israël participe pour la première fois aux qualifications pour la Coupe du monde dans la zone Europe (et, à nouveau pour la petite histoire, ne se qualifiera pas). Revenons à notre époque : cette année-ci, les diverses nations européennes se livrent une lutte sans merci pour se qualifier pour la Coupe du monde 2022 qui se jouera dans un grand pays de football et de démocratie : le Qatar. Comme toujours depuis 30 ans, l’équipe israélienne lutte dans la zone euro pour pouvoir aller affronter les meilleures nations du monde dans les stades-cimetières qataris. Le 7 février dernier, l’équipe israélienne se déplaçait au Danemark où elle fut accueillie par 250 activistes BDS. Tant dans le stade qu’à l’extérieur, les militants, munis de drapeaux et de brochures informatives, ont dénoncé le “sport-washing” israélien. Effectivement, sous couvert d’une pseudo neutralité du sport, l’État israélien ne cherche qu’à occulter sa politique d’apartheid.