
Adania SHIBLI, Un détail mineur, Sindbad-Actes Sud, 2020, 128 pages.
Née en 1974, Adania Shibli incarne une génération d’écrivains et d’artistes palestiniens qui revendiquent un engagement politique autant qu’esthétique. elle a reçu en 2002 et 2004 le prix du Roman de la Fondation Quattan
Un article du Haaretz qui détaille le viol collectif et le meurtre d’une jeune Bédouine par une escouade de soldats israéliens chargés de vider le Néguev de ses habitants palestiniens en 1949. Une jeune femme qui, septante ans après les faits, part à la recherche de son corps et affronte les obstacles et humiliations de l’occupation. Un récit en deux parties : l’une décrit les événements de manière clinique ; l’autre raconte les péripéties d’une enquête vouée à l’échec. La monstruosité de l’occupation de 1949 à aujourd’hui à travers le corps de la femme.
Thomas VESCOVI, Échec d’une utopie, Une histoire des gauches en Israël, La Découverte, Paris, 2021, 372 pages
Enseignant diplomé de l’Université Paris VIII, Thomas Vescovi travaille notamment sur la société juive israélienne, ses relations avec la société palestinienne, et son rapport à l’histoire.
Ce livre aborde le paradoxe qui a conduit des forces politiques et sociales se revendiquant de l’idéal socialiste à fonder un pays aujourd’hui synonyme de suprémacisme racial et dominé par la droite. Le fait que l’auteur n’entretienne aucune ambiguité sur la nature coloniale du régime d’apartheid israélien ne l’empêche pas de refuser les visions simplificatrices faisant du sionisme et de la gauche israélienne des blocs monolithiques. Il analyse avec finesse les interactions, rapports de forces et jeux de pouvoirs entre le sionisme de gauche, qui refuse aux colonisés l’idéal émancipateur conçu pour la population coloniale, et la gauche non sioniste, consciente de cette contradiction mais incapable de proposer une alternative à vocation majoritaire. L’ouvrage se conclut sur la perspective d’un partenariat judéo-arabe qui dépasserait la question du sionisme pour faire barrage à la droite et aux religieux. Une proposition stimulante qui, vu l’état actuel du paysage politique israélien, relève pour l’heure, elle aussi, de l’utopie.
Hommage à Christiane Schomblond, responsable de la rubrique « livres ».
« Puissent les mots, enfin limpides, nous laisser entrevoir les fenêtres ouvertes
Puisse le temps se hâter avec nous, et apporter notre lendemain dans ses bagages. »
Mahmoud Darwich, « La terre nous est étroite et autres poèmes » (2000)
Le grand cœur de Christiane s’est arrêté de battre dans la nuit du 25 au 26 avril 2021.
Elle avait 79 ans.
Professeur émérite de l’ULB en physique et mathématique des interactions fondamentales, elle est l’auteur et co-auteur de nombreuses études dans des revues spécialisées belges et internationales. C’était une scientifique de haut niveau, d’une grande rigueur de pensée, à l’écoute des événements du monde tout en restant discrète et faisant montre d’une gentillesse constante.
Accédant à l’éméritat, elle décida de s’engager pour la cause palestinienne. Avec elle, le mot engagement a pris tout son sens : il était profond, sincère, constant. Soutien de l’ABP, elle était la principale contributrice de la rubrique « Livres », sous la signature de C.S., dans le bulletin de l’association. Elle était membre du BACBI (Belgian campaign for an academic and cultural boycott of Israel). Elle lisait, s’informait, critiquait avec sagesse et rigueur les informations circulant sur les activités du BDS, ainsi que les livres et revues en anglais et en français traitant de la Palestine.
Avec humour (on se souvient de ses yeux pétillant de malice), sagesse et sobriété des mots, elle accompagnait nos réflexions dans le comité de rédaction du bulletin de l’ABP.
Elle nous laisse le souvenir d’une personnalité brillante, sensible et déterminée.
Son exemple nous conforte dans nos actions militantes.
Merci Christiane.
L’équipe de rédaction