Vive l’Unesco

Bulletin 50, décembre 2011

Edito

Le droit à l’autodétermination du peuple palestinien – dont j’avais traité dans l’édito du bulletin Palestine en septembre dernier –  a fait entretemps de sérieux progrès au sein des Nations Unies. Le vote de plus des deux tiers des Etats membres de l’Unesco , ce lundi 31 octobre  2011, en faveur de l’entrée de la Palestine au sein de l’institution revêt une signification toute particulière. Cette reconnaissance qui précède l’entrée de la Palestine à l’Assemblée générale des Nations Unies confirme, si besoin en était, l’existence d’une nation palestinienne constitutive de l’espace culturel mondial. Le patrimoine culturel palestinien, c’est non seulement une terre et une histoire mais c’est d’abord un peuple porteur d’une identité propre et contribuant par ses créations diverses à façonner les contours culturels de notre humanité.

J’ai toujours été frappé par l’extraordinaire capacité des peuples en lutte pour leurs droits les plus fondamentaux et pour leur devenir à exprimer leur lutte dans l’art sous ses multiples facettes : les exemples fameux de Picasso contribuant à la lutte républicaine contre le franquisme, des Quilapayun venant en soutien à Salvador Allende, de Mercedes Sosa contre les dictateurs argentins, de Mikis Theodorakis dénonçant les militaires grecs, de Carlos Mejia Godoy accompagnant les Sandinistes nicaraguayens, de Jose Afonso fêtant la fin du salazarisme au Portugal… en témoignent.

L’événement Masarat fut aussi l’occasion de mettre en lumière l’extraordinaire vivacité de la culture palestinienne malgré l’exil forcé, l’occupation et la colonisation. La culture palestinienne constitue très certainement en effet  l’élément le plus fédérateur d’un peuple et démontre sa faculté à résister à plus de soixante ans de Nakba.

L’entrée de la Palestine à l’Unesco doit permettre non seulement la sauvegarde d’un patrimoine culturel précieux mais également de faire obstacle aux multiples initiatives israéliennes en vue de dénaturer ou de détruire des pans entiers de l’histoire de Palestine et de ses multiples dimensions, en particulier à Jérusalem. (3)

En terminant cet éditorial, je me réjouis de ce que la Belgique, tout comme de nombreux autres pays européens, ait voté en faveur du statut de membre à part entière de l’Unesco pour la Palestine. Ce ne fut pas le cas de la Suisse qui s’est mise de la sorte en totale contravention avec  sa position de garant de la Quatrième Convention de Genève. C’est par contre une « première » pour les Etats de l’Union européenne qui ne se sont pas tous ralliés au vote d’abstention au nom de leur nécessaire unité politique. Il faut enfin espérer qu’il se trouvera suffisamment de pays pour compenser, par leur dotation, l’absurde et très maladroite décision de l’administration Obama de priver l’Unesco de la contribution  étatsunienne.

Pierre Galand

Président


Unesco : Organisation des Nations Unies pour l’Education, les Sciences et la Culture

Masarat : une saison artistique et culturelle organisée sous le patronage de la Communauté française de Belgique en octobre et novembre 2008 qui a permis de présenter  un véritable florilège d’événements culturels palestiniens.

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