Cinq militants pour la Palestine qui avaient contesté la pertinence des accusations de cas «aggravé par le racisme» en rapport avec leur protestation contre le blocus israélien de Gaza ont vu toutes les accusations portées contre eux abandonnés aujourd’hui.
Les militants, tous les membres de la Campagne Solidarité Palestine écossaise (SPSC), avaient interrompu en août 2008 le concert du Quatuor de Jérusalem dans le cadre du Festival d’Édimbourg. Les tournées des musiciens classiques sont régulièrement parrainées par le gouvernement israélien, dont les revendications du groupe ont fait une cible légitime de protestation.
Les militants ont été accusés de faire des « commentaires à propos des Juifs, des Israéliens, et l’Etat d’Israël », mais lors d’un débat juridique de trois jours à la cour d’Edimbourg, un enregistrement audio de la BBC sur l’événement a révélé qu’il n’y avait pas eu de référence aux «Juifs». Les commentaires comportaient : « Ils sont musiciens de l’armée israélienne », « Fin du siège de Gaza », « génocide à Gaza» et «Boycott Israël».
Le Shérif James Scott a déclaré que « les commentaires faisaient clairement référence à l’État d’Israël, à l’armée israélienne, et aux musiciens israéliens de l’armée de terre », et ne s’adressent pas aux « citoyens d’Israël » en soi.
Le shérif a dit craindre que de continuer la procédure aurait des conséquences pour la liberté d’expression en général : « Si des personnes lors d’une manifestation publique visant à dénoncer et à faire connaître les crimes présumés commis par un Etat et son armée ont peur de nommer cet état de crainte d’être accusés de comportement raciste aggravé, cela rendrait inutile leur droit selon l’article 10 (1). On peut supposer que leurs pancartes pourraient porter « génocide dans un état non spécifié du Moyen-Orient », «Boycott d’un état non-spécifiée au Moyen-Orient… », etc
« Ayant conclu que la continuation de la poursuite actuelle n’est pas nécessaire ou proportionnée, et donc non pertinente, il me semble que l’accusation doit être rejetée. »
M. Fraser, le procureur-député, a dit qu’il serait fait appel de la décision.
La décision d’aujourd’hui va décevoir les musiciens dont les concerts attirent maintenant des protestations régulières. Après une interruption similaire de leur concert au Wigmore Hall la semaine dernière, ils ont publié une déclaration affirmant « ne pas avoir de connexion avec ou être favorisés par le gouvernement [israélien] ». Cependant, les organisateurs de leur tournée 2009 Novembre Australie ont reconnu que « Le Gouvernement israélien fourni environ 8000 $ pour les frais de la tournée, mais a-t-il expliqué, ce n’était qu’une infime fraction du coût total. »
À l’extérieur du tribunal, des militants portaient des bannières reproduisant les « slogans racistes» et un certain nombre de programmes du concert, indiquant que la visite du quatuor était parrainée par l’ambassade israélienne, ont été diffusés. L’avocat des droits humains, Aamer Anwar, représentant M. Napier, a lu une déclaration au nom de son client : « Nous nous félicitons de l’arrêt d’aujourd’hui qui a des répercussions sur les libertés civiles à l’échelle nationale. Un dangereux précédent serait créé si les manifestants avaient été criminalisés pour racisme pour avoir protesté contre […] Israël ou tout autre pays. »
Le président de SPSC, Mick Napier, avait des sentiments mitigés au sujet de la décision : « Bien que cette tentative de criminaliser la solidarité avec la Palestine a échoué, le gouvernement britannique continu à soutenir Israël. En Angleterre, une vingtaine de personnes est sous le coup de peines de prison – certaines de plus de 2 ans – contre ceux qui ont protesté lors du massacre par Israël de 1400 personnes, la plupart des civils, à Gaza l’année dernière. Pour rester dans ce thème du racisme, sur les 78 accusés, tous à l’exception de deux sont de jeunes musulmans.
« Si notre cas s’était présenté au procès, Israël aurait été au banc des accusés, pas nous. Nous avons une série de témoins de Palestine, d’Israël, d’Afrique du Sud afin de discuter du racisme réel et de l’apartheid auquel les Palestiniens sont confrontés quotidiennement. Tant que le nettoyage ethnique de la Palestine continue, des ambassadeurs politiques, culturelles, sportives et Israël devront faire face à des protestations pour le boycott similaires à celles rencontrées par le régime raciste d’apartheid sud-africain au siècle dernier.
« Il est temps pour les hommes politiques de se mettre en conformité avec l’opinion publique. Le récent appel d’Alex Salmond pour un examen des relations commerciales avec Israël est un pas dans la bonne direction, mais ce que cela signifie dans la pratique reste à voir. »
source : SPSC
traduction : Julien Masri