Une lettre de Gaza

Lettre reçue le 18 décembre par Baudouin Loos, journaliste au Soir,  de la part de Salma Ahmed Elamassie, à qui il avait demandé des nouvelles. Salma est enseignante de français à l’Université Al-Azhar et à l’Institut français à Gaza.

 

Cher Baudouin,

J’aurais dû écrire ce message à tous mes amis francophones, comme d’habitude, mais ce qui m’a empêché de faire c’était le problème du courant qui était vraiment grave: on n’avait le courant que 6 h par jour. C’est vraiment grave pour une femme qui travaille, par exemple, qui sort de sa maison à destination de son travail avant d’avoir le courant et rentre chez elle après 8 h à 10 h / jour et découvre que ses six heures ont déjà fini, ce qui veut dire qu’il faut attendre la visite prochaine d’électricité qui aura lieu le lendemain. Tu peux imaginer ce qu’on peut faire quand on a le courant de 3 h à 8 h 30 du matin ? presque rien sans doute. Ce qui aggrave les choses c’est qu’il n’y a pas de gaz pour cuisiner.

Juste avant l’arrivée de carburant de Qatar, on avait le courant 3 h après une coupure qui a duré 36 h !! c’était le cas de tous les quartiers, pas seulement le mien.

On a passé des moments super difficiles comme il faisait très froid et on avait pas la possibilité d’allumer le chauffage électrique. La plupart des gens allumait le feu (ou de bois ou de charbon) pour se chauffer.

Il nous manque plein de choses : quelques produits alimentaires, du ciment et tous les matériaux pour la construction. Les hôpitaux souffrent d’un manque des médicaments même des premiers secours dans quelques hôpitaux.

Pour le déluge qui n’est pas arrivé au bon moment, plein de maisons, notamment dans les camps et dans quelques quartiers dans les villes ou les villages ont souffert le naufrage. 806 familles comprenant 4316 personnes ont été transférées à des centres de refuge (notamment les écoles ou publiques ou de l’UNRWA).

Selon le Bureau d’information du gouvernement dans un communiqué publié hier, parmi ces familles 312 viennent du nord de la bande de Gaza comprenant 1670 personnes et 369 familles de la ville de Gaza comprenant 1906 personnes.

Dans la province centrale 65 familles comprenant 303 membres se sont réfugiées dans les centres et dans la ville de Khan Younes 85 familles comprenant 437 personnes.

Aussi il y a des morts ou de froid ou du naufrage. Il y a des gens qui restent dans les centres de refuge jusqu’à ce jour, pourtant les examens de la fin du premier semestre commenceront dans quelques jours.

Cher ami,

Dans mon pays, tout devient triste, même l’eau qui est descendue du ciel et qui n’a pas trouvé un endroit pour s’installer correctement, les rues, les murs, les enfants qui attendaient l’hiver et la pluie avec impatience pour porter leurs vestes et leurs parapluies, sont maintenant tristes qu’ils ont perdu pas seulement leurs vestes ou parapluies, mais aussi leurs maisons et pour quelques-uns, toutes leurs affaires.

Top