Une bouteille à la mer

Réalisé par : Thierry Binisti

Avec : Agathe Bonitzer , Hiam Abbass , Mahmoud Shalaby … D’après le roman de Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza, L’Ecole des Loisirs, 2005.

Le roman m’avait agacée par ses bons sentiments prétendument apolitiques, par ses inexactitudes sur la bande de Gaza et ce qui s’y passe.

bouteilleLe film, quant à lui,  m’a carrément énervée. Valérie Zenatti , une ancienne soldate qui a servi à Hébron, a participé au film tout au long du tournage. Bien sûr, on n’a pas tourné à Gaza  car « on ne peut pas », dixit le dossier pédagogique, sans plus d’explication sur « qui » impose cette interdiction. De même, tourner au Centre culturel français de Gaza a été impossible et je cite : « Pour des raisons de sécurité, de risque d’enlèvement, Israël ne laisse entrer aucun Israélien à Gaza, ce qui aurait posé un problème avec les techniciens. » Inutile de demander pourquoi le réalisateur n’a pas pris une équipe palestinienne à Gaza. Bref.

Mais l’histoire, me direz-vous. Une jeune Française fraîchement arrivée en Israël, Tal,  est témoin d’un attentat. Son frère va partir faire son service militaire à Gaza. Elle veut alors comprendre pourquoi et comment on peut ainsi se tuer et tuer des innocents. Elle écrit donc une lettre qu’elle demande à son frère de jeter dans la mer de Gaza. Elle attend avec impatience. Un certain Gazaman lui répond et commence alors un long échange de mails.

Dans ce film, les jeunes Palestiniens, leur société et leurs familles sont tous systématiquement présentés comme violents. Du côté de Gazaman, on a même droit à un méchant oncle pour compléter la galerie. Rien de tel du côté de Tal bien sûr. L’environnement à Gaza est partout délabré. Rien de tel du côté israélien où tout est « bien propre sur soi ».

Valérie Zenatti croit et fait croire-ce qui est plus grave- que des Palestiniens ne peuvent communiquer sur internet  avec des Israéliens sans risque. On a donc droit à une scène de brutalité où Gazaman est embarqué sans ménagement par des hommes à l’air très « islamiste » qui l’interrogent et le frappent. Quand l’armée israélienne bombarde Gaza (2008-2009), on évite le réalisme trop violent et on insiste seulement sur l’inquiétude de Tal. Il est vrai que le réalisateur dit clairement : « Il était essentiel que le conflit reste en arrière-plan… ». Ben, voyons…

Et les acteurs ? Pour moi, peu convaincants. Même la superbe Hiam Abbas a du mal à s’imposer dans son rôle de mère.

En un mot, comme en cent : un film bien-pensant qui plaira à tous les amateurs de contes naïfs.

M.B

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