Un Etat, fin ou consécration de l’apartheid  

Bulletin N °79

La question de savoir si l’on préconise un ou deux Etats est passablement stérile même si elle anime des débats sans fin. Et que, -en définitive-, seuls les Palestiniens sont habilités à la  trancher.

Deux Etats ?

Il suffit de constater la mort du processus de paix devant mener à la création d’un Etat palestinien ; il suffit de scruter la carte de la Cisjordanie rongée par les colonies et déjà amputée de 60% de son territoire ; il suffit de noter l’isolement complet de la bande de Gaza coupée de la Cisjordanie et du reste du monde ; il suffit d’écouter les dirigeants israéliens qui refusent l’existence d’un Etat palestinien (de Rabin à Netanyahou) ; il suffit de lire la loi sur l’Etat juif avec l’inscription de l’accaparement de toujours plus de terres palestiniennes, il suffit … pour comprendre que la solution à deux Etats, à moins d’un revirement spectaculaire, n’a tout simplement plus de place où s’exprimer.

Mais alors, un seul Etat ?

Certains l’avaient déjà proposé, avant la création d’Israël, comme Martin Buber et le Hachomer Hatzaïr du côté juif ou la Ligue de libération nationale, un mouvement communiste, du côté palestinien. Mais les Nations Unies, en dépit du refus des représentants arabes et des propositions alternatives, décidèrent de procéder au partage de la Palestine mandataire. Deux Etats. Dont un seul vit le jour : Israël.

Après 1967, c’est toute la Palestine qui est occupée ; Israël refuse de respecter les résolutions de l’ONU, annexe Jérusalem-Est et le Golan et entame la colonisation des territoires conquis par la force, une fois de plus.

Mis face à cette réalité, le comité central du Fatah va reprendre l’idée d’un Etat unique, déclarant en 1969 : « Le Fatah proclame solennellement que l’objectif final de sa lutte est la restauration de l’Etat palestinien indépendant et démocratique dont tous les citoyens, quelle que soit leur confession, jouiront de droits égaux»  et  l’OLP déclare que son objectif est d’« édifier une société libre et démocratique en Palestine, pour tous les Palestiniens, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs .»

Refus par Israël de se retirer des territoires occupés, occupation militaire, colonisation galopante, inertie de la communauté internationale qui ne fait pas respecter le droit international… Autant de facteurs qui amèneront l’OLP en 1974 à prendre une nouvelle direction : la construction d’une « autorité nationale et combattante sur toute partie du territoire palestinien qui sera libérée ».

Avoir accepté par pragmatisme un Etat palestinien sur 22% de ce qui restait de la Palestine mandataire (déclaration de l’Etat de Palestine,1988) n’a pas pour autant permis à l’OLP de libérer le territoire toujours occupé, ni à plus forte raison d’y instaurer un Etat indépendant souverain.

Par la suite, les Accords d’Oslo se sont avérés une véritable catastrophe pour la cause  palestinienne  : sous couvert d’une pseudo-autonomie accordée, Israël leur a imposé la dépossession, la déstructuration économico-sociale et la division politique et territoriale. Alors, des intellectuels mais aussi de simples citoyens palestiniens se sont remis à rêver d’un Etat, binational, dont ils sont conscients qu’il pratiquera l’apartheid mais qui, pensent-ils, finira par devenir l’Etat de tous ses citoyens comme en Afrique du Sud.

De leur côté, la droite et l’extrême-droite israéliennes qui ont voté la loi sur l’Etat juif prônent l’annexion de la Cisjordanie. Résultat : un Etat, un seul, l’Etat juif. Qui, comme le disent d’autres Israéliens, cessera d’être démocratique s’il pratique l’apartheid ou cesserait d’être juif, s’il était l’Etat de tous ses citoyens indépendamment de leur origine.

Un Etat d’apartheid

Il n’existe bien qu’un seul Etat qui a le contrôle du territoire palestinien et des Palestiniens : Israël.Un seul Etat mais pas celui qu’ont rêvé et les Buber et l’OLP, un état binational démocratique dont tous les citoyens jouissent des mêmes droits. Non, un Etat qui pratique l’apartheidvis-à-vis de ses citoyens palestiniens en Israël et qui impose l’apartheid dans le territoire palestinien qu’il contrôle totalement.

Un seul Etat, soutenu par les Etats-Unis et courtisé par certains pays arabes. Partenaire gâté de l’UE en dépit de ses alliances avec des dictatures et des régimes racistes voire antisémites. En dépit de l’affront constant qu’il inflige aux institutions internationales et aux représentants politiques étrangers. En dépit de ses violations avérées du droit international, du droit humanitaire et des résolutions de l’ONU, anciennes ou nouvelles.

 

 

 

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