Asil Abou Lil, une Palestinienne de 14 ans, se demandait comment aider son oncle et sa tante aveugles à gravir les ruelles escarpées aux pavés disjoints de Naplouse, en Cisjordanie. Avec le concours de deux camarades tout aussi ingénieuses, la jeune fille a construit un prototype de canne équipé de divers capteurs pour déjouer les obstacles.
Cette invention a valu aux trois jeunes filles de gagner un voyage à San Jose, en Californie, pour participer au Concours international de sciences et ingénierie, récompensant les meilleurs étudiants de plus de 50 pays. Elles deviennent ainsi les premiers Palestiniens à participer à cette manifestation, qui a lieu en mai.
“Bien sûr que je veux aller en Amérique. Mais c’est surtout que ce projet est important pour les aveugles et nous voulons les aider”, explique Asil.
Les trois adolescentes ont donc fabriqué cette canne blanche nouveau style, équipée de deux capteurs à infrarouge qui déclenchent un bip en cas de creux ou de bosse, dans le cadre d’un projet de classe de leur école du camp de réfugiés d’Askar, financée par l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, qui scolarise plus d’un quart de million d’enfants en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Et ce malgré la difficulté, dans ce territoire palestinien soumis à l’embargo économique israélien, de trouver les pièces détachées nécessaires.
La fabrication des deux prototypes aura nécessité de multiples voyages jusqu’à Ramallah, à environ 45 minutes de route et en franchissant deux checkpoints israéliens, pour y farfouiller dans les magasins d’électronique à la recherche des bons circuits et des bons capteurs…
Selon Mark Uslan, directeur de la division technologie de la Fédération américaine des Aveugles, si de nombreuses sortes de “cannes blanches laser” ont vu le jour depuis le début des années 70, celle inventée par les filles solutionne un dégaut fondamental des modèles précédents, en détectant les trous dans le sol.

“Ces filles sont les Albert Einstein de demain”, estime Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA. “Nous devons enseigner la pensée rationnelle aux générations futures, pour qu’elles réfléchissent aux problèmes et en parlent. C’est un processus de paix en miniature, en quelque sorte, et nous devons mettre du temps et de l’argent dans l’éducation, car c’est ça, la paix de demain”, a-t-il ajouté.
Bien que l’ayant emporté sur des dizaines d’autres concurrents pour décrocher le droit de représenter les Territoires palestiniens au concours californiens, les jeunes filles avaient encore un nouvel obstacle à franchir: il n’y avait pas assez d’argent pour faire le voyage à trois. Après tirage au sort, Asil aurait donc dû rester à quai à Naplouse.
Mais la semaine dernière, en entendant cela, les personnels de l’ONU se sont cotisés pour acheter un billet d’avion supplémentaire, provoquant les larmes de reconnaissance d’Asil lorsqu’elle a appris la nouvelle, lundi, en classe. “Je me souviendrai toute ma vie de ce moment, même quand je serai vieille”, a-t-elle déclaré.
Mardi 27 avril
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