Bulletin 45
Les médias, en général, aiment décrire ceux qui s’engagent pour la justice et le droit en Palestine occupée comme « pro-palestiniens ». Dernièrement, les comptes-rendus de l’attaque de la flottille humanitaire pour Gaza ont chanté cette rengaine sur tous les tons. Or, cette dénomination dit implicitement que les personnes embarquées sur le Marvi Marmara sont inconditionnelles des Palestiniens et laisse donc entendre qu’elles sont partisanes, voire anti-israéliennes.
Blanc/noir. Une image simple dans la complexité de la problématique du Moyen-Orient. Simpliste, plutôt.
Parmi ceux qui défendent le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à un Etat indépendant,
Parmi ceux qui se mobilisent pour que soit mis fin à l’occupation israélienne,
Parmi ceux qui manifestent contre les violations du droit international et du droit humanitaire par Israël,
Parmi ceux qui militent pour que leur pays, l’Europe et la communauté internationale fassent respecter par les Israéliens les résolutions de l’ONU,
Parmi ceux qui vont en Palestine occupée pour soutenir la société civile palestinienne et les organisations /mouvements israéliens impliqués dans le même combat contre l’occupation,
Parmi ceux qui versent régulièrement ou occasionnellement de l’argent pour soutenir des projets culturels ou de développement en Palestine,
Parmi ceux qui, de leur plume ou avec leur caméra, décrivent la situation en Palestine,
Parmi ceux qui s’affilient à des organisations pour informer leurs concitoyens et faire pression sur le monde politique,
Parmi tous ces gens, il y a des citoyens de tous horizons. Mais tous ont en commun un même credo : ils croient en la justice et défendent les valeurs humanistes dont l’Europe se proclame dépositaire : respect des droits de l’homme, égalité entre les hommes, anti-racisme, etc.
C’est à ce titre que, pour eux, la Palestine est un enjeu.
La grande majorité d’entre eux cessera probablement de s’intéresser aux Palestiniens quand ils disposeront enfin d’un véritable Etat et qu’ils pourront s’autodéterminer librement.
Ce que les Palestiniens feront alors dans leur Etat sera de leur ressort et l’Etat de Palestine pourra naturellement faire l’objet de critiques, d’enquêtes et d’évaluations comme n’importe quel autre Etat du monde. Ce jour-là et ce jour-là seulement, ceux qui continueront à défendre inconditionnellement les Palestiniens pourront être qualifiés de « pro-palestiniens. »
En attendant, les citoyens qui s’engagent pour que justice soit rendue aux Palestiniens ne peuvent être qualifiés de « pro-palestiniens». Ils sont la véritable conscience d’une Europe et d’un monde occidental qui ont abandonné l’universalité des valeurs humanistes pour ne les défendre qu’au seul bénéfice de ceux qui leur agréent. Et ce y compris dans nos pays démocratiques, « civilisés » et vivant en paix.
Le racisme qui éclot au grand jour partout en Europe en est une preuve. La lutte pour une Palestine libre et indépendante fait partie du combat nécessaire pour que nos démocraties soient authentiques. C’est bien pourquoi on y trouve côte à côte des personnes venues de tous les partis, de toutes les confessions, de toutes les classes sociales et de toutes les communautés.
Marianne Blume