
Bulletin N°77
Le 19 juillet dernier, les députés israéliens adoptaient la loi sur « l’État-nation du peuple juif» qui constitutionnalise le caractère juif de l’État d’Israël. Officialisant la politique d’apartheid de l’État d’Israël, cette loi, condamnée par de nombreuses personnalités israéliennes issues de multiples mouvances politiques, inscrit l’inégalité des citoyens au cœur même du fonctionnement de l’État. Retirant son statut de langue officielle à l’arabe et réservant aux seuls Juifs le droit à l’autodétermination, l’adoption de cette loi a éveillé la colère d’une partie de sa population plutôt accoutumée au mutisme : les Druzes. Arabes mais autorisés à effectuer leur service militaire, les Druzes, habituels alliés de l’État israélien, se sont rapidement rassemblés à Tel-Aviv pour s’opposer à cette loi profondément inique. Votée par une extrême droite israélienne se décomplexant au fil du temps, la loi sur « l’État-nation » ne fait que réaffirmer la fascisation d’un Etat qui n’a de démocratique que le nom. Face à cet extrémisme auquel l’Europe a de moins en moins à envier, le mouvement BDS reste l’arme de prédilection des citoyens conscients.
Israël
Située dans la colonie illégale d’Ariel en Cisjordanie, l’université d’Ariel a organisé du 3 au 6 septembre un colloque de physique sur son campus. Sur le front du boycott académique depuis 14 ans, la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), appuyée par la Fédération palestinienne des syndicats de professeurs et d’employés d’universités (PFUUPE), s’est nommément adressée aux conférenciers invités en leur rappelant d’une part, que l’université d’Ariel se trouve sise au-delà de la Ligne verte et ce donc de facto en violation flagrante du droit international et d’autre part, que le mur d’apartheid construit par Israël englobe la colonie d’Ariel à l’État d’Israël alors que celle-ci se trouve incontestablement en territoire palestinien. De bon augure pour l’Eurovision 2019 ?
États-Unis
Fin août, nous avons appris que le géant américain Pepsico a racheté la multinationale israélienne SodaStream pour un montant de plus de trois milliards de dollars. SodaStream, marque connue pour ses appareils de gazéification de boissons, fait face à des mesures de boycott ; sa complicité est mise en cause dans les exactions israéliennes contre le peuple palestinien. Initialement située dans une colonie israélienne en Cisjordanie, la principale usine de la marque a dû quitter la colonie de Ma’aleh Adumin à la suite des pressions du mouvement BDS. Cependant, l’entreprise israélienne a relocalisé sa principale usine dans le Néguev où vit l’une des populations les plus pauvres d’Israël : les Bédouins palestiniens citoyens d’Israël. Destruction de leurs villages, accaparement de leurs terres et perte de leur citoyenneté font partie des violences que ces derniers subissent au quotidien. Incorrigible, Sodastream se fait à nouveau le complice de ces violences et conformément aux consignes données par le mouvement BDS, la marque, nonobstant son rachat par PepsiCo, reste toujours soumise au boycott.
Allemagne
Longtemps leader mondial dans le secteur des articles de sport, la marque allemande Adidas a annoncé fin juillet ne plus sponsoriser la Fédération israélienne de football. Portée par la campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), la campagne mondiale s’est clôturée par une éclatante victoire. Et pour cause, la « marque aux trois bandes » a pris la décision de ne plus se rendre complice de la Fédération israélienne de football, laquelle soutient directement la colonisation israélienne du territoire palestinien. En effet, six des équipes de la Fédération sont basées dans des colonies illégales israéliennes. Malheureusement, là où l’argent est roi, les vautours sont légion : aussitôt après le retrait d’Adidas, une autre marque allemande, Puma, a signé un contrat de quatre ans avec la Fédération israélienne de football. C’est une bien terne image que Puma a décidé de véhiculer avec cet accord commercial !
Le mouvement BDS nous rappelle, dans un communiqué, que lors des manifestations organisées pour la « Marche du retour », 50 athlètes palestiniens ont vu leur carrière ruinée à la suite de tirs de snipers israéliens.
Écosse
L’équipe de football de Glasgow est connue pour avoir été fondée en 1887 par des immigrants irlandais, mais également pour ses supporters, célèbres pour leur ferveur et leur soutien inconditionnel au peuple palestinien. En effet, il n’est pas rare de voir flotter des dizaines de drapeaux palestiniens dans l’antre du Celtic Park ; en particulier lorsque les Bhoys affrontent des équipes israéliennes. Le peuple irlandais, ayant été longtemps opprimé et persécuté par la Couronne britannique, il n’est pas étonnant que les membres de la Green Brigade soient solidaires des Palestiniens. Le Conseil municipal de la ville a décidé de suivre la voie des supporters du Celtic en refusant de sponsoriser une foire militaire accueillant des fabricants d’armes israéliens dont la réputation n’est plus à faire car leurs armes sont testées sur le terrain…palestinien. Cet engagement de la ville écossaise dépasse cependant le cadre du BDS : aucune ville, aucune organisation ne devrait apporter son soutien à des entreprises qui transforment notre planète en un immense champ de bataille.