Bulletin N°78
Par Simon F.
France
« Mais il n’est plus l’heure pour personne de cacher le vrai jeu joué. Il est l’heure de dire simplement qu’il y a une philosophie des oppresseurs et une philosophie des opprimés, sans aucune ressemblance réelle, bien qu’on les puisse toutes les deux nommer philosophie. C’est là l’équivoque de la philosophie en général, ou du moins la première, la plus pressante de toutes les équivoques qu’il faut dénombrer et mettre à nu. […] Les philosophes sont justement des hommes qui font du prosélytisme. » Paul Nizan, Les chiens de garde
Paru en 1932, cet essai est malheureusement toujours d’actualité. En effet, nombreux sont les « philosophes » dont la position est, quant à elle, univoque. Des Onfray et des Finkielkraut rivalisent de sophistique pour décrédibiliser la lutte pour le respect des droits du peuple palestinien. Le 19 novembre, Bernard-Henry Lévy, le « philosophe » multi-entarté, déclarait que le BDS était un mouvement fasciste et totalitaire. A l’heure où les soutiens déclarés de l’État israélien proviennent de l’extrême droite la plus dure alors que le mouvement BDS ne milite que pour le respect du droit international, les propos tenus par l’ancien soutien des « contras » du Nicaragua témoignent, une fois encore, de l’imposture du système BHL qui, depuis plus de 35 ans, défend l’indéfendable.
Ignorant ces attaques dénuées de tout fondement, les militants français se mobilisent aujourd’hui dans l’Hexagone pour dénoncer la saison « France-Israël » qui, loin de n’être qu’un évènement culturel, est une des composantes de la machine de propagande de l’État d’Israël. Son objectif ? Camoufler les crimes quotidiens perpétrés par l’entité sioniste derrière l’alibi culturel.
Le mouvement a engrangé une précieuse victoire à Toulouse en poussant le Théâtre du Grand Rond à déprogrammer l’ouverture des journées de la culture juive organisée par l’organisation sioniste Hebraica, malgré l’immonde campagne de pub qui en avait fait la promotion.
Palestine
Mise au pilori par les militants du mouvement BDS, la plateforme communautaire américaine Airbnb a enfin décidé de se conformer au droit international en retirant les offres de location provenant des colonies israéliennes qui gangrènent la Cisjordanie. Devant les foudres de l’État colon, Airbnb a lâchement argué, dans un communiqué de presse, que les colonies israéliennes étaient « une question controversée ».
Fortes de ce succès, les ONG américaine Human Right Watch et israélienne Kerem Navot ont, dans un rapport publié le 20 novembre intitulé « bed and breakfast en terre volée », également épinglé l’entreprise Booking.com. La plateforme de réservation d’hébergement répertorie en effet 26 annonces de logements en Cisjordanie, dont 17 officiellement situées sur des terrains saisis à des Palestiniens.
Inde
La machine de « whitewashing » israélienne use particulièrement de l’alibi de la culture. Dans le but de camoufler ses exactions contre le peuple palestinien, l’État d’Israël a invité quatre personnalités de Bollywood, l’industrie du cinéma indien, à se produire en terre d’apartheid. Ce choix s’explique par le nombre colossal de fans amateurs de ce type de cinéma qui constituent un énorme réservoir d’éventuels soutiens à l’État d’Israël. Alors que l’Inde a également connu l’occupation coloniale et son lot d’atrocités, l’heure est venue pour Bollywood de se ranger soit du côté des oppresseurs en aidant au maquillage des crimes israéliens, soit du bon côté de l’Histoire en répondant favorablement aux appels du mouvement BDS.
Irlande
A un peu plus de 7000 kilomètres de New Delhi, un autre pays est accoutumé l’impérialisme britannique : l’Irlande. Toujours amputée d’une partie de son territoire relevant de la couronne britannique, l’Irlande a un long passé de lutte anticoloniale comportant de nombreux points communs avec celle du peuple palestinien. Le 28 octobre, Finian McGrath, le secrétaire d’État irlandais au Handicap, a signé, avec une cinquantaine d’autres personnalités politiques, un communiqué appelant à imposer un embargo militaire à l’État d’Israël ainsi qu’à mettre un terme au commerce d’armes entre les deux pays. Malheureusement, face à des Trump, Bolsonaro ou encore Orbán, les McGrath ne sont pas légion. Le monde politique finira-t-il par se découvrir une passion pour la justice ou les citoyens de conscience (re)devront-ils prendre les choses en main ? Au vu du contexte actuel, la seconde option semble la plus réaliste (et c’est tant mieux !).