Le musée de la discorde à Mamilla

En 2001, le Centre Wiesenthal avait annoncé son intention de construire sur le côté sud du cimetière de Mamilla, à Jérusalem, un Musée de la Tolérance (musée qui prétendait montrer « l’unité et le respect entre juifs et les peuples de toutes traditions ») et ce, avec le soutien total de la municipalité de Jérusalem. Les premiers coups d’excavateur ont provoqué la colère des Palestiniens de la ville, particulièrement au moment où des restes humains ont commencé à être exhumés. « Ils n’auraient pas fait cela si le cimetière avait été juif. Il y a d’autres espaces pour construire cela. C’est encore une manifestation politique de plus car ils savent que cela ressemble à une provocation pour nous » affirme le Docteur Yussuf Nachti, expert en archéologie pour le Waqf à Jérusalem.

tombe à Mamilla
tombe à Mamilla

Jamal Nusseibeh, dont les ancêtres sont enterrés au cimetière Mamilla dénonce « une tentative d’enterrer l’histoire ». Il rappelle que, dans le dossier de la Cour suprême, l’opinion de l’expert archéologue Gideon  Suleimani, nommé par l’Autorité des antiquités israéliennes (AAI), a été mise de côté. Bien entendu, son expertise est gênante pour les partisans du musée puisqu’il rappelle que des fouilles archéologiques n’ont été achevées que sur 10 % du site concerné. Un total de 250 squelettes ont été exhumés et 200 autres tombes ont été découvertes mais non exhumées. Il estime que quelque 2 000 autres tombes, datant pour certaines du XIe siècle, sont encore présentes, entreposées sur au moins quatre niveaux.

Dans cette bataille d’apparence juridique, le principe du Musée de la tolérance n’est pas en cause, même si la conception de la tolérance du rabbin Hier ne rassure pas totalement : « Notre projet n’exclura personne, assure-t-il, mais nous n’allons pas enseigner aux musulmans l’histoire palestinienne. Nous utiliserons, en tant que juifs, notre expérience. La tolérance ne peut s’enseigner qu’aux gens qui respectent les autres, qui ne croient pas au terrorisme, mais à la dignité humaine. Le musée marche bien à Los Angeles, pourquoi en irait-il différemment à Jérusalem ? »

groupe de tombes
groupe de tombes

Peut-être est-ce là que réside le divorce. La ville sainte de Jérusalem n’est pas la Californie. Longtemps, la capitale contestée d’Israël a été un modèle de tolérance. Si elle l’est encore, dans une certaine mesure, pour la coexistence des trois religions monothéistes, elle ne l’est plus sur le plan politique. La violence y est à fleur de peau : en 1996, l’ouverture d’un tunnel à proximité de l’esplanade des Mosquées avait entraîné de sanglantes émeutes.

C’est l’avertissement qu’a voulu lancer, dans une lettre adressée, le 3 mars 2010, au président du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur du Yémen et président du groupe des Etats arabes, Abdulla Assaidi. La construction du Musée, écrit-il, serait « une mesure dangereuse et irresponsable (qui) suscitera des sentiments de rage dans le monde arabe et musulman ».

d’après un article du Monde.

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