Les réponses aux questions parlementaires sont rarement révélatrices, mais de temps en temps on lit quelque chose qui a de l’intérêt. La réponse la plus détaillée que j’ai jamais reçue de la Commission européenne est arrivée ce mois-ci.
C’est un tableau qui répertorie 82 cas de dommages infligés par les attaques de l’armée israélienne à des projets de développement financés par l’UE, avec en addition les États membres qui ont financé chacun de ces projets, et la date de l’attaque (de mai 2001 à octobre 2011). Les pertes totales sont estimées à 49,1 millions d’euros, dont 29,3 millions d’euros attribués à des financements de l’UE.
>> Voir Liste des projets détruits par l’armée israélienne et financés par l’UE sur le blog de Chris Davies.
Le plus grand dommage causé est connu et a eu lieu il y a déjà plus d’une décennie – il s’agit de la perte de 16 millions d’euros provoquée par la destruction de l’aéroport de Gaza, projet financé par l’UE à hauteur de 9,5 millions d’euros. Bon nombre des autres projets énumérés sont de petite taille, voire très petite, et il n’est pas évident dans la liste de déterminer quelle destruction a eu lieu.
Le coût total du montant des dommages n’est pas si élevé étant donné tout ce que qui s’est passé pendant cette période, mais il est intéressant de noter que la Commission maintient un tel compte rendu détaillé des cas de destruction. Je ne suis néanmoins pas sûr qu’il soit complet. Ou peut-être les noms qu’il donne à des projets ne sont pas immédiatement évidents ou ne correspondent pas aux dénominations utilisées par d’autres.
En janvier 2008, les forces israéliennes ont déraciné 3.200 arbres et détruit des citernes d’eau et des terrasses de pierre dans les champs palestiniens près de Beit Ula, proche de Hébron, en Cisjordanie (zone «C»). En réponse à une question parlementaire que j’avais déposée la Commission européenne a confirmé en avril qu’elle avait dépensé 64.000 euros pour les arbres, qu’elle était “gravement préoccupée” au sujet de leur destruction, et qu’elle attendait des “clarifications” de la part des autorités israéliennes.
J’ai suivi cette réponse avec d’autres questions parlementaires, essayant de savoir quelle avait été la réponse donnée par les Israéliens et quelle compensation avait été proposée pour la destruction de propriétés financées par l’UE. Finalement, le 19 mars 2009, j’ai reçu une réponse détaillée de celui qui était alors le Directeur des Relations extérieures de la Commission, Tomas Dupla del Moral. C’est une triste histoire.
La lettre indique clairement que les représentants de la Commission ont soulevé la question des arbres lettre après lettre mais également en personne lors des réunions de routine avec COGAT (Coordination israélienne des activités gouvernementales dans les Territoires (occupés)). Le Directeur a admis que, plus d’un an après que la destruction ait eu lieu, aucune réponse écrite n’avait été fournie.
Cela ne me surprendrait pas que l’UE ne reçoive jamais de réponse à ses demandes d’explication au sujet de la destruction par Israël de projets financés par l’UE. J’attends que la Commission réponde à d’autres questions que j’ai déposées sur la question.
Israël est un partenaire proche de l’Union européenne, bien que nous appelions à mettre fin à l’occupation par Israël des territoires palestiniens. Des négociations visant à étendre nos accords commerciaux sont actuellement en cours.
Vous pourriez penser qu’un partenaire si proche considérerait l’UE avec un peu plus d’amitié et de respect, et pourrait donc au moins répondre à nos lettres officielles. Mais non, il n’en est pas ainsi.
Israël respecte la force. L’UE ne parvient pas à en montrer, nous sommes donc traités avec mépris et dédain. Tant que l’UE refuse d’appliquer des sanctions contre les débordements d’Israël nous ne devons pas nous attendre à mieux.
Source : Blog du MEP Chris Davies, 19 mars 2012.
Traduction : NJO