Edito: Israël, un État pour tous ses concitoyens !

Parmi les alliés de M. Netanyahou, il en est qui personnifient mieux que d’autres ses funestes desseins. L’un d’eux, Itamar Ben-Gvir, colon porte-parole de l’extrême-droite, moins connu qu’Avigdor Lieberman ou Naftali Bennett, anime une alliance explicitement chargée par le Premier ministre israélien de glaner des voix aux franges les plus extrêmes de son électorat. Ses membres n’hésitent pas à appeler à l’épuration ethnique de la Knesset en appelant à des mesures qui empêchent l’accès de représentants non juifs à l’assemblée israélienne. Celle-ci, après avoir voté la loi sur l’Etat-nation du peuple juif, est donc travaillée au corps pour asseoir la suprématie juive en tant que valeur constitutionnelle. L’extension des colonies et les plans de transfert de centaines de milliers de citoyens palestiniens d’Israël contenus dans le programme  américano-israélien « Vision pour la paix », porté par l’ex-administration Trump, constituent un édifice qui rend impossible tout accord de paix avec les Palestiniens.

La nouvelle administration Biden n’a à ce jour donné aucun signe tangible de prise de distance vis-à-vis de son prédécesseur ni du chef du gouvernement israélien. L’ONU, son secrétaire-général et les Européens en général sont dans l’attentisme vis-à-vis des Américains, ce qui est inacceptable. Tout comme est inacceptable le fait que la Grande-Bretagne vienne d’accorder son accréditation à la pro-colons Tzipi Hotovely comme ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni. Il est aberrant de voir l’UE plaider auprès des Palestiniens pour qu’ils respectent les accords passés avec Israël dans le cadre d’Oslo sans dénoncer et sanctionner le gouvernement israélien qui, par ses lois et déclarations, témoigne ouvertement de son mépris pour ces mêmes accords.

Ce qui prévaut aujourd’hui dans les cercles dirigeants israéliens, c’est l’incitation à la haine et la multiplication de formes de discriminations, pires que sous l’apartheid en Afrique du Sud, à l’égard des Palestiniens.

Aujourd’hui, qui oserait encore affirmer qu’Israël n’a pas eu pour objectif de détruire délibérément toute perspective d’un État palestinien dans les frontières de 1967 ? Qui croit encore à la volonté israélienne de parvenir à l’égalité entre tous ses citoyens, seule garante de liberté pour les Palestiniens vivant en Israël et dans les territoires occupés ?

Heureusement, dans un tel contexte, la bonne nouvelle est venue de la Cour pénale internationale. En février dernier, la Cour s’est déclarée compétente pour les crimes commis depuis 2014 dans les territoires palestiniens occupés. La Procureure Fatou Bensouda a confirmé ce 3 mars sa décision d’enquêter dans les T.O (lire l’article de François Dubuisson page 18).

Bien sûr, M. Netanyahou a accusé les juges de la CPI d‘antisémitisme et les amis inconditionnels d’Israël, qui ont pourtant adhéré à la CPI, dont notamment l’Allemagne et l’Australie, ont dénoncé la décision des juges…

Même si ce n’est qu’une étape dans un processus de longue haleine, c’est en tout cas un acte juridique qui revêt un caractère politique qui ne peut que réjouir ceux qui, depuis 15 ans, ont engagé la campagne BDS.

 

Pierre Galand

 

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