
29 octobre 2022. 43e Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Alors que le soleil se lève sur la Palestine, l’occupant a déjà fait ses trois premières victimes: les frères Jawad Abdul-Rahman et Thafer Rimawi, 22 et 21 ans, étudiants à l’université de Birzeit, assassinés lors d’un raid à Ramallah et Mohammad Mahmoud Elkhlayyil, 44 ans, abattu à Hébron-Al-Khalil.
D’autres « opérations» se dérouleront ailleurs en Cisjordanie la même journée, portant le macabre décompte à cinq exécutions.
Voilà de longs mois que les portraits des victimes des forces israéliennes défilent à un rythme quasi quotidien sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos sont proprement glaçantes, comme celle montrant Ra’ed Ghazi Na’san, 21 ans, se faire mortellement toucher dans le dos par un tireur d’élite, ou celle de ce soldat abattant de quatre balles à bout portant Ammar Mifleh, 22 ans, avant de le laisser se vider de son sang en empêchant l’arrivée des secours.
Si ces véritables saignées infligées aux forces vives de la société palestinienne en vue de leur inculquer la résignation et les punitions collectives qui les accompagnent ne sont pas neuves, elles atteignent aujourd’hui un niveau d’intensité inédit. L’impunité dont bénéficient les soldats israéliens, et avec eux les colons qui multiplient les violences, constitue le principal carburant de cette spirale de l’horreur. On n’ose dès lors imaginer à quel surcroît d’ignominie pourra conduire le retour au pouvoir de Netanyahou, lequel s’apprête à livrer les clés du contrôle du territoire occupé à ceux qui jugent l’ampleur de la répression encore trop timorée.
Les rares bonnes nouvelles de cette fin d’année sont à trouver du côté de l’ONU. Plusieurs résolutions adoptées par l’Assemblée générale ont ainsi rappelé que les Palestiniens n’avaient pas disparu de l’agenda international. Parmi celles-ci, notons le vote très symbolique d’une résolution visant à commémorer la Nakba, le jour du déracinement des Palestiniens que représentent la création d’Israël et l’expulsion de sa population indigène. De manière beaucoup plus tangible et inquiétante pour Israël, une majorité d’États
– parmi lesquels nous saluons la présence de la Belgique – s’est dégagée pour demander à la Cour internationale de Justice un avis sur les conséquences légales de l’occupation prolongée de la Palestine par Israël.
En cherchant à déterminer si l’occupation israélienne constitue une annexion, les membres de l’ONU marquent leur volonté de replacer le droit international au cœur de la résolution de la
« question de Palestine». Cette requête fait écho au rapport de la nouvelle Rapporteuse spéciale des Nations-Unies pour les droits humains en territoire occupé, Francesca Albanese, publié en octobre dernier (lire pages 30 et 33). Celui-ci appelle, entre autres, à un changement de para- digme et à passer de la logique de résolution de conflit à une approche basée sur le droit : « Nous avons le colonialisme de peuplement, l’occupation illégale et les pratiques d’apartheid, et tout cela doit prendre fin non pas simplement par des négociations, mais plutôt par des actions interna- tionales positives pour y mettre un terme! ».
Un constat qui place nos gouvernants face à leur responsabilité qui consiste à exercer sur Israël toutes les pressions nécessaires à même de rendre enfin effectifs les droits inaliénables du peuple palestinien.