…Mais, depuis toujours, d’une occupation de la Palestine par Israël, puissance occupante, colonisatrice, dominatrice, pratiquant le délit de sale gueule, coupable du crime d’apartheid à l’égard des Palestinien·nes.
Dans un ouvrage récent, Stéphanie Latte Abdallah, chercheuse au CNRS (1) décrit comment l’incarcération massive des Palestiniens, hommes, femmes, enfants, est conçue comme un système qui participe du dispositif de contrôle et de répression exercé par Israël. « Environ 40% des hommes depuis l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Gaza et du Golan sont passés par les prisons israéliennes depuis 1967, soit le plus haut taux de détention au monde. » L’emprisonnement participe – tout comme les contrôles systématiques du territoire, les check points, les murs, les bouclages, les destructions de maisons, les expulsions – à la politique de dislocation et d’effacement de la société palestinienne. Les dernières attaques de la police et de l’armée en soutien aux exactions de l’extrême-droite et des colons témoignent du degré de déshumanisation de tout l’appareil politique et militaire de cet État. Et cela dans un silence choquant des États-Unis, de l’Union européenne et du Conseil de sécurité des Nations Unies, silence qui trahit leur complicité évidente.
Imaginons un instant que l’Autorité palestinienne arrête et fasse juger les colons israéliens qui volent des terres, arrachent les oliviers, spolient les Palestiniens de leurs biens et s’attaquent aux femmes et aux enfants. Croyez-vous que les mêmes resteraient alors bouche cousue et bras croisés ?
Qu’aurait dit Naïm Khader, lui dont nous avons commémoré ce 1er juin, avec sa veuve Bernadette et son frère Bichara, le lâche assassinat devant son domicile, survenu il y a 40 ans ? Lui qui accompagnait la démarche de Yasser Arafat portant un rameau d’olivier, le 13 novembre 1974 à la tribune des Nations Unies, en signe du choix palestinien d’un dialogue de coexistence entre Juifs et Palestiniens, fondé sur la reconnaissance de deux États avec Jérusalem pour capitale commune ? Ces leaders de l’OLP déclaraient sans cesse leur conviction que c’était l’unique issue pour la paix au Proche-Orient. Pour avoir accepté ce dialogue de coexistence et de reconnaissance mutuelle, Itzahk Rabin sera assassiné par les mêmes faucons israéliens qui, aujourd’hui encore, sont au pouvoir en Israël et imposent leur projet expansionniste d’accaparement de la Cisjordanie, de Jérusalem et du Golan syrien.
Toute résistance palestinienne, alors qu’elle a le droit pour elle, est aussitôt qualifiée de terroriste par l’occupant et réprimée sauvagement.
Il est urgent de lui apporter notre soutien et d’appeler les anticolonialistes et humanistes en Israël et dans le monde à se mobiliser pour la coexistence des deux peuples en mettant fin au régime d’apartheid qui sévit en Israël et dans le TPO. Il s’agit là, en effet, d’un crime contre l’humanité qui nécessite la mobilisation urgente des instances judiciaires et politiques internationales. Qu’attend donc l’Europe pour prendre ses responsabilités ?
- La toile carcérale, Une histoire de l’enfermement en Palestine , Bayard, 2021.